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Les petites femmes de Crisse

Par Charles-Louis Detournay le 11 décembre 2010                      Lien  
Rien de nouveau sous le Soleil, Crisse se sent toujours plus inspiré quand il fait évoluer la gent féminine ! Trois ans après la fin du cycle précédent, c'est donc le grand retour de Luuna, mais aussi l'arrivée de Thalulaa et la sortie d'un nouvel artbook...

Il y a deux ans, Didier Crisse s’était longuement ouvert à nous, et nous expliquait son attirance pour les héroïnes de papier :

"Passé Nahomi, mon canevas personnel est une jeune femme de 20-30 ans, qui a des blessures de jeunesse, souvent liées à sa famille, même si ce n’est pas toujours explicitement dit, et dont elle tire bien entendu sa force et sa faiblesse. Pourtant, je suis un garçon qui a vécu une jeunesse tout-à-fait normale, mais je crois que je dessine la femme que j’aurais aimé être. Comme les lecteurs, l’auteur a besoin de s’identifier à son personnage, et on dirait que je me sens mieux dans la tête d’une jeune femme de 20-30 ans.[...]"

Les petites femmes de Crisse
Une ambiance plus sombre dans le nouveau tome de Luuna...
© Crisse - Keramidas - Soleil

Luuna fait son retour en Europe et au XVIIe siècle !

Voilà trois ans que le premier cycle de Luuna s’était achevé : alors que la petite indienne, princesse des dieux, avait affrontée sa part sombre, elle s’y était finalement définitivement abandonnée pour venger le massacre de son village. Depuis lors, pas de nouvelle de son errance. Pendant que Nicolas Keramidas réalisait un Donjon Monsters et s’attaquait à Tykko des sables, d’autres auteurs rendirent hommage au personnages de Luuna en réalisant deux albums de courts récits. Un très bel artbook fut également publié.

À l’occasion de cette nouveauté, Soleil ressort une nouvelle intégrale des cinq premiers tomes, avec bien entendu un cahier de croquis inédits.

Crisse trompa notre attente en dévoilant la construction du second cycle : « Par la suite, deux albums de Luuna sont à venir qui clôtureront, scénaristiquement parlant, ce que nous avions entamé, et qui permettront à Nicolas (Keramidas) de diriger la série comme il l’entend. Ce diptyque comprendra de très belles surprises car Keramidas est ravi de la tournure que cela va prendre. »

Cette suite est sortie il y a peu sous la forme de ce 6e tome qui prend place … en Europe ! Ce n’est d’ailleurs pas la seule surprise dont nous parlait Crisse, car si nous pouvions situer le périple de Luuna vers les Xe ou XIe siècles, et alors que nous n’avions rencontré que des civilisations précolombiennes, ce nouveau cycle débute en Norvège, en 1620 ! Ce tournant radical est d’ailleurs souligné par la personnalité de notre héroïne : finis les accès de sensibilité ou le choix douloureux entre ces deux facettes ! Totalement abandonnée à sa part sombre, elle règne sans partage sur un royaume de terreur.

Si Luuna est bien présente, l’intérêt se porte également sur les personnages secondaires !
© Crisse - Keramias - Soleil

Ce nouveau cycle risque donc de déstabiliser les amateurs du premier. Luuna se révèle plus froide que fatale, mais heureusement, les Pipintus, Shanook et Kauyumari veillent sur elle à travers la rivière du temps. Avant sans doute d’assister à sa rédemption dans le septième tome, on profite d’un beau focus sur des personnages secondaires, chasseurs de démons, ce qui permet à Crisse d’aborder un registre légèrement plus sombre que dans ces derniers albums.

Ponctués de quelques clins d’œil, ce sixième tome désarçonne donc quelques peu, mais s’avère finalement un bon cru. On retrouve des ambiances plus proches de Perdita Queen ou Private Ghost, une autre facette que Crisse aime explorer : « ce sont [ces] récits que je préfère raconter, mais paradoxalement, ce sont ceux qui se vendent le moins ! Mon public est plus friand d’univers mignons avec de petites bêtes et des jolies filles. Sans doute plus propices aux rêves ! »

Thalulaa, la princesse polynésienne

Crisse replonge donc dans le moule que le lecteur apprécie, et pour lequel il a imprimé durablement sa marque de fabrique dans le monde de la bande dessinée ! Une jolie jeune fille dans une civilisation plus exotique et si possible un cadre aussi enchanteur que dépaysant (dans ce cas-ci, la Polynésie ), un petit peu de magie, des créatures mignonnes et fantastiques, le tout dans un récit aussi intrigant que rafraîchissant.

