Alors qu’il travaille "sérieusement" sur diverses séries de l’univers Batman, Dustin Nguyen griffonne pour lui des versions chibi - miniaturisation graphique des personnages pour les rendre mignons - du personnel de Gotham City. Ces essais séduisent des responsables de DC qui lui proposent, en 2012, d’en produire une version numérique.
Le succès est au rendez-vous et Little Gotham voit finalement le jour dans une version papier en 24 épisodes, chacun dédié à une fête du calendrier nord-américain ou à un moment particulier de l’année.
Halloween, Thanksgiving, mais aussi la Saint-Valentin, la Saint-Patrick ou le Cinco de Mayo cher aux Mexicains, sans oublier les fêtes des pères et des mères, qui ont une résonance particulière dans la Batfamily, ou encore le Comic-Con : tout y passe. Ces célébrations permettent de revisiter la mythologie interne de la série et de mettre en scène les personnages dans des épisodes drôles et touchants.
Ainsi, Noël voit Freeze enlever des enfants pour préserver leur pureté, mais leur fournir une issue de secours en forme de toboggan ; la Fête Nationale devient l’occasion d’un concours de feux d’artifice organisé par les Vilains de Gotham, tandis que le Nouvel An propose une virée entre filles, Poison Ivy et Harley Quinn embarquant Catwoman pour faire la bringue avec elle.
Le volume est parsemé de multiples références, citations explicites ou simples clins d’œil, parfois très discrets, à l’histoire de Batman, bien sûr, mais aussi à d’autres comics. Surtout, Dustin Nguyen puise dans la période durant laquelle il a lui-même travaillé sur le Batverse, notamment avec Paul Dini.
C’est ainsi que l’on retrouve, comme membre de la Batfamily à part entière, le personnage de Colin Wilkes, alias Abuse, créé par les deux compères. D’ailleurs, la représentation que donne le dessinateur de Gotham et de sa faune s’inscrit de manière limpide dans la filiation du travail de Bruce Timm et de Paul Dini sur Batman, la série animée.
Graphiquement, le travail effectué par Dustin Nguyen s’avère tout bonnement exceptionnel. Non seulement la transformation des personnages se révèle une pleine réussite - chacun devient une sorte de condensé de lui-même - mais, surtout, le soin apporté au décor, aquarellé, apparaît époustouflant.
Du côté des développements, Dustin Nguyen a collaboré avec Derek Fridolfs, un autre habitué des titres Batman. Jouant de situation cocasses et de dialogues décalés, tous deux tirent le titre vers l’humour, léger, souvent référentiel, jouant des caractéristiques premières des personnages dans une démarche de tendre caricature.
Cela donne des histoires à l’unisson du dessin, drôles et mignonnes à souhait, et qui se permettent en outre le luxe d’une réelle finesse d’esprit et d’une véritable sensibilité.
Enchanteur, ce Little Gotham s’offre comme une authentique bouffée d’air frais. Sous ses dehors enfantins, il ne s’adresse en fait pas tant aux petits qu’aux grands qui ont su conserver une part de leur âme d’enfant. La dimension magique du titre devrait alors ravir tous les fans du Chevalier Noir, même ceux de la première heure.
(par Aurélien Pigeat)
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