Autour du fleuve Pô, dans le nord de l’Italie, se croisent des populations multiples. On y trouve du travail, et donc pas mal de migrants. Des gens seuls aussi. Là vont se rencontrer Bruno, qui garde un péage près d’un pont, et Anton, émigré d’un pays de l’Est, qui gagne sa vie au black sur les chantiers. Quand Bruno va devoir décider s’il aide ou non Anton, blessé et endetté, il va se plonger dans ses traumatismes d’enfance.
Utilisant un dessin aux crayons de couleurs, Piero Macola signe un album balançant entre chronique intimiste et polar social. Une trame qui pourrait se dérouler n’importe où en Europe, conjuguant solitude et solidarité. Si les transitions du récit sont parfois un peu abruptes, la finesse des situations convainc, subtilement illustrée par le trait richement nuancé de Macola. L’auteur parvient à de superbes contrastes, notamment dans ses paysages, magnifiés par la nuit et parfois par de remarquables effets de brouillard.
Pour son premier album en français, Piero Macola dresse un constat amer et réaliste tout en téléscopant deux univers éloignés l’un de l’autre. À l’heure des débats européens sur l’immigration, Les Nuisibles met en parallèle des misères compatibles, sans pathos et sans forcer le trait. Et laisse une lumière timide éclairer ses personnages, réanimés par un élan de solidarité.
(par David TAUGIS)
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