Sur la plage de cette île paradisiaque vient effectivement s’échouer un homme blond, au corps couvert de tatouages mystérieux. Amnésique, l’inconnu va attiser la curiosité de Thalulaa, ainsi que de sa sœur, héritière du don particulier de faire s’animer les tikis, totems de bois de polynésiens. Ensemble, ils vont tenter de découvrir d’où il provient, afin de sauver leur village de la destruction.

Thalulaa, dans le paradis des îles polynésiennes
© Crisse - Serrière - Soleil

Jouant avec les paradoxes temporels et dévoilant un part du mystérieux peuple de Mù, Crisse nous livre un récit réussi, que l’on lit avec autant de plaisir que d’intérêt. Le trait de la jeune Odd Serrière sert habilement le récit. Il nous tarde qu’elle prenne donc confiance en elle, afin de donner un peu plus de rondeur à l’ensemble, pour que Thalulaa puisse monter rapidement en puissance.

Artbook, Atalante et les autres…

Si Crisse nous revient donc avec ses scénarios, ses autres projets avec Fred Besson, son coloriste de talent, ne semblent pourtant pas beaucoup plus avancés. Pas encore de concrétisation sur la suite télévisée d’Ishanti, mais tout cela semble se décider doucement.

Crisse & Fred Besson sortent justement un petit artbook intitulé Character designers et dans lequel ils ont regroupé une bonne part de leurs travaux de ces deux dernières années : travail sur Atalante, nouvelles secrétaires, postures de Jactance (‘personnage’ du Lanfeust Mag), ainsi que quelques hommages à de grandes séries, à des dessins animés et des comics incontournables, ou encore des recherches animalières dont ils ont le secret.

Sans doute la future couverture de l’intégrale de Cañari...
© Crisse - Besson

On y découvre également la couverture de la future intégrale de Cañari, série malheureusement interrompue par le décès de son dessinateur Carlos Meglia. Le projet dont nous avais parlé Crisse semble donc se mettre sur pied : « Je souhaitais réaliser une intégrale reprenant les deux tomes parus, avec les six planches du troisième tome que Carlos avait déjà dessinées, et terminer comme Nahomi, avec une nouvelle clôturant la série, tout en ajoutant en illustration l’ensemble de ses recherches. De plus, via internet, des dizaines de dessinateurs ont réalisé des dessins en hommage à son travail. Je suis certain qu’ils seraient tous prêts à en céder les droits pour réaliser cette intégrale au bénéfice de son épouse. Reste un gros travail de regroupement et de maquette à mettre sur pied. »

Quant à Atalante, qui passait donc du monde de la terre au tome 3 à un futur tome 5 se déroulant exclusivement dans les airs, avec harpies, chevaux volants et autres, il faudra donc s’armer d’encore un peu de patience pour découvrir la suite de ses aventures...

Une des premières planches du tome 5 d’Atalante
© Crisse

(par Charles-Louis Detournay)

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Découvrez le tome 5 de Luuna, dernier album du premier cycle

Lire l’interview de Didier Crisse sur Actuabd : première partie et seconde partie

Lire les premières pages de Luuna T6 et de Thalulaa

Visitez le blog de Didier Crisse

 
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2 Messages :
  • Les petites femmes de Crisse
    11 décembre 2010 11:32, par la plume occulte

    Sous l’influence de Dany-à ses débuts en tout cas-,Crisse ne peut qu’aimer dessiner/incarner les femmes.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Oncle Francois le 11 décembre 2010 à  12:24 :

      Un peu normal, non ? Les femmes sont charmantes et constituent le sel (ou plutôt le sucre !!) de la vie. Et il est plus agréable de dessiner de jeunes et jolies créatures que des monstres velus ! Blague à part, c’est aussi beaucoup plus difficile, car leurs traits fins et harmonieux sont difficiles à reproduire sur le papier. J’ai essayé en décalquant quelques photos de mode ou artistiques, le charme de la photo passe mal sur le papier, je peux vous le dire.

      Répondre à ce message

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