Luke Ross (« Indiana Jones ») : « J’ai été maintenu dans le secret le plus absolu »

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal par Luke Ross, David Koepp et John Jackson Miller

Editions Delcourt

Comment avez-vous réussi à décrocher la possibilité de mettre Indiana Jones en BD ?

En fait, quand je travaillais sur L’Âme du Samouraï [1] avec mon scénariste Ron Marz, nous discutions sur les possibilités d’une collaboration après l’achèvement de cette série. La conversation a roulé sur l’adaptation d’Indiana Jones que Dark Horse s’apprêtait à mettre en chantier en vue du nouveau film. Au cours de la conversation, nous nous sommes aperçus que nous étions l’un et l’autre des fans absolus de ce personnage ! On a alors décidé de faire un essai et de le proposer à Dark Horse. J’ai dessiné trois pages et Ron a écrit une note d’intention que nous avons envoyés à notre éditeur. Cela leur a plu, mais le plus difficile restait à obtenir : l’accord de Lucasfilm. Cela s’est apparemment bien passé puisque nous sommes là aujourd’hui.

Le tour de force est d’avoir été capable de publier cet album en même temps que la sortie du film. Vu la paranoïa qui a entouré sa réalisation [2], vous avez été forcément mis dans le secret alors même que vous habitez… le Brésil !

J’ai dû signer un contrat dans lequel je m’engageait à ne pas parler du projet, que ce soit à ma femme ou à ma mère ! Je devais mettre les documents dans une cachette secrète. Cela a été l’élément le plus compliqué à gérer : comment obtenir suffisamment d’informations en temps réel pour pouvoir réaliser ma BD dans les délais impartis ? Après avoir reçu le script, ils m’ont envoyé des CD avec les principales scènes du film, des photos des décors et le portrait des personnages principaux. Mais certaines informations étaient bouclées à double tour, même pour moi, en particulier les dernières scènes, comme celle du mariage ! Ils se sont contentés de m’envoyer de vagues descriptions sans que je puisse voir quoi que ce soit. J’ai donc fait ces planches comme j’ai pu, parfois en allant chercher les visages des acteurs de second plan sur Internet, et c’est en recevant en retour les remarques et approbations de la production et de l’éditeur que j’ai pu faire recoller la BD au film, grâce aux photos qu’ils ne m’ont livrées qu’après coup !

Luke Ross, fan d’Indiana Jones

Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Vous aviez le droit de reproduire les visages des acteurs ?

Ils me demandaient de les faire le plus ressemblants possible. Pourquoi ?

Parce que dans certains cas, par exemple dans celui de Tom Cruise, l’acteur interdit que l’on utilise ses traits.

Ce n’était pas le cas ici. Dark Horse et Lucasfilm voulaient une BD très proche su film.

Et c’est le cas ? Votre BD est-elle proche du film ?

Je ne sais pas, je ne l’ai pas encore vu. Je verrai cela ce soir ! Je dirais que cette BD est davantage ma vision de l’histoire qu’une adaptation servile du film. Certaines séquences auront le même angle, d’autres pas. Ce n’est pas une véritable adaptation, c’est plutôt ma vision du script original.

Quels sont vos projets ?

Avec Ron Marz, je termine le troisième volume de Samouraï après les quelques commandes de couvertures que j’ai en cours.

Propos recueillis par Didier Pasamonik