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Libera - T2 : Gran Môm - par Pierre Boisserie & Sylvio Cadelo - Glénat

Par Charles-Louis Detournay le 30 mars 2008                      Lien  
Sur une planète poubelle, les mutants tentent de survivre jusqu'au jour où un petit garçon, exilé de l'idéal refuge des humains, va leur apprendre l'importance du rêve. Entre manipulations politiques, et une redécouverte de nobles sentiments, une récit SF qui profite des magistrales vision de Cadelo.

Libera, la planète dévastée par la pollution, cache dans ses sous-sols d’inépuisables ressources énergétiques. Voilà pourquoi elle doit revivre. Ainsi en a décidé Mémomater, l’intelligence artificielle centrale de Danubia, satellite artificiel où se sont réfugiés les anciens habitants de Libera après l’avoir irrémédiablement salie. Mémomater s’apprête donc à lancer sans remords l’épuration de Libera, qui détruira les immondices qui recouvrent sa surface, mais aussi les quelques millions de mutants qui y survivent... En vérifiant une dernière fois qu’aucun humain ne subsiste à la surface de la planète, elle découvre que la fille de la caste dirigeante s’y trouve, bien décidée à sauver Môm, son petit frère génétiquement impur, que leur père avait exilé dans le plus grand secret... Poussée par les plus honorables sentiments, la jeune fille va provoquer la plus terrible chasse à l’homme...

Libera - T2 : Gran Môm - par Pierre Boisserie & Sylvio Cadelo - Glénat

Avec des univers aussi différents que la Croix de Cazenac et entre autres Voyageur, Pierre Boisserie commence à se tailler une place parmi les scénaristes renommés du moment. Le premier tome de Libéra était passé assez inaperçu lors de sa sortie, peut-être à cause d’une couverture réussie, mais un peu trop gore. Avec une version plus consensuelle, ce second tome se donne les moyens de s’épanouir selon ses aspirations.

La couverture du premier tome était peu engageante

Effectivement, si le thème d’une ’Terre’ dévastée par la pollution n’est pas neuf, Pierre Boisserie dépeint un double monde contrastée mais touchant. On reste autant insensible à l’utopique société sans chaleur, qu’on se prend à s’émouvoir des sordides mutants, dont la survie occupe l’essentiel de leurs pensées, mais qui sont prêts à la mettre en péril pour un petit bout de rêve. Cette leçon d’humanité donné par ceux dont on n’attendrait que haine et violence, comble une intrigue certes prévisible, mais dont la destinée des personnages tient en haleine. De plus, l’évolution du langage vers un version plutôt phonétique apporte une pointe d’humour qui n’est pas négligeable devant la noirceur du monde de Libéra.

Même s’il évolue dans la bande dessinée depuis bientôt 30 ans, Silvio Cadelo est un auteur plutôt rare, mais qui a toujours su se caractériser par une grande imagination dans les mondes qu’il crée. S’il a souvent été plus doué pour dessiner les monstres que les humains, c’est une fois de plus son trait qui attire d’abord l’attention du lecteur dans ce conte post-apocalyptique : les décors sont extrêmement maîtrisés, ses mutants sont à la fois irréalistes et tellement fluides que leur existence ne peut faire l’ombre d’un doute, et si le monde utopique du satellite artificiel semble être moins du goût du dessinateur, il se complait dans la fange du monde pollué de Libéra où il peut se lâcher dans un style qu’il maîtrise si bien.

Association aussi baroque qu’efficace, Boisserie et Cadelo auraient pu générer une série bancale, sans avenir. Mais jouant sur les différences de ces deux auteurs, Libéra bénéficie d’une belle palettes de sentiments dans un monde formidablement décrit, où l’on ne désirerait pas poser le pied. Une vision noire d’un avenir malheureusement trop réaliste, où on profite pleinement du graphisme de Cadelo.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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