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Les séries multiples d’Uchronie[s] bouleversent la réalité de la BD

Par Charles-Louis Detournay le 31 janvier 2008                      Lien  
En perpétuelle recherche éditoriale, Glénat innove encore en lançant trois séries connexes qui vont se rejoindre dans un dernier tome commun. Trois dessinateurs autour de Corbeyran pour trois univers futuristes décrivant des réalités différentes, mais peuplés par les mêmes personnages : ambitieux et percutant !

Les séries multiples d'Uchronie[s] bouleversent la réalité de la BDZack Kosinski est un prescient, capable de voir d’autres réalités par-delà la nôtre, capable de vivre sur d’autres “Terres”, parfaitement similaires à la nôtre, mais qui ont parfois évolué de manière subtilement différente...

New Byzance

Depuis les attentats de septembre 2001, le capitalisme a été balayé du paysage politique. Ben Laden est considéré comme un libérateur. Et ses adeptes ont installé l’Utopie fondamentalisme, qui régit depuis plus de 200 ans l’organisation des principales nations occidentales et asiatiques. Une organisation rigoriste et sévère, où les femmes n’occupent plus le moindre rôle d’importance et où la police est omniprésente. Dans ce monde verrouillé, terriblement ordonné mais paradoxalement paisible, Zack exerce ses fonctions de prescient d’une bien étrange manière... Chargé de projeter dans l’esprit de ceux qui sont soupçonnés de crime par la pensée, des rêves agissant comme une sorte d’électrochoc, il reconfigure ainsi mentalement tout contestataire de l’Utopie Fondamentaliste. Zack est donc un rouage essentiel du système. Jusqu’où jour où on lance un mandat de recherche contre lui pour une raison inconnue. Le prescient n’a alors plus qu’à se jeter sur les chemins de la clandestinité. Et pour la première fois de sa vie affronter l’inconnu...

New Harlem [1]

Tous les postes-clé de la société sont aux mains des Afro-Américains du Black Order, descendants des Black Panthers. Les Blancs, eux, survivent dans des ghettos crasseux où la brutalité et la misère font loi. Certains parviennent toutefois à prendre l’ascenseur social, pour peu qu’ils aient un don spécial intéressant les hauts responsables noirs, comme les prescients par exemple, très appréciés pour leur capacité à anticiper les soubresauts du monde politique et économique. Tiré du misérable cocon familial contre une importante somme d’argent, Zack va rapidement découvrir que son pouvoir n’intéresse pas seulement les Noirs. Mais aussi la Fraternité blanche, une dangereuse organisation terroriste qui va organiser son enlèvement ...

New York

De nos jours, Zack a 20 ans. Mais n’en a réellement vécu que la moitié, puisqu’il vient de passer une décennie plongée dans un étrange sommeil provoqué par son père, qui dans cette réalité est un scientifique de renom. Soigné dans un hôpital où il se remet doucement de l’immobilité contrainte de son corps, le jeune homme, qui a perdu jusqu’au souvenir de son nom, est constamment en proie au doute et au questionnement. Son passé le hante, son présent l’angoisse, quant à son futur, il l’a entièrement remis entre les mains d’une jeune infirmière, Tia Brown, qui s’efforce de lui faire reprendre pied dans le monde réel. Le problème, c’est que Zack doute également de sa propre réalité.

Un pari osé

Arrivé il y a peu chez Glénat avec Back World, Corbeyran ne se ménage pas (comme à son habitude) et scénarise donc 10 tomes [2] pour trois séries qui vont se rejoindre pour un final qu’on nous promet décapant. Eric Chabbert, à qui on doit déjà Docteur Monge avec Bardet et Nova Genesis avec Boisserie, dessinera New Byzance et l’opus final. New Harlem sera traité par Tibéry qui vient de conclure l’Empire de la Raison, et New York sera mis en scène par Defali à qui on doit déjà Asphodèle, la Loi des 12 Tables et le Syndrome de l’Hyde. Le trio de cette dernière série sera d’ailleurs complet car Guérineau viendra signer l’ensemble des couvertures des dix albums pour donner une continuité visuelle à celles-ci. A l’inverse du Voyageur, son nom n’apparaîtra pourtant pas ! Est-ce que le lectorat s’est estimé floué d’acheter des albums où l’on cite Guarnido, mais dont on ne profite que des (très belles) couvertures ?

Le piège des mêmes personnages adapté par différents dessinateurs est habilement déjoué en présentant Zack à différents moments de sa vie : enfant, jeune homme, et quadragénaire. Si on nous parle de trois séries pouvant se lire indépendamment, on reste pourtant scotché par la qualité du premier tome qui vient de sortir dans les bacs : le dessin est virtuose, les cadrages inventifs nous font profiter des décors superbement travaillés, et l’intrigue colle directement le lecteur dans son fauteuil en l’entraînant sans longue introduction dans une course-poursuite où les éléments sont tour à tour évoqués pour structurer le nouveau monde qui s’offre à nous. Si le reste est du même acabit, on va voir évoluer un monde dense et captivant. Comme Saint Thomas, on demande à voir, mais on se prend à espérer !

Dans un milieu où il devient compliqué de tirer les séries en longueur (lassitude des lecteurs et parfois des auteurs), la course à la bonne idée est lancée depuis quelques années. Glénat avait déjà innové avec des concepts comme ceux du Décalogue ou du Triangle Secret. En parallèle du Voyageur, le lancement de cette nouvelle série multiple devrait réjouir le public si la qualité du premier tome se maintient sur les différents niveaux et dans le temps !

(par Charles-Louis Detournay)

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[1Les couvertures de New Harlem et New York sont temporaires et peuvent être modifiées.

