Little Yu T2 & T3 - Par Xia Da - Urban China

Xiao Yu, une petite fille de huit ans, quitte la ville pour vivre à la campagne et suivre ses parents qui travaillent dans la restauration du patrimoine. C’est un univers inconnu qui s’ouvre alors à elle, composé de ruelles étriquées, de montagnes solennelles et de vieux jardins plein de mystères.

Petite citadine, Xiao Yu a beaucoup à apprendre sur la vie de la campagne, sur les traditions et les règles implicites qui régissent les rapports entre les humains et la nature… c’est-à-dire les esprits qui demeurent puissants dans ces lieux chargés de tradition et d’histoire.

Ce manhua - bande dessinée chinoise - réalisé par Xa Dia de 2007 à 2010 se présente sous la forme d’épisodes indépendants. Son héroïne se trouve confrontée à chaque fois à une manifestation du folklore chinois, à laquelle se mêle le plus souvent une intrigue centrée sur un habitant du village ou un visiteur.

C’est ainsi que le lecteur accompagne Xiao Yu au gré de ses découvertes et mésaventures comme assister un renard à obtenir de l’alcool auprès d’étranges petits vieux, rencontrer les dangereux dieux de la fête de la récolte, comprendre pourquoi le logis d’une famille pauvre se trouve infesté de serpents ou encore transmettre les sentiments d’un arbre à son vieux propriétaire.

Des histoires indéniablement poétiques, oscillant entre le rêve et la réalité, où prédominent le plus souvent la mélancolie et les regrets. En effet, en dépit de sa nature merveilleuse, le registre de la série relève moins de l’extraordinaire de l’enfance que du passage à l’âge adulte, où ses tourments s’exposent à travers le miroir du fantastique.

Des histoires qui nous font partager le plus souvent des sujets graves avec une grâce et une pudeur impressionnante, sans doute parce qu’elles trouvent racines dans la propre expérience de Xa Dia.

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En effet, chaque épisode de Little Yu s’accompagne d’une note de l’auteure qui y évoque un souvenir d’enfance ou une anecdote de sa vie d’adulte, mêlant espièglerie et une certaine mélancolie.

Le danger et la mort ne sont d’ailleurs jamais bien éloignés. A l’image de la nature, qui peut se montrer implacable, cruelle et parfois vengeresse, la petite Yu se trouve en présence des conséquences de certains choix ou d’accidents provoqués par les hommes. Et les dénouements, à la morale douce-amère, ne se révèlent pas toujours heureux.

Il s’agit pourtant tout simplement d’apprendre à devenir adulte, d’acquérir de l’expérience et un savoir. Un parcours initiatique pour la petite Yu qui, de simple spectatrice, devient capable dans ce dernier tome de guider un adulte dans sa quête ou de protéger sa meilleure amie d’un esprit en colère.

Reprises de légende et de conte mêlés à la vie ordinaire des gens et vu à travers les yeux d’une petite fille, Little Yu se trouve à une confluence d’héritage, que ce soit entre modernité et tradition, ou entre manhua et manga.

En effet dans cette œuvre de jeunesse, l’influence graphique et narrative du manga se ressent bien davantage que dans La Princesse vagabonde, en particulier à travers les mimiques mignonnes de Yu, tout en évoquant à travers ces paysages cette atmosphère toute particulière de la peinture chinoise.

Un pont entre des mondes de toute beauté : envoûtant et mystérieux.

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