Un peu comme les critiques de cinéma passant derrière l’objectif, Thierry Groensteen, critique, éditeur, spécialiste du 9ème art, se lance une nouvelle fois dans le scénario depuis vingt-sept ans [1], faisant équipe avec le dessinateur Patrice Cablat.
Son propos est original à plusieurs égards : Un jeune homme d’affaires traumatisé par un deuil amoureux doit se rendre au Yémen afin d’y trouver des produits artisanaux pour sa société. Nul n’ignore le danger autour de lui, mais notre commerçant globe-trotter connaît le pays. Une fois sur place, passé l’émerveillement des retrouvailles avec la « magie de l’orient », des rencontres inattendues vont bouleverser son séjour.
Le ton de l’album, décalé et d’une grande douceur, semble renoncer à une volonté de réalisme pourtant adaptée au sujet. Partant d’une situation assez classique, les auteurs portent le récit vers deux directions qu’ils défrichent au maximum : une histoire d’amour impossible et un focus sur la situation géopolitique de ce pays de la péninsule arabique.
On peut ne pas accrocher au style suranné des dialogues et au dessin un peu figé de Cablat (par ailleurs assez proche d’une Satrapi). Cependant, la plongée dans cette communauté yéménite s’avère bien documentée, et il faut souligner l’effort de Groensteen qui a pris le soin de doubler tous ses dialogues en arabe quand les personnages s’expriment dans cette langue.
Quant aux âmes romantiques, elles ne manqueront pas de s’attacher au personnage de l’institutrice émancipée et brillante en butte aux intégristes.
(par David TAUGIS)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
[1] Il avait réalisé un album avec Jean Lucas, L’Ingénue et le dictateur aux éditions Glénat en 1981.
![Serge Monfort : « En lisant, l'enfant devient le chien, comme il deviendrait chevalier dans une BD médiévale ! » [INTERVIEW]](local/cache-gd2/07/a53eabf15a5df16adbd03466676855.jpg?1713070409)
Participez à la discussion