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Les aventures de Philip et Francis - Menaces sur l’empire - par Veys & Barral - Dargaud

Par Laurent Boileau le 27 avril 2005                      Lien  
Blake et Mortimer sont de retour ! Les puristes de Jacobs crieront sans doute au scandale, les autres se régaleront avec cette parodie qui innove (enfin) dans un univers devenu figé en l'absence de son auteur.

By Jove ! rien ne va plus chez de l’autre côté du Channel. Voyez plutôt : Les femmes anglaises sont devenues folles. Elles remettent en cause l’autorité masculine ! Elles refusent de servir le thé à cinq heures, dégrafent leur soutien-gorge en public et ne servent plus les toasts à la bonne température. Heavens ! L’heure est grave, la civilisation britannique est en danger ! Heureusement, Philip et Francis sont là et vont, une fois de plus, sauver l’humanité, au péril de leur vie de papier.

S’attaquer à deux monstres sacrés de la BD n’est sans doute pas chose aisée. Il a fallu convaincre l’éditeur mais aussi les ayants-droit, garants du temple jacobsien. Mais la véritable réussite est bien l’album lui-même.
Menaces sur l’empire n’est rien d’autre qu’un hommage pétri d’humour à l’œuvre de Jacobs. Les deux gredins coupables de ce détournement n’en sont pas à leur premier méfait. Pierre Veys (le scénariste) et Nicolas Barral (le dessinateur) sont déjà connus pour leur série Baker Street, parodie (déjà) désopilante de l’univers de Conan Doyle.

Les deux auteurs réussissent, à notre sens, le difficile pari de l’innovation dans la continuité : Face à une série aux codes si fortement établis, à un univers si défini, il est difficile d’apporter réellement du sang neuf. Les différentes reprises (réussies) de Blake et Mortimer l’ont démontré. Dans Menaces sur l’empire, les auteurs s’amusent à respecter ces codes... pour mieux les détourner ! Veys et Barral ont creusé la psychologie des personnages d’Edgar P. Jacobs pour les révéler sous un jour nouveau : Blake est assez déjanté et porté sur la gente féminine ; Mortimer est plutôt exubérant, et Olrik est affligeant de bêtise et entouré d’incapables... bref une galerie de portraits décalés par rapport aux originaux.

Les spécialistes de Blake et Mortimer rigoleront (ou s’offusqueront) des quelques scènes célèbres parodiées (voir notamment pages 28 et 29). Et ceux que l’univers de Jacobs rend allergiques se réconcilieront peut être avec les personnages de Philip et Francis.

Alors, bien sûr, certaines blagues sont potaches, quelques allusions sont un peu faciles, le sourire vient plus souvent que le rire... Mais ne boudons pas notre plaisir, et goûtons avec curiosité un humour décapant mais totalement respectueux.

(par Laurent Boileau)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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