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Les ventes aux enchères de BD : un marché en plein boum

Par Louis GIRARD le 27 mai 2016                      Lien  
Nous vous parlions récemment de [la concurrence entre des plus importantes institutions du marteau->http://www.actuabd.com/Vente-de-BD-dans-les-salles-de] où les prix des originaux font des records. Ils ne touchent pas seulement les grandes enseignes, loin sans faut : que ce soit sur Internet ou en salle de vente, ce secteur se démarque par son dynamisme.

Il ne s’agit pas ici d’analyser chacune des ventes passées et à venir, de manière chronologique, en ne dégageant que quelques bons résultats ou estimations éparses, mais bien de donner un état des lieux de ces derniers mois sur ce terrain de jeu de qui semble de plus en plus séduire les collectionneurs !

Toujours, le héros à la houppette...

Tintin et Hergé restent les recordman des enchères dans la bande dessinée européenne, faut-il le rappeler : plus d’un million d’euros sous le marteau ces derniers jours. Tintin maintient globalement très bien sa côte, laquelle explose pour certains dessins originaux de grande qualité qui se font de plus en rares. On en voir sortir cependant, précisément en raison de ces vacations exceptionnelles. Citons notamment la prochaine vente Banque Dessinée à Bruxelles, le 5 juin 2016, un exceptionnel dessin de 1957 pour cet album à colorier où le personnage d’Hergé concrétise les fantasmes de peintre de son géniteur. Il est estimé 80.000-100.000€, ou encore cette dédicace en couleurs s’apparentant plus à une œuvre publiable qu’à une esquisse, vendue le 24 mai chez Piasa pour 38.640 € alors que l’estimation était de 20.000-30.000€. Si cette dernière vente, organisée en partenariat avec Moulinsart a déçu et a laissé une impression mitigée en raison de son nombre d’invendus (près des 60% des lots quand même), c’est sans doute en raison d’un manque évident de publicité, mais surtout parce qu’il a manque LA pièce marquante qui attise le feu d’une salle bien calme !

Sur Internet, signalons la vente Prestige actuellement en ligne sur Catawiki, une enseigne qui rivalise aujourd’hui avec un Artcurial en terme de chiffre d’affaires dans le secteur de la BD bien que ses vacations soient100% online. Y figure notamment ce petit crayonné pour une case des Bijoux de la Castafiore, estimé à 6000-8000€. Une case encrée de l’artiste conforte bien évidemment l’estimation comme le montre une très belle case du Temple du Soleil, supprimée lors du montage de l’album, estimée 11.000-12.000€ lors de la prochaine vente Coutau-Bégarie le 28 mai à Paris.

Les ventes aux enchères de BD : un marché en plein boum
Une salle bondée chez Artcurial : le succès d’un marché
Photo : Didier Pasamonik (L’Agence BD)

Les dédicaces du père de Tintin, classiques avec leur représentation inévitable de Tintin et Milou accompagnés d’un envoi de quelques mots, profitent en plein de la demande internationale pour les originaux de l’artiste. La valeur de cette petite part du mythe hergéen augmente fortement ces derniers temps s’échangeant régulièrement entre 1200 et 2000€ pour ce document dont la cote peut s’envoler comme cela a été le cas sur Catawiki il y a quelques mois à 2.900€s hors frais. Il y avait certes cinq lignes manuscrites, mais quand même, cela fait cher le mot !

Une version "universelle" d’un album de Tintin dont il n’existe que 7 exemplaires, estimé 40.000-60.000 euros
© Catawiki

Le marché des albums de Tintin en revanche semble avoir perdu sa folie passée, la valeur des éditions originales se stabilisant quand elle ne se baisse pas en valeur. Cela ne nous surprend pas : après tout, Tintin a toujours été un best-seller avec des tirages importants. La machine d’imprimerie de Tournai tournant à plein régime, la rareté d’un album n’est pas forcement chose évidente... sauf pour les rares tirages de tête ou pour les prestigieuses éditions originales en sublime état d’origine particulièrement choyés par les bibliophiles spéculateurs et les tintinophiles les plus exigeants. Ces publications rarissimes se monnayent toujours à des sommes immportantes : 40.000-60.000€ d’estimation sur Catawiki dans la vente Prestige pour un exceptionnel Tintin au Congo exemplaire dit "universel" ou "avant la lettre" réalisé en 1948 pour le démarchage à l’étranger et dont il ne subsiste que 7 exemplaires répertoriés, ou bien 25.000-30.000€ pour une édition originale des Cigares du Pharaon à l’état proche du neuf chez Banque-Dessinée.
quarante ans après la sortie du dernier Tintin (achevé, entendons-nous), le héros d’Hergé demeure donc toujours le poids-lourd de l’univers du marché de la BD.

Du renforcement de la cote des grands maîtres, à la découverte de nouvelles valeurs.

Il est nécessaire de le rappeler : globalement, les hautes estimations des originaux de bande dessinée portent sur une poignée d’artistes, presque toujours les mêmes. Citons les grands maitres de l’école de Marcinelle, ou de Spirou : Franquin, Morris, Will, Tillieux... ou ceux de l’école de Bruxelles, ou de Tintin : Hergé, Jacobs, Martin..., dont la disponibilité sur le marché ne fait que se raréfier, leurs estimations semblant donc se stabiliser à des sommets.

