De retour d’une longue résidence sur le voilier Knut de l’association MaréeMotrice, MarieMo s’est mise à l’œuvre sur un album de bande dessinée afin de transcrire ses impressions et de traduire ce que les mots ne peuvent pas révéler : la beauté de la nature sauvage.
Composé de petits sketches au trait fin, illustrés à l’encre de Chine, et de scénettes élaborées dans le calme de son atelier, nous sommes aisément transportés dans “l’univers” du Knut et de son équipage, grouillant de petites anecdotes de voyage touchantes, comme lorsqu’un drone de l’équipe se perd dans les glaciers et l’autrice imagine les possibles scénarios de sa vie entre les mouettes et les phoques.
Dotée d’un don pour l’empathie visuelle, MarieMo nous partage ainsi la tendresse de son regard envers les mouettes et les grandes baleines qu’ils croisent au quotidien (ou du moins, quand ils pensent les croiser au milieu de la brume arctique). Elle fait de son expérience une sorte de récit d’aventures, traversant un monde peuplé de créatures que l’on suppose dotées d’intelligence par moment.
Alliant ses souvenirs et son imaginaire marin, les petites surprises des mers et les péripéties du voyage gagnent en intensité, mais aussi en dramatisme. Surtout au moment de nous dévoiler les aléas d’un continent en proie au réchauffement climatique et la disparition des espèces, dont certaines ne sont reléguées qu’au domaine de l’imaginaire et des symboles locaux.
Ou encore, lorsqu’elle nous décrit la vie sous-marine comme un univers bouillonnant de biodiversité, tout en cohabitant avec des sacs en plastiques, que l’on pourrait confondre avec des méduses dans une première lecture.
Dialogue entre l’océan, la glace, la faune et l’artiste, Les mains glacées nous révèlent un monde sauvage unique, tout en dressant un portrait réaliste du Groenland (loin des images d’Épinal peuplées d’inuits dans leurs igloos), comme une société moderne, adaptée à l’un des climats les plus extrêmes de la planète et aux changements qu’il subit.
Par dessus tout, nous retenons la découverte des dons de narratrice et de dessinatrice de la jeune MarieMo, une autrice qu’il faudra certainement tenir à l’œil dans les années qui suivent.
Voir en ligne : LA BD S‘ENGAGE POUR L’ENVIRONNEMENT !
(par Jorge Sanchez)
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Les mains glacées - Par MarieMo. Éditions Antipodes. 88 pages - 24 €.
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