La rencontre entre la musique et la bande dessinée n’est pas née d’hier. Qui se souvient que les premiers albums du chanteur Renaud sont parus chez Delcourt il y a à peine plus de 20 ans ? Nombreux sont les collectifs nés sous l’égide d’un éditeur admiratif de cet art et désireux de le mettre en image. Parmi les exemples trop nombreux pour être cités tous, certains comme ceux édités par Olivier Petit font toutefois figure de proue dans le genre.
Alors que les collectifs et les éditeurs se « disputent » les chanteurs ou groupes à mettre en image, voilà que surgit un nouvel album semblant tout à fait original.
L’œuvre est une histoire courte mais dense, riche en émotions et en couleurs. Les personnages semblables à tant de jeunes espérant sortir vainqueurs de cruels concours éliminatoires vont tenter de réaliser leurs rêves. Entre eux et la réalité toujours le même fossé, celui qu’ils n’imaginent jamais tout en disant toujours le contraire.
Oui, mais cette fois ci, le mythe reste inaccessible et les désillusions, les vraies, celles qui font changer de route en milieu du parcours, sont bien présentes.
Étonnant alors qu’un musicien à la notoriété forte parle des ces laissés pour compte plutôt que des strass et paillettes que les scènes sur lesquelles il joue l’autoriseraient pourtant à en décrire l’ambiance.
Étonnant aussi cette rencontre entre Vincent Gravé à la personnalité discrète avec ce musicien mythique.
Étonnante pour conclure cette histoire à mi-chemin entre le rêve et la réalité et entre la jeunesse et l’expérience. Pourtant, l’alchimie fonctionne, on est captivé.
Tout dans ce livre est source de création, la mise en page, les planches et les illustrations pleine page, les textes tapés à la machine ou calligraphiés traversant les images avec la même aisance qu’un graffiti s’installe sur un mur. Carrefour de divers modes d’expression dans un environnement métallique, urbain, bruyant, Loin du mythe » réussit largement l’exercice.
Pas d’adaptation de textes, non : il s’agit d’une création de Charlélie Couture.
Reste à convaincre le dessinateur d’aller plus loin encore dans l’audace, la composition et le travail de la matière. Plutôt proche d’artistes tels qu’Hermann dans sa nouvelle vague ou René Follet, il ne lui manque que peu de chose pour les atteindre dans leur épaisseur.
Il ne reste plus au lecteur qu’à faire l’effort de lire ce livre passerelle entre divers arts tout en mettant le médium bd au premier plan.
(par Marie M)
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