Andi Watson nous a habitués à des portraits sensibles de personnages bien dans le siècle, à la recherche d’une certaine stabilité sans bien savoir comment la trouver.
Dans ce Little Star, Simon Adams se cherche lui aussi, mais non pas en tant qu’amant ou compagnon : il est le jeune père de Cassie, deux ans, qui a remis en question ses priorités personnelles et professionnelles. Sa femme Meg et lui sont des parents comme tant d’autres, un peu juste côté argent sans en manquer vraiment (elle est institutrice remplaçante, lui peintre en céramique à mi-temps), profondément attachés l’un à l’autre mais tellement stressés par le quotidien que les accrochages ne sont pas rares, et, bien sûr, prêts à beaucoup de sacrifices pour leur enfant.
Watson réussit là son album le plus abouti jusqu’à présent. Tout en racontant une histoire somme tout banale, il arrive à rendre ce mélange de pertes de repères et de profond questionnement qui agite ses deux personnages depuis la naissance de leur fille. Mais il parvient également à utiliser habilement un certain nombre de métaphores qui enrichissent la lecture de cette tranche de vie, métaphores d’origines astrophysiques pour la plupart, traçant ainsi des parallèles entre l’infiniment grand et et le microcosme humain dans ce qu’il a de plus viscéral.
Son style graphique continue à s’épurer, avec en particulier une présence de gris plus fine que dans ses albums précédents, et des masses de noirs qui donnent à sa mise en scène un poids émotionnel supplémentaire. Watson en est arrivé à un point où il peut suggérer en deux-trois traits la fatigue ou la joie, dans une économie de moyen qui le rapproche toujours un peu plus d’un Alex Toth qui aurait dessiné des scènes de la vie quotidienne au lieu des BD d’aventures classiques qu’il appréciait tant.
Little Star est sans nul doute l’un des plus intelligents albums de cette rentrée. L’auteur dépeint des personnages qui, tout en faisant face à leurs obligations diverses et au poids du quotidien, refusent de vivre sans se remettre en question. La narration en miroir, où se répondent théories scientifiques sur l’univers et petites choses de notre vie à tous, élève encore un peu plus le propos d’un auteur parvenu à une maturité créatrice qui laisse présager pour l’avenir de beaux moments de lecture.
(par François Peneaud)
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