Peinture et bande dessinée font parfois bon ménage. [Christie’s mai 2016]
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Mais l’augmentation de la valeur des œuvres uniques est bien plus dynamique en ce qui concerne des artistes "modernes", tels Jean Giraud-Moebius dont les originaux sont pourtant présents dans presque toutes les ventes aux enchères et dont les estimations et adjudications croissent pourtant de façon substantielle : citons dans les ventes à venir deux planches issue de L’Incal estimées à 17.000-19.000€ l’unité chez Millon le 12 juin, ou le dessin original couleurs de Blueberry actuellement dans la vente Prestige sur Catawiki - le succès de la planche de Nez-Cassé envolée à plus de 45.000€ chez Artcurial fin avril devrait sans doute influencer favorablement les résultats futurs.

Les planches originales des Tuniques Bleues sont également de plus en plus prisées par les collectionneurs comme le montre l’exceptionnelle planche de 1981 par Lambil pour l’épisode Le David, estimée 25.000-30.000€ chez Banque-Dessinée, alors qu’une planche de cette série atteignait 8.000€ seulement en 2014 dans cette même maison bruxelloise ! Manara n’est pas en reste, avec une vente exclusive chez Millon de 12 de ses œuvres, le 12 juin, inspirées de Bardot, estimées pour chacune d’entre elles entre 15 et 20.000€.

Parmi les jeunes artistes de la nouvelle scène BD, les originaux d’une poignée s’envolent, succès de librairie aidant. Aux cimaises des maisons de vente, piochons dans la prochaine vente Millon 10.000-12.000€ d’estimation pour un petit dessin couleurs de Nicolas de Crécy ou 7.000-8.000€ pour une planche de Quai d’Orsay par Christophe Blain.

2016 semble être un bon cru pour le marché des originaux de BD. Le deuxième semestre déterminera le classement final de ce nouveau millésime, car on n’en a pas fini avec les records : une exceptionnelle planche couleurs de Arzak de Moebius est proposée à la vente en octobre de cette année à Hong-Kong par Artcurial. Quand on sait la cote d’amour dont jouit le dessinateur français en Asie (il était aussi bien admiré par le "dieu des mangas" Osamu Tezuka que par le Grand Prix d’Angoulême Katsuhiro Otomo.), il faut s’attendre à des surprises.

(par Louis GIRARD)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

L’agenda des prochaines ventes du 1er semestre 2016 :

- Le Jeudi 26 mai, vente BD chez Galerie Moderne à Bruxelles
- Le Samedi 28 mai, vente BD chez Coutau-Bégarie à Paris / XXème Siècle et BD chez Hainault à Woluwe - Saint-Pierre en Belgique.
- Jusqu’au Dimanche 29 mai : vente Prestige sur Catawiki, en plus des 6 ventes hebdomadaires de BD.
- Le Dimanche 5 juin : vente BD chez Banque Dessinée à Bruxelles.
- Le Dimanche 12 juin : vente Manara et Collection de Monsieur R. chez Millon à Bruxelles.
- Le Samedi 18 juin : BD et planches originales, 3D et animation japonaise chez Vermot à Paris.
- Le Dimanche 19 juin : planches originales de BD chez Millon à Bruxelles.

En médaillon : Dessin de Jean Giraud. DR.

 
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8 Messages :
  • Pendant ce temps les auteurs vivants ne peuvent plus vivre de leur métier, les à-valoirs deviennent ridiculement bas et on ne voit jamais aucun droit d’auteur tomber. Les éditeurs s’enrichissent, les spéculateurs aussi, les auteurs se meurent (y compris des auteurs pas jeunes, connus de tous, au talent indéniable et à la carrière exemplaire).

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    • Répondu le 27 mai 2016 à  18:33 :

      Bon nombre des auteurs cités dans l’article ne sont pas encore morts. Mais si vous êtes convaincu que seul un auteur peut vendre cher ses originaux, précipitez-vous de mourir pour enfin gagner confortablement votre vie !

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    • Répondu par Mister XY, jeune homme ambitieux ! le 27 mai 2016 à  20:59 :

      Un album mal vendu (il y en a beaucoup !) peut toutefois avoir suscité pas mal d’admirateurs en quête d’une planche originale. Alors si les dessinateurs tentent leur chance sur cata ou ailleurs.... cela permet toujours d’arrondir les fins de mois !

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    • Répondu par La plume occulte le 28 mai 2016 à  00:22 :

      Chuuuut,Sergio Salma pourrait vous lire !!

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    • Répondu le 28 mai 2016 à  06:46 :

      Y’a un moment où il faut penser à changer de travail. Plus personne aujourd’hui ne fait le même métier toute sa vie, on en change plusieurs fois.

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      • Répondu par Mais... le 28 mai 2016 à  11:54 :

        Expliquez nous donc à quel métier on peut prétendre quand on est auteur de BD ? (à part celui d’auteur de BD)

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        • Répondu par Mister XY, jeune homme ambitieux ! le 29 mai 2016 à  19:43 :

          Il parait que de nombreux diplômés bac + 3 ou 4 (licence ou maîtrise, Master) se présentent aux concours de fonctionnaires niveau Bac ou à la Poste. Un auteur sait en principe dessiner et raconter des histoires, donc beaucoup font de l’illustration pour enfants, des storyboards pour la pub, des esquisses pour des décors ou des personnages de jeux-vidéos ou de dessins animés. Cela arrondit les fins de mois, mais évidemment c’est moins glorieux que d’avoir son nom d’artiste en couverture d’un livre, maintenant cela est plus rentable à l’heure. Il y a aussi les ateliers de dessin dans le cadre des activités culturelles de la Mairie, d’écoles ou d’ateliers.

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