Le nouvel opus de Domas, Le Syndrome du petit pois, raconte une fois de plus ses aléas familiaux et professionnels. L’épais volume en noir et blanc, et ses touches de couleurs homéopathiques, aborde cependant un thème plus lourd, la maladie de sa mère.
Touchée par le syndrome de Benson, proche de la maladie d’Alzheimer, elle perd la mémoire et devient totalement dépendante. Les conséquences de cette pénible déchéance touchent l’ensemble de son entourage : enfants et compagnon. Chacun lutte comme il peut, mais pour Domas -alias Max dans l’album- l’angoisse s’accroit : comment livrer ses planches à temps et accompagner sa mère dans cette souffrance quotidienne ? Comment sauvegarder son espace familial, avec une femme et deux jeunes enfants ? Mais aussi : est-ce héréditaire ?
Devant ce deuil qui s’annonce douloureusement, Domas comme à son habitude alterne scènes vécues et échappées oniriques : en particulier des joutes élégantes avec une lune qui s’offre et se dérobe. Son style à l’élégance sobre, aux décors suggérés, permet une constante fluidité de lecture.
À l’occasion de ce nouvel album, clairement présenté comme un journal, avec ses chapitres aux titres datés, l’éditeur propose la réédition des trois premiers récits de Domas, regroupés en un seul épais volume : Litost, 3 minutes et Souvenirs de moments uniques. Une initiative cohérente, et des planches qui montrent Domas/Max plus jeune, davantage dans l’interrogation et la découverte. Litost propose des scènes autobiographiques souvent habillées d’une grande fantaisie graphique ; 3 minutes évoque la rencontre avec Coquillage (!) la femme de sa vie, avec tout le romantisme pudique qui va avec ; enfin Souvenirs de moments uniques se concentre sur des épisodes, parfois très brefs, qui marquent une vie.
Au contraire de diaristes illustrateurs plus connus, volontiers cramponnés à une ironie constante et l’autodérision obligatoire qui l’accompagne, Domas parle peu de son travail dans le 9e art et ne s’abrite pas derrière un humour fédérateur. Ce choix de la sensibilité lui permet sans aucun doute d’ouvrir davantage ses travaux à un public large, notamment féminin. Et derrière une simplicité de façade, notamment dans son dessin peu détaillé, on perçoit une très grande ambition : veiller à maintenir sa vie en équilibre en restant toujours ouvert aux autres.
(par David TAUGIS)
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