Les temps sont durs pour Mme de Beaufleur, et pas seulement au niveau du bas ventre de ses soupirants. Accusée d’avoir empoisonné son noble de mari, elle doit fuir pour se placer sous la protection d’un lord qui a perdu toute puissance virile. Entre temps, la belle dame ne se prive pas pour s’épanouir sous les coups de boutoir des gardes, mousquetaires, et autres valets qu’elle trouve sur sa route, avant de découvrir les plaisirs lesbiens dans un couvent.
On a vu pire dans le genre sexe au XVIème siècle. La BD porno a régulièrement produit dans ce contexte historique, et l’auteur, Venturi, a lui même déjà signé L’amour à la hussarde, se déroulant peu ou prou à la même époque. Les infortunes de Mme de Beaufleur date en fait des années 90, et n’avait jamais paru en album avant cette édition dans la collection Erotix.
Comparé aux albums du même genre, l’opus de Giovanni Venturi, en disciple talentueux de Magnus, profite de deux atouts majeurs : ses décors et costumes, qui forcent l’admiration. Et il ne ménage pas ses efforts pour apporter un minimum d’élégance à ses dialogues [1]. Les scènes hard s’avèrent plutôt répétitives dans la première partie de l’album, avec le chevalier qui se sert toujours à merveille de son fier instrument (je parle de l’épée bien sûr). Le dernier refuge de Lady Beaufleur, aux côtés d’une troublante none bien peu farouche, apporte un certain renouveau. Sans oublier des flashbacks dans la jeunesse de l’héroïne plus que croustillants.
Voilà assurément un ouvrage qui pourra figurer dans une Bédéthèque au milieu des classiques sans se faire remarquer, avant qu’un feuilletage minutieux révèle aux curieux des capacités d’élévation insoupçonnées.
(par Guido BACRI)
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