Marvel, c’est 5000 personnages développés depuis 1939 lorsqu’un éditeur de pulps, Martin Goodman, lance sous le label Timely Publications, le premier fascicule de Marvel Comics et deux super-héros appelés à une belle carrière : Human Torch et Sub-Mariner. Rebaptisant sa société Atlas , puis Marvel, Goodman engage en 1939, un assistant du nom de Stanley Lieber qui devint véritablement l’âme de la « Maison des idées » sous le pseudonyme de Stan Lee. Goodman s’attache très vite un dessinateur de génie, Jacob Kurtzberg alias Jack Kirby, qui lance en mars 1941 Captain America, le premier blockbuster de la compagnie.
Mais c’est à partir de 1962 qu’apparaissent les créations majeures qui changeront la face du comic-book : Spider-Man (1962) et X-Men (1963).
Le temps des financiers
En 1986, le société entre dans un cycle financier un peu hasardeux : Vendue à New World Entertainment, elle est bientôt rachetée par McAndrews & Forbes, propriété du magnat des finances Ron Perelman.
En 1991, la société est cotée en bourse. Mais un conflit entre actionnaires, un manque vital de stratégie et des maladresses cumulées du management provoquent le départ des best-sellers de la maison (Todd McFarlane, Jim Lee, Erik Larsen, Rob Liefeld, Marc Silvestri, Whilce Portacio et Jim Valentino s’en vont fonder leur propre label, Image, en 1992).
En décembre 1996, Marvel dépose le bilan et se met sous la protection de l’article Chapter 11, l’équivalent de notre Redressement judiciaire.
Un autre magnat des finances, Carl Icahn, en prend le contrôle avec Bonholders et sort Marvel de la faillite à partir de 1996. C’est le début d’un retour au succès qui est marqué par la sortie en salle des films X-Men (2000) et Spider-Man (2002), avec la réussite que l’on connaît.
Un rapprochement logique
Le fait que Disney s’intéresse à Marvel est finalement assez logique. Cet univers a fait la preuve de sa longévité sur le grand comme le petit écran. Les adaptations du catalogue Marvel se multiplient, additionnant les succès aux succès. Par ailleurs, Disney ayant acquis Pixar, dispose de la meilleure machine à produire du dessin animé en ce moment. Mais son catalogue a surtout été développé en direction des enfants, un secteur où Disney est un incontestable leader. L’acquisition de Marvel correspond à une politique de chaînage du catalogue, élargissant son audience aux adolescents et aux jeunes adultes.
Il est bon aussi qu’un label d’édition soit adossé à un groupe aussi puissant et aussi bien diversifié que Disney. Le parallèle peut être fait avec DC Comics, adossé au puissant groupe Time Warner. Au fond, la rivalité quasi séculaire entre DC et Marvel se trouve ici reconduite entre Disney et Warner.
Une bonne nouvelle
C’est bonne chose pour les créateurs de bande dessinée, car elle concrétise la valorisation du 9ème art comme une source incontournable d’idées d’adaptations. Entre Tintin et Spider-Man, Batman et Lucky Luke, Watchmen et Persepolis, son succès ne se dément pas, en dépit de quelques ratés. Actuellement, entre 5 et 10% livres adaptés au cinéma sont issus de bandes dessinées.
Le mot de la fin, je le laisse à mon ami l’historien anglais des comics Paul Gravett qui s’interroge de savoir si « The House of Ideas » n’est pas devenue « The Mouse of Ideas ». Les créateurs de comics n’ont d’ailleurs pas tardé à réagir, comme en témoignent nos amis de Super-Punch dont nous reproduisons quelques dessins ici..
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Le médaillon et toutes les illustrations de cet articles sont issus de Super-Punch.blogspot.com.
Participez à la discussion