[2Il se murmure que l’idée de base d’Uchronie[s] aurait été amenée par Éric Chabbert. On peut aussi se demander pourquoi les dix titres d’albums débutent par la lettre R, comme Alan Moore l’avait réalisé dans V pour Vendetta ? Ces questions, et bien d’autres, trouveront leurs réponses dans une future interview accordée par le dessinateur de New Byzance.

 
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4 Messages :
  • Invraisemblable !
    1er février 2008 08:57

    L’uchronie est une technique narrative facile. On part d’un point historique connu de tous et on invente autre chose. Mais encore faut-il choisir un fait et son développement avec un peu d’intelligence. Quand je lis : "Depuis les attentats de septembre 2001, le capitalisme a été balayé du paysage politique. Ben Laden est considéré comme un libérateur." Je me dis que c’est tellement invraissemblable que je n’ai pas envie d’en lire plus. Des idées à la gomme pour ados attardés de ce niveau, facile d’en pondre treize à la douzaine :
    1/Depuis les attentats de septembre 2001, Ben Laden est devenu le nouveau Edward Bernays et tous les publicitaires et hommes politiques se l’arrachent...
    2/Depuis les attentats de septembre 2001, George Bush a des problèmes cardiaques et soudain il meurt. Hilary Clinton se présente à la présidence et dépasse Obama parce qu’avec la chirurgie esthétique qui a fait des progrès, elle est devenue noire.
    3/Depuis les attentats de septembre 2001, Corbeyran est de venu moine et abandonne la BD. Le monde ne s’en remettra jamais.
    4/Depuis les attentats de septembre 2001, les lames re rasoir deviennent introuvables et tous les hommes sont obligés de porter la barbe. Les femmes qui n’aiment pas ça refusent de faire l’amour et la démographie est en baisse.
    5/Depuis les attentats de septembre 2001, la vie continue comme avant... jusqu’au jour ou Jacques Attali sort son rapport...

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    • Répondu par Charles-Louis Detournay le 1er février 2008 à  14:02 :

      C’est effectivement une technique facile, mais aussi fort répandue dans le milieu littéraire, et en particulier celui de la bande dessinée (Pécau est ainsi un grand amateur du genre). Je pense que l’intérêt ne se porte pas du tout sur le postulat de base, mais bien sur le développement apporté, et sur l’effet miroir qu’il peut donner sur notre monde actuel, et ce aux yeux du lecteur. Ceci respire donc la subjectivité, mais si le bla-bla introductif de New Byzance peut paraître tiré par les cheveux, ce n’est pas le cas du scénario qui est assez solidement ficelé que pour amener graduellement ces éléments à la connaissance du lecteur.

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      • Répondu le 4 février 2008 à  20:35 :

        6/ Depuis les attentats de septembre 2001, les scénaristes à Hollywood sont déprimés. Ils n’auraient jamais imaginé un scénario aussi mauvais que celui de la chute des Twin Towers. Ben Laden est appelé par les plus gros producteurs pour reprendre les choses en main. Il écrit un premier blockbuster intitulé "Ground Zero" et en français : "La chute des deux tours". C’est un succès interplanétaire. Une série TV interminable et tout un tas de produits dérivés s’en suivent. Oussama ZeBigBoss -c’est ainsi que tout le monde l’appelle désormais - Oussama ZeBigBoss donc, devient l’auteur incontournable, plus fort que Mahomet, Moïse, J.C. Christ et Homère réunis, la star du scénar que tout le monde s’arrache et à qui les producteurs offrent des contrats hallucinants. Du coup, Il a tellement de boulot qu’il paye des agents pour recruter des scénaristes un peu partout sur Terre. C’est copains les talibans et les intégristes sont tous des illétrés et il a besoin de typses qui sachent écrire et écrire vite. Il lui faut des nègres et peu importe leur couleur et leur religion. Corbeyran et Pécau sont ainsi recrutés. Un jour de 2007, fatigués de pondre des scripts à la pelle, les nègres décident de se mettre en grève...
        Oui franchement, en 1995, qui l’aurait cru ? Certainement pas Alain Juppé.

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  • Une uchronie permet d’explorer un autre monde parallèle au nôtre, ce n’est pas un futur mais un présent alternatf.Le grand Philip K Dick avait été l’un des premiers - peut-être même le premier finalement-à exploiter cette possibilité en imaginant que les nazis avaient gagné la guerre.Dans cette BD, on retrouve également des sortes de précog chers au même philip K dick, ce qui prouve au passage que cette BD est une sorte d’hommage à cet écrivain américain hors norme du XX° siècle...Si on joue le jeu, cette BD est un excellent divertissement, on ne s’y ennuie jamais, le suspens est bien géré, les décors sont magnifiquement mis en valeur, le rythme des actions et des dialogues est bon aussi.Je ne suis pas d’accord avec les arguments des deux autres critiques sur le fait qu’une uchronie est une sorte de technique facile ( dans ce cas tous les autres techniques le sont aussi, l’horreur, le policier, l’espionnage, l’héroïc fantasy etc) ; il s’agit ni plus ni moins d’un postulat de départ permettant de développer une histoire plus ou moins crédible.Ici Corbeyran et Chabbert nous régalent tout au long de cette album ; les personnages prennent vite forme et l’on voit plusieurs pistes se développer, la fin donnant envie de se précipiter sur la suite...
    Quand à se dire que cet "après 11 septembre" est impossible, imaginez un peu si en 1995 une BD de SF montrait précisemment l’attentat du 11 septembre:les mêmes sceptiques auraient dit la même chose : invraissemblable et peu crédible...Idem pour les 5 milliards de la société gébnérale : parfois la réalité dépasse la fiction, comme l’uchronie. CQFD

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