Lily, c’est un mannequin qui vole de podium en podium. Un top model à succès mais un peu las de tout. Elle défile en faisant la moue sans conviction et se délasse en pyjama avec ses collègues le soir venu. Même en couple, elle se sent seule, sans famille.
Rubis est officiellement coiffeuse, et officieusement rockeuse en devenir.
Ces deux charmeuses à l’humour acide vont se croiser à New York et une véritable histoire d’amour-amitié va naître entre elles. Une quasi-gemellité, une osmose humaine, un besoin de ne pas se quitter, de rêver ensemble. Coup de chance, Rubis cherche une chanteuse pour la remplacer avantageusement dans son groupe. Rôle que Lily s’affirme prête à endosser sans se faire prier. Dans leur itinéraire de balades, de rencontres et de collaboration musicale balbutiante, plusieurs personnages secondaires vont apparaître, révêlant les caractères, les blessures et les univers de Rubis et Lily.
Incontestablement singulier, Lily Love Peacock impose un ton et un style. En 274 pages, le lecteur a tout loisir de plonger dans la psychologie des deux héroïnes. L’essentiel du roman graphique s’appuie sur leurs échanges, qui développent leurs opinions sur la vie, les hommes, l’amour...
Pour autant, on peut ne pas rentrer dans cet univers, et ne pas forcément s’attacher aux personnages, un peu trop systématiquement goguenardes et détachées.
Fred Bernard donne de nombreuses clés pour comprendre leur psychologie, en particulier sur le manque du père chez Lily. La relation amoureuse de Rubis est moins touchante.Et l’auteur ne donne pas le beau rôle aux hommes !
Son dessin est tout entier au service de l’action, à l’image du travail d’Autheman, Davodeau et de tant d’auteurs français. Les expressions du visage sont sa priorité, avec un cadrage parfaitement maîtrisé. Son noir et blanc nerveux ne s’embarrasse pas de fioritures pour le reste.
(par David TAUGIS)
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