Les adaptations de textes littéraires connaissent des bonheurs divers et variés. Véritable filon exploité sans vergogne par certains grands éditeurs qui n’hésitent pas pour l’occasion à se draper dans un pédagogisme bon teint.La prolifération des titres et des versions n’étant pas nécessairement gage de succès, ni de qualité, beaucoup de tentatives s’avèrent souvent vaines. Si la cible reste essentiellement pédagogique, parents, enseignants et jeune public ne suivent pas forcément d’où quelques échecs cuisants. Raison de plus pour soutenir et remarquer les tentatives originales et de bonne facture.
C’est particulièrement le cas avec ce nouvel ouvrage publié par l’éditeur Emmanuel Proust qui propose ces jours-ci avec la publication des lutins et du cordonnier (d’après les frères Grimm), un exemple réussi de mariage entre la magie d’un conte traditionnel et celle d’une narration séduisante.
Emrick et sa femme Frieda tiennent une petite boutique de cordonnerie au cœur d’une petite ville d’Europe centrale. Débordé de travail, le petit artisan ne compte pas son temps pour satisfaire les différents villageois. Un soir, fourbu, il n’a pas le courage de terminer son ouvrage remettant la fin au lendemain. Quelle n’est pas sa surprise de constater au matin que « quelqu’un » a terminé sa tâche pendant la nuit. Le phénomène se reproduisant chaque soir, le cordonnier et sa femme vont chercher à percer ce mystère.
Fort d’une mise en image de belle qualité due au talent de Pedro Rodriguez et d’un découpage pertinent, cet album modeste par la taille et la pagination séduira aussi bien les plus jeunes (le public principalement visé) que les aînés qui ne manqueront pas de succomber au charme soigné aux tons sépias et fleurant bon la nostalgie de ce petit album sans prétention mais fort séduisant.
Le scénario de Martin Powel (traduit par Benjamine des Courtils) reste fidèle au texte original sans être trop pesant, laissant suffisamment d’espace aux prouesses graphiques de Pedro Rodriguez.
Les amateurs pourront retrouver ces auteurs chez le même éditeur : Le Petit Chaperon rouge en Transylvanie (Dessins de Victor Rivas) et Macabre (Pedro Rodriguez) avec... le même plaisir ! À découvrir !
(par Patrice Gentilhomme)
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