C’est papa qui raconte. La passion précoce pour l’art de Janis, son amour pour le chant blues, et aussi ses premières addictions. La carrière éclair d’une des plus grandes chanteuses de la musique populaire américaine défile ainsi, avec voix off, personnages nombreux qui se bousculent, et interludes musicaux débordant d’énergie. Après son Woodstock, Nicolas Finet a choisi la même équipe pour honorer Janis Joplin. Un album qui paraît 50 ans après sa mort (deux semaines après Jimi Hendrix, et peu avant celle de Jim Morrison).
La biographie est richement documentée : tous les morceaux qui apparaissent sont référencés, et les musiciens souvent présentés. On trouve à la fois un récit saturé de passion et de douleur, mais aussi un véritable voyage à travers les cultures alternatives des années 1960 aux Etats-Unis. Les auteurs ne font pas de Joplin une icône : sans cesse courant après l’alcool ou la drogue, passant d’un.e amant.e à un.e autre... Tout cela n’aura duré que quelques années, dont un retour à Port Arthur, Texas, un moment de découragement où Janis a failli ne pas revenir à la musique [1].
Fan ou pas, on apprend également beaucoup de choses ici : le pourquoi de ce titre d’un journal universitaire "Joplin élue le gars le plus moche du campus" (oui vous avez bien lu, le gars) ; les conditions de renvoi de ses accompagnateurs successifs ; ses brèves rencontres physiques avec quelques stars de l’époque.
En amoureux de la musique et de la BD, Finet propose un copieux lexique de 8 pages pour retrouver les "personnages" de la vie de Joplin. Le lettrage s’assouplit avec élégance dès qu’une chanson arrive, et les concerts s’accompagnent d’un graphisme psychédélique. Sans oublier le clin d’oeil à Ted Benoît avec un personnage aux traits de Ray Banana.
Love Me Please ne se contente pas de narrer la carrière éclair d’une artiste majeure. Il appelle constamment à la curiosité, en révélant les sources de son inspiration et la richesse immense d’un patrimoine musical forgé essentiellement à la fin des années 1960.
(par David TAUGIS)
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[1] et qui fait écho à une période similaire dans la carrière de Lou Reed, retournant chez ses parents après sa carrière dans le Velvet Underground
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