Il était une fois un couple de fées, le duc Claymore Grimm et la duchesse Titania, et leur petite fille, Wika. Alors que le prince Obéron, ancien amant de Titania aux pouvoirs redoutables, prend d’assaut le château Grimm, la petite Wika, après avoir eu les ailes sectionnées pour dissimuler sa nature, est confiée à un couple de fermiers chez qui elle grandit à l’abri de tous.
Treize ans plus tard, Wika, émancipée, se rend dans la capitale contrôlée par Obéron. Elle y rencontre le jeune Bran, voleur talentueux qui, entre larcins et arnaques, lui dévoile les secrets de la cité. Mais petit à petit, les pouvoirs de Wika semblent se développer, révélant sa nature de fée, et éveillent l’intérêt du prince tyrannique, celui-là même qui voulut sa perte des années auparavant…
« Avec l’underground sombre, comme Requiem, j’avais l’impression d’être allé au bout de ce que je pouvais faire et exprimer », explique Olivier Ledroit, le co-créateur des mythiques Chroniques de la Lune noire.
C’est aussi et surtout pour sa fille née en 2001 que cet illustrateur réputé désirait changer d’orientation. Parti d’un livre illustré avec son compère Pat Mills autour des fées noires, Ledroit a donc développé le projet de Wika, avant de contacter Thomas Day afin de l’aider à lui donner plus de corps.
Si le romancier réalise ici son premier scénario pour la bande dessinée, il connaît en réalité Olivier Ledroit depuis vingt ans pour l’avoir dirigé sur des couvertures en tant que directeur de collection chez Denoël.
Le mélange des genres sur Wika aurait pu aboutir à un ratage complet, foutraque d’ego et d’effets graphiques ratés. C’est heureusement tout le contraire ! Utilisant la trame de contes connus, les auteurs parviennent à réussir l’incroyable pari de moderniser le combat sourd et ancestral entre magie et modernité. Chaque séquence apporte une pierre à cette building story qui construit le parcours de d’une jeune fée à la genèse tragique, mais dont les pouvoirs vont bouleverser son monde.
Outre l’inventivité autour des personnages, la touche steampunkde l’ensemble est savamment dosée. Les lecteurs attentifs apprécient surtout le travail d’enluminure d’Olivier Ledroit : ses planches font ressortir des dorures, des pièces d’horlogerie, des effets de laiton et de dentelles, une splendeur ! À l’aune de ce récit, l’alchimie des matières se déploie avec la même munificence que les sortilèges des protagonistes.
Trois autres récits de ce nouveau duo nous attendent à la suite de ces premières aventures de Wika. Mais ce premier album se dévore comme un one-shot ; Glénat s’est d’ailleurs savamment abstenu d’apposer un quelconque "1" sur la couverture ou le dos de l’album, histoire de laisser la magie opérer ses charmes auprès du lecteur, afin que lui-même en redemande...
(par Charles-Louis Detournay)
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Wika et la fureur d’Obéron - Par Olivier Ledroit & Thomas Day - Glénat
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Lire notre précédente interview d’Olivier Ledroit : « Même quand il ne passe rien dans "Requiem", le lecteur a l’impression que c’est violent. »
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