Quatre ans d’un journal en BD par tranches de 6 cases par page. Les saynètes de Gabrielle Bell ressemblent à d’autres, avec leur lot de réflexions intimes, doutes existentiels, questionnements humains, et pas mal d’échanges dans le milieu indé américain. Pourtant, la différence de l’auteure s’installe au fur et à mesure, après un début un peu poussif. C’est que malgré ses tendances dépressives et l’égocentrisme qui guette tout créateur, Bell affiche une belle curiosité pour son prochain. On le voit lors de ses voyages, notamment les épisodes croustillants en France (alors en couple avec le réalisateur Michel Gondry).
Au-delà de la régularité appliquée de ses planches, de ce dessin certes limité et de ses couleurs plutôt tranchées, le lecteur s’attache. Tout simplement. Car on finit par admirer cette jeune femme qui réussit à rester créative avec autant de vague à l’âme. Et que dire de ses immenses moments de solitude, renforcés par ce monde urbain étouffant dans lequel elle se perd,
Le recueil bénéficie en outre du texte plein de finesse de Gabrielle Bell, bien restitué par la traduction de Soizick Jaffre. Les Voyeurs permettra à beaucoup de découvrir une blogueuse peu éditée en France qui rejoint la grande famille des Joe Matt, Adrian Tomine, Seth et autres Chester Brown.
(par David TAUGIS)
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