Vous êtes un des ministres de la culture à avoir mis le plus la bande dessinée à l’honneur.
Oui. J’ai eu à cœur de vouloir mettre à l’honneur des tas de formes d’expressions artistiques différentes. Et peut-être que cela change à ce moment-là le regard de nos concitoyens. Ils adorent la bande dessinée, ils en sont de grands amateurs et il y a des maisons d’édition et des auteurs qui sont nombreux, foisonnants et riches de leur talent. Mais le fait que le Ministère de la Culture pointe du doigt la bande dessinée comme une forme d’expression artistique dans sa diversité, c’est-à-dire l’art du dessin, l’art du trait, l’art de l’expression, l’art de la couleur, les scénarios, les histoires qui sont racontées, oui, c’est très délibéré de ma part. Je vais faire une comparaison, qui peut choquer mais qui est importante, je crois, avec le dessin d’information politique qui est aussi une grande forme d’expression culturelle qui participe au rayonnement de notre pays. Je vais prendre des initiatives dans cette direction dans un proche avenir. Idem pour le jeu vidéo, vous avez là aussi des formes d’expression artistique. Il faut que l’on ouvre le regard et que l’on mette à l’honneur des gens qui ont beaucoup de talent.
Est-ce que vous pensez que la bande dessinée franco-belge est menacée par le succès des mangas ? Croyez-vous que l’Etat ait un rôle à jouer dans le rayonnement de la bande dessinée ?
Ecoutez, le talent, au fond, n’est jamais menacé. Par contre, pour que la diversité puisse vivre, il faut parfois effectivement la protection des états. Hier, et c’est une grande réussite européenne parce que nous étions tous mobilisés, la convention de l’Unesco sur la diversité des expressions culturelles est entrée en vigueur. Cela veut dire qu’il faut veiller à éviter l’uniformité. Et donc, les mangas sont une forme d’expression artistique que je respecte, mais il faut que toutes les expressions aient droit de cité, et là le travail de l’Etat est important.
Est-ce que vous connaissiez le travail de Guy Delcourt avant de le décorer ?
J’avais tourné les pages, bien évidemment. Je ne suis pas moi-même un lecteur impénitent ou fou de bandes dessinées, tout simplement parce que la vie va trop vite et parce que je travaille trop, mais je trouve qu’il a beaucoup de talent.
Propos recueillis par Didier Pasamonik, le 19 mars 2007.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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