Ce cinquième [1] tome du bataillon anglais du Long Range Desert Group (les fameux Scorpions du désert) débute lorsque le capitaine Koïnsky, le soldat Poule et le lieutenant français de La Motte sont recueillis par un marchand d’armes. Sa tête toujours mise à prix, le Polonais peine à obtenir en pays ennemi ses nouvelles et brèves directives : "rejoindre Awash". Il sera accompagné par quatre guerriers aguerris, mi-soldats opportunistes, mi-mercenaires. L’atmosphère devient lourde lorsque le chef de la caravane est retrouvé assassiné. Heureusement, Koïnsky retrouvera en Cush, leur guide, une aide bienvenue pour faire la part du blanc et du noir.
Après une première partie riche et inattendue dans la ligne du maître, la lassitude s’installe lorsque le huis clos débouche sur une intrigue convenue, enlisant le récit dans un carcan assez éloigné de l’univers des Scorpions. Pour la première fois, on ne profite d’aucun engin militaire (pas de char, d’avion ou de bateau), de peu d’uniforme ou d’ethnies africaines. C’est donc autour d’une intrigue assez éloignée de la guerre et sans grande inspiration qu’on suit ce nouvel épisode guère palpitant.
Le dessin est convaincant, l’attention est portée sur les visages, et les corps filiformes gardent leur dynamique lors des scènes d’action, même si certaines postures plus complexes marquent les limites du dessinateur. On regrette pourtant les lourds aplats noirs : très appuyés et omniprésents, ils alourdissent la lisibilité du dessin, donnant parfois un relief très comix à des personnages qui auraient profité d’un peu plus de nuances.
En relisant l’entièreté de la saga, on retrouve plus l’esprit d’Hugo Pratt dans la première reprise, due à Wazem : le trait est plus conforme à l’évolution chronologique, la rêverie et la succession de discussions et de cases muettes imprimaient un rythme dans la lignée des albums précédents. Toutes choses malheureusement absentes de ce cinquième opus.
Sans être donc une réussite digne de ce nom, on prend néanmoins plaisir à suivre cette nouvelle résurrection du célèbre corps africain, et on ne cracherait pas sur une prolongation pour autant qu’elle bénéficie d’un scénario moins hitchcockien.
(par Charles-Louis Detournay)
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[1] Les avis divergent concernant la numérotation de la série : les tomes 2 et 3 ont été regroupés dans un nouveau second tome par Casterman avant les tomes 3 et 4 ne parurent. Certains considèrent également que le one-shot Koïnsky raconte ... fait partie intégrante des Scorpions du Désert.
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