Les épines du Christ - Par Arnaud Floc’h - Carabas

Quand Amiel, va à l’aéroport et voit Mathilde, belle blonde à la peau blanche, sortir de l’avion tenant sa mallette médicale d’ophtalmologiste à la main, tous ses souvenirs douloureux lui remontent à la surface. Il ne peut s’empêcher de repartir loin dans son passé et de sentir la haine le submerger.

Que va-t-il faire ? Animé par l’esprit de vengeance, il va chercher tenter de nuire à cette jeune femme. Elle symbolise les colons, tout comme Clément, jeune amoureux fougueux en recherche de repère, autre personnage du récit faisant son apparition dans un second temps.
Clément qui, malgré leur décision, vient retrouver Mathilde dans le village de N’gaoundéré et se jette dans ses bras. Bien mal lui en prend ! Il sera la cible d’Amiel.

Entre amour et haine, l’intrigue se construit. Le fil conducteur prend la force d’un débat politique, puis s’installe dans un climat où les hommes deviennent criminels, volontaires pour certains, par erreur pour d’autres.C’est dans ce chaos qu’Amiel vient à la rescousse de Clément. Le noir sauve le blanc sur sa terre décolonisée depuis peu de temps et sur laquelle des milliers de morts signent de leur sang cette liberté identitaire. Le noir sauve le blanc ? Et s’il ne faisait que le maintenir en vie, à sa portée, dans l’idée de se venger ?

Dans ce récit, Arnaud Floc’h soulève un problème majeur que subissent des milliers de Camerounais, pays qu’il connaît bien pour y avoir vécu jusqu’à ses seize ans : La difficile gestion d’un pays sortant de la colonisation. Arnaud est un auteur, n’ayant peur ni des mots, ni des images. Il met en scène des couleurs magnifiques, des rouges et des ocres, couleurs d’une terre en souffrance mais aussi d’un terreau fertile pour une végétation luxuriante. La peinture de Floc’h est vivante et riche. Il avait déjà laissé parler ses palettes et ses traits épais appliqués avec soin lors de l’écriture de Xavier. Il continue d’établir une relation entre ses thèmes et son style, particulièrement adapté pour décrire une Afrique foisonnante de pigments, de sagesse, de croyances.

Il n’a pas oublié son poisson rouge hors du bocal, un animal résistant qui revient d’album en album nous apprendre l’essentiel de l’existence : Où se situe la place que nous prenons, celle dont nous avons besoin ?

Un album dont nous aurons le plaisir de retrouver la chaleur des dessins de Arnaud Floc’h dans un second tome pour le dénouement.