L’édition participative nous vient des États-Unis. L’idée ? Profiter de la formidable opportunité du web pour solliciter des investisseurs sur un projet de livre.
Premier avantage : il se crée une communauté autour du livre qui a envie de le défendre, de le diffuser autour d’elle et qui reste en phase avec le créateur par l’intermédiaire d’une plateforme dédiée ; deuxième avantage : elle permet la publication d’œuvres sans passer par le filtre des coteries ou du copinage, le contact étant direct avec le financeur-lecteur (désigné sous le néologisme d’édinaute) qui peut voir l’avancement des travaux au fur et à mesure, encourager son auteur, le conseiller au besoin, bref faire un travail d’édition parfois bien manquant chez bon nombre d’éditeurs qui n’ont plus que les formules toutes faites en tête.
Patrick Pinchart (par ailleurs le fondateur d’ActuaBD.com dont il a laissé la gestion à l’équipe actuelle) a été le pionnier de ce genre de site dans le monde francophone en pilotant Sandawe.
Après des débuts laborieux (Pinchart a fait une chute d’escalade qui a failli le laisser paralysé à vie), le site a fini par prendre sa place au point d’inquiéter les grands éditeurs. Ainsi, My Major Company, le leader de l’édition participative musicale, s’était-elle alliée avec Media-Participations, le propriétaire de Dargaud - Dupuis - Le Lombard pour lancer un label concurrent quelques mois plus tard, avec un succès moins évident cependant.
Avec plus de 4700 membres, 872 auteurs et 28 projets financés, Sandawe a passé il y a quelques jours le cap des 500.000 euros investis dans des projets aux contours éclectiques qui soulignent le caractère multiforme de la consommation de la bande dessinée aujourd’hui.
Fort de cette première réussite, Sandawe pousse les feux. Après une recapitalisation réussie, le site participatif belge a fait peau neuve en novembre dernier et annonce l’arrivée de "grands noms" et l’ouverture de son catalogue à l’érotisme.
C’est le 15 décembre à 21h 54mn que l’événement a eu lieu. Un internaute portant le pseudonyme de Younael a investi 70 € dans l’album "Yo-Yo Post-Mortem" par Le Coz (un projet financé à 70% : près de 21.000 euros sur un total de 35.000 euros, investis par 171 internautes) faisant passer le cap des 500.000 euros investis.
L’autre point positif pour Sandawe, c’est que les auteurs commencent à lui être fidèles. On aurait pu imaginer qu’il y avait là pour eux un pis-aller pour une carrière en panne ou en mal de démarrage. Or, non seulement, ils sont plusieurs à revenir, mais certains d’entre eux re-signent pour un troisième album. Une belle récompense pour les édinautes car, quoi qu’on en dise, l’effet de série et de capitalisation autour d’un auteur est important dans le domaine de l’édition.
Diffusé par La Diff en France (Dilibel en Belgique) et distribué par Hachette, Sandawe l’est également dans le secteur numérique grâce à Ave Comics et BD Buzz.
Parmi les nouveautés remarquables, il y a l’arrivée du dessinateur Renaud (Jessica Blandy, Vénus H., etc.) et du scénariste Gihef (Skipper, Liverfool, dessinateur pour Haute sécurité, Enchaînés etc.) qui proposent un récit se passant à Bruxelles sous l’Occupation : "D’Encre et de Sang".
Autre nouveauté 2013 : Dryade par Laduchesse, une BD de SF érotique signée par une jeune auteure canadienne.
Ce sont deux des 28 projets en cours sur le site Sandawe. Une initiative qui ouvre une nouvelle voie pour la publication de bandes dessinées en France.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion