Alors qu’une nouvelle version du dessin animé est diffusée à la télévision, Kazé propose une version manga, mais de production française, qui reprend la trame de la version des années 1980. Le tout effectué sous la supervision de Bernard Deyries, l’un des deux pères - avec Jean Chalopin - des Mysérieuses Cités d’Or.
Nous retrouvons donc Esteban, Tao et Zia, ainsi que Mendoza toujours flanqué de Pedro et Sancho, à la lutte avec le capitaine Gaspard et le señor Gomez. Ce premier volume présente la traversée jusqu’au nouveau continent, et l’exploration de l’île de Tao où nos héros récupèrent le fabuleux navire fonctionnant grâce à l’énergie du soleil.
Le style graphique et le découpage empruntent clairement les codes du manga. La narration organisée en chapitres d’une vingtaines de pages également. Néanmoins, le sens de lecture est occidental, de gauche à droite, signe de l’hybridité du projet. Le dessinateur, Thomas Bouveret, français, inscrit sa carrière dans une optique résolument manga : il est également le dessinateur d’Element R, un manga français édité chez Glénat.
L’édition est particulièrement soignée. Des pages couleur ouvrent et concluent le volume. Si les premières rappellent les pages couleurs que l’on trouve au début de certaines éditions - plus luxueuses - de manga, les secondes correspondent à des bonus qui miment les fameux micro reportages de trois minutes qui bouclaient chaque épisode de la série d’origine. Un réel plus qui donne un cachet certain à ce projet éditorial.
La nostalgie fonctionne à plein, et l’on éprouve un immense plaisir à redécouvrir ces personnages et leurs aventures en bande dessinée. L’aspect manga ne trahit pas vraiment l’esthétique de l’œuvre d’origine - rappelons que l’animation de la série avait été assuré par le studio Pierrot, japonais. Il faut surtout accepter le noir et blanc, qui conduit à perdre un des ressorts de l’exotisme et de l’émerveillement propres au dessin animé.
La différence tient peut-être davantage à une modernisation et une simplification du trait qu’à sa "mangaïsation". C’est certainement le reproche que l’on peut le plus clairement formuler : le dessin est parfois pauvre, les détails dans les décors et les arrière-plans donnant quelques fois le sentiment de faire défaut. Si la volonté de dynamiser la mise en page pour mettre en scène l’action apparaît souvent audacieuse et pertinente, elle se révèle aussi de temps en temps un peu confuse.
Néanmoins, malgré ces détails, on se laisse très facilement embarquer par l’histoire et ses héros, et l’on n’a qu’une hâte : suivre à nouveau cette quête des mystérieuses cités d’or. Pari osé certes, mais somme toute pari tenu et même remporté.
(par Aurélien Pigeat)
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