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Les auteurs belges menacés ?

Par Patrick Albray le 19 décembre 2002                      Lien  
Cela a beau être un projet de loi basé sur une bonne intention, il n'en est pas moins complètement inadapté à la réalité du travail des auteurs de bande dessinée.

En voulant donner un statut clair aux artistes qui, en Belgique, ne bénéficient pas d’une protection sociale correcte, et en décidant de l’étendre à toutes les catégories de créateurs et d’auteurs - dans une méconnaissance totale de la réalité et, surtout, de la diversité de leur travail -, le gouvernement belge est en train de tenter de faire voter une loi dont les résultats seront catastrophiques.

Résumons la situation.

En Belgique, les auteurs de bande dessinée ont un statut d’indépendant. Normal : ils travaillent chez eux, achètent leur propre matériel, créent leur oeuvre sans recevoir d’ordre de personne et proposent leurs planches aux éditeurs de leur choix. Tout en payant eux-mêmes charges sociales et impôts.

Rien à voir avec un salarié qui travaille dans les locaux de son employeur, avec le matériel mis à sa disposition par celui-ci, en respectant ses instructions précises et en évitant de collaborer avec la concurrence.

On lira dans notre rubrique "actualités" un résumé de cette loi, qui assimilera tous les auteurs à des salariés, et ses conséquences financières dramatiques pour les auteurs belges qui, non seulement perdront une partie de leurs revenus, mais en plus, imposeront, de par le simple fait de leur nationalité, un surcoût important aux éditeurs qui publient leurs livres.

Vu les commentaires exacerbés dans les milieux artistiques, qu’elle est censée protéger, elle a visiblement été rédigée sans aucune concertation avec ceux-ci. Et, en tout cas, sans consultation des auteurs et des éditeurs qui la découvrent effarés et inquiets.

Ceux-ci commencent à se mobiliser. Parviendront-ils à faire comprendre aux initiateurs de cette loi que le terme "artiste" recouvre une variété énorme de réalités ? Et à faire en sorte qu’elle soit remaniée afin de répondre aux réels besoins des artistes de spectacle - dont la protection sociale est VRAIMENT calamiteuse - sans obliger en même temps tous les créateurs belges - et ils sont nombreux ! - à s’expatrier pour cause d’excès de fiscalité ?

(par Patrick Albray)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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6 Messages :
  • > Les auteurs belges menacés ?
    19 décembre 2002 23:53, par jeanlouis Boccar

    question générale :
    quid des auteurs qui travaillent sous le couvert d’une société ? je fais partie de ces auteurs. Je pense que ce doit etre une alternative a ce que je crois comprendre a cette future loi. Dans mon cas (et c’est le cas pour de plus en plus d’auteurs) je travaille pour mon sprl. C’est celle ci qui signe les contrats de BD et les DA sont aussi versés a ma boite. J’ai un statut de gerant de societe (je fais aussi de la pub et de la video prod) et ne suis pas taxé du statut d’artitsite qui a tjs ete flou en belgique.

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  • > Les auteurs belges menacés ?
    20 décembre 2002 07:38

    Il n’a rien d’excepionnel de voir ce genre de comportement en Belgique. Les gens qui réussissent y sont des parias. Que l’on soit artiste ou comme moi fabriquant de Site Internet c’est le même combat. Notre état socialo-écolo-réformateur ne vaut pas mieux que le précédent socialo-social chrétien. La pensée unique les habites et ils ont signé le pacte.
    Le pacte qui veut que plus rien ne puisse dépasser, alors vous pensez bien que les artistes en tout genre c’est un problème. Donc il faut les émasculés ou les faire quitter le pays.
    Vive la république des bords de Meuse. Il faut s’habituer, on y va tout droit.

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  • > Les auteurs belges menacés ?
    20 décembre 2002 22:47, par dpesch

    Il est un fait que les auteurs, les écrivains doivent continuer d’être payer sur leurs droits d’auteur. D’ailleurs comment (et surtout qui pourrait) leur attribuer un salaire ? Ce sont eux qui décident (ou plutôt leur inspiration) s’il vont écrire ou non, me semble-t-il. Et ce sont les lecteurs qui décident de la manière dont ils seront rétribués en achetant ou non leurs livres.
    Il n’est évidemment pas de même des artistes interprètes (comédiens, chanteurs, musiciens, danseurs, marionnettistes, artistes de cirque, etc ...) qui sont engagés par des employeurs (théâtres nationnaux, privés, productions de films, radio et télédifusion, associations culturelles, metteurs en scène, etc ... C’est là que doit intervenir la présomption de salariat, telle qu’elle existe en France depuis 1949 et qui sera défendue par toute une profession lorsque la commission européenne, dans son insatiable besoin de libéralisme, l’attaquera.
    Voilà,
    Daniel,
    Paris.

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  • > Les auteurs belges menacés ?
    22 décembre 2002 16:08, par Yingo

    Je me présente : je suis dessinateur de BD débutant (?) et suis des cours de BD à l’institut StLuc de Gand. Comme je fais un travail sur la situation de la BD en Flandre, en Belgique et ailleurs, et comment on pourrait améliorer cette situation sans perte de qualité (nous ne voulons pas non plus un monstre commercial sans diversité ni valeur artistique), le projet de loi dont on parle ici m’intéresse fortement.

    Est-ce que quelqu’un pourrait me dire où se trouveraient plus d’infos sur ce sujet.

    merci d’avance ! :)

    Voir en ligne : L’article en question sur BDnet

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  • > Les auteurs belges menacés ?
    18 janvier 2003 08:28, par xian

    Il n’a rien d’exceptionnel de voir ce genre de comportement en Belgique, répond un ami de la Bd sur ce site.
    C’est hélas très vrai. Je n’irai pas jusqu’à dire comme cette personne que lLes gens qui réussissent y sont des parias, mais il est indiscutable que l politique « rouge » qui nous domine essentiellement depuis longtemps est toujours à côté de ses pompes (Henri Spaak, 1937 : Soldats cassez vos fusils était sans doute le pendant à Giraudoux, la guerre de Troyes n’aura pas lieu.)
    En réalité, dans notre pays de tartines patriotiques moisies, l’humain a été remplacé par la machine à sous ( à dollars ?) et l’irréversibilité de la chose est d’autant plus vraie que personne ici ne veut mourir pour Dantzig.
    Il y a une trentaine d’année, j’avais déjà réagi, avec quelques camarades, comme le mot est merveilleux ! à la fermeture du cercle « La Gaité » de Michel Elbaz pour les mêmes sempiternelles raisons : en Belgique il est inconcevable à l’autorité publique de croire que l’on peut vivre très bien sans elle. Comment tous ces gens qui nous gouvernent pourraient-ils effectivement penser ne fut-ce qu’un instant qu’il y a moyen de vivre sans piller les caisses de l’état, sans subsides asservissants.
    Foin de politique, que Tintin devienne Grec ou Patagon, à l’heure universelle, faut-il se mettre en colère pour les manigances de quelques dizaines de personnes qui seront balayées par le vent.
    Xian.

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