Dans ce sombre univers, dont beaucoup d’aspects paraissent tristement familiers, une lueur d’espoir : Lolita – une chanteuse, une vraie, en chair et en os, qui n’hésite pas à provoquer le pouvoir en affichant sa liberté de pensée et de mœurs. Elle critique ouvertement dans les médias le dirigeant Néponine, son idéologie et ses robots chanteurs qui visent à décérébrer le public.
Quelque part dans un sanatorium, Médhi, jeune homme rêveur et impulsif, est en admiration devant l’image de cette femme libre dont il collectionne les disques. Ses chansons, combinées à la drogue, sont une échappatoire à son triste quotidien. Pour ses compagnons d’infortune, Médhi est un gamin idéaliste ; lui croit dur comme fer qu’il rejoindra un jour Lolita et fait confiance à son étoile, même s’il se prend quelques baffes…
Mais Lolita n’est pas celle que le public imagine ; et Médhi n’est pas ce qu’il croit être. Leurs destins parallèles se croiseront-ils un jour ? Sans doute, mais pas dans ce premier tome, qui apporte tout de même son lot de révélations et de rebondissements.
Sur le plan scénaristique, on regrette quelques ficelles un peu grosses, comme ces dei ex machina qui, par deux fois, sauvent la mise à Médhi. Sur le plan graphique, l’intérêt des bonus proposés en fin d’album, qui mettent en parallèle le projet franco-belge d’origine et la version manga, est d’observer l’évolution provoquée par ce changement de format. Ainsi Lolita, de chanteuse pop, devient-elle nettement plus rock ; et si le trait de Javier Rodriguez se fait plus haché, plus nerveux, on n’en reconnaît pas moins sa patte d’un projet à l’autre. Par ailleurs, Lolita, de "RH" (Résistance Humaine), devient "HR" (Human Resistance) : le manga serait-il plus international ?...
(par Arnaud Claes (L’Agence BD))
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