Cela avait commencé avec une collection dédiée aux chevaliers du ciel, Cockpit, dont les ventes tirées par deux excellentes séries, Le Dernier envol de Régis Hautière & Romain Hugault et Le Grand Duc, scénarisé par Yann pour le même dessinateur (prix ActuaBD-Conseil Général des Jeunes de la Charente 2009), totalisent à ce jour un score de 450.000 albums et 20 albums au premier juin 2011. La série a incontestablement renouvelé le genre de la BD d’aviation jusqu’ici tenu par des vieux briscards comme Buck Danny, Dan Cooper ou Tanguy & Laverdure.
Dans la foulée, Pierre Paquet lança la collection Calandre qui opère un tir groupé ces jours-ci avec la publication simultanée d’un album de Mauro Caldi de Denis Lapière & Michel Constant (une série créée naguère aux Humanoïdes Associés), une enquête auto de Margot de Olivier Marin & Callixte et un nouvel épisode des aventures de Jacques Gipar de Thierry Dubois & Jean-Luc Delvaux.
Trois séries solides dont les dessinateurs sont aguerris et qui réussissent à restituer la ligne des designers qui habillaient les voitures à l’époque des trente glorieuses avant que la préoccupation de la protection de l’environnement et les soucis d’économie ne deviennent les premiers arguments de vente des automobiles.
Ces trois séries s’inscrivent dans la trace de l’école franco-belge classique de la BD, grande pourvoyeuse de cylindrées mythiques. Mauro Caldi et Jacques Gipar paient leur tribut à l’influence ineffaçable de Maurice Tillieux, tandis que, fait extraordinaire, Margot s’affiche plutôt dans la tradition du dessinateur de Fripounet & Marisette et des publications des éditions Fleurus, R. Bonnet. On ne s’en plaindra pas !
C’est incontestablement la nostalgie qui conduit ces aventures au décor précis et aux automobiles dessinées en détail : Deux chevaux Citroën, Fiat 500 et Tractions-avant sont les vedettes de ces albums ou l’on passe en vrombissant de garages en paddocks. Fortes de quatre titres seulement, les ventes affichent déjà 48.000 exemplaires. Un bon démarrage ! L’éditeur suisse lance même une opération commerciale ce mois-ci avec, pour l’achat de deux albums, une plaque minéralogique émaillée en prime.
Un positionnement clair et une démarche cohérente qui repose sur la nostalgie, un créneau comme un autre clairement dirigé vers une catégorie de lecteurs dont la culture de la bande dessinée classique est très forte.
Une troisième série, Carénage, vient de rejoindre les deux premières. Elle s’intéresse à la moto, dans un créneau que l’on sait porteur et dont Joe Bar Team tient la pôle-position. Le cap de 10.000 albums est déjà atteint.
Moi qui n’ait pas le permis de conduire, je me souviens du bon mot de René Goscinny dans la préface du Spécial 20e anniversaire de Michel Vaillant en hommage à Jean Graton : « La raison pour laquelle les moteurs à explosion n’explosent pas, restera à tout jamais un mystère insondable pour moi. »
J’avoue être séduit par ces albums dont les designs, les graphismes et les logos me rappellent des souvenirs d’enfance, alors que ma mère étrennait sa première deux-chevaux, une casserole inconfortable et dangereuse qui ne comportait alors pas de ceinture de sécurité.
Dans ce temps-là, pour attirer le chaland, les pétroliers offraient à leurs clients des albums de bande dessinée et arboraient, à l’exemple de Esso, des personnages qui savaient parler à l’enfance. Toute une époque !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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