Il faut voir dans le parcours militant de Léo les racines de ses fictions.
Durant toute la décennie 1970, le futur créateur des Mondes d’Aldébaran est un activiste révolutionnaire qui fait face à la dictature qui musèle le Brésil. Il doit même quitter son pays natal pour se réfugier au Chili, alors dirigé par Salvador Allende. Il y demeure jusqu’au coup d’état d’Augusto Pinochet, et fuit vers l’Argentine. Deux ans plus tard, l’arrivée au pouvoir des militaires le contraint à retourner au Brésil. Son existence est marquée à jamais par ses combats d’opinion.
Au début des années 1980, Léo pose ses bagages à Paris. L’objectif est de marcher dans les pas de Jean Giraud / Moebius, dont l’aura a traversé les océans. À force de ténacité, Léo gagne sa place dans des revues : L’Écho des Savanes, puis Pilote.
Au milieu de la décennie, Jean-Claude Forest l’engage pour rejoindre la revue Okapi. Il rencontre le scénariste Rodolphe et réalise sa première série au long cours : Trent.
Mais c’est au cour de la décennie suivante, la cinquantaine entamée, qu’il aborde son grand œuvre : « Les Mondes d’Aldébaran » (Ed. Dargaud), une véritable saga de science-fiction aux multiples ramifications.
La recette du succès tient à plusieurs éléments. Le principal est sans aucun doute l’incroyable bestiaire (la faune, mais aussi la flore) imaginé au fil des albums par le dessinateur brésilien : Créatures célestes, monstres inquiétants, hybridation entre les espèces..., Léo offre un éventail de bêtes imaginaires à faire pâlir les studios hollywoodiens. Le public accroche, Aldébaran devient un best-seller. Léo a trouvé sa voie et développe son univers avec une régularité à toute épreuve (minimum un album par an).
Depuis plus de quinze ans, la série s’étoffe de nouveaux épisodes, de nouvelles planètes, de nouveaux personnages qui rendent ce feuilleton galactique extrêmement addictif.
On retrouve des thématiques de prédilections, héritées sans doute des années militantes de l’auteur : le pacifisme, une méfiance naturelle envers les organisations religieuses et militaires, l’humanisme. Du point de vue narratif, on peut certes reprocher à Léo quelques tics d’écriture (les coups de foudre entre les personnages sont souvent binaires et on a droit à une scène de nu aux alentours de la page 30 de chaque album), mais son imaginaire graphique contrebalance ces faiblesses scénaristiques.
Léo s’implique également dans des séries fantastiques comme scénariste (le récent Mermaid Project avec Fred Simon et Corine Jamar ou Terres Lointaines, dessiné par Icar), mais l’absence de son trait caractéristique rend ces séries bien moins fascinantes.
(par Morgan Di Salvia)
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A propos de Léo, sur ActuaBD :
> « La science-fiction est mon terrain de prédilection » (entretien en décembre 2011)
> « Antarès n’est qu’une projection réaliste du réchauffement climatique » (entretien en avril 2009)
> Les Survivants T1
> Terres Lointaines (avec Icar) T2, T1
> Bételgeuse T5
> Namibia (avec Rodolphe) T2 et T1
> Kenya (avec Rodolphe) T4
> Trent (avec Rodolphe) Intégrale 1/3