Derrière cet impressionnant premier opus, un autodidacte encore jeune. Et pour un début, c’est tout simplement extraordinaire. Le trait de Phélipot est déjà parfaitement abouti, et il ose utiliser une véritable technique de peintre pour mettre en scène cette histoire de SF dans la grande tradition. On pense à Dave McKean pour l’audace et à Druillet pour la fascination géométrique de l’organisation des planches.
Chaque page représente un émerveillement pour le lecteur qui découvre de multiples variations dans la représentation de personnages mystérieux et de paysages urbains ou lunaires. Parfois proche de l’avant-gardisme, le dessin s’aventure régulièrement dans l’abstraction. Des pleines pages explosives voisinent avec des plans fixes souvent dédoublés en plusieurs tonalités quasi-gothiques.
D’une rare richesse dans la palette des couleurs, le graphisme de Phélipot se frotte régulièrement à la retouche informatique pour encore plus de force artistique.
On pourra reprocher à l’auteur de négliger son scénario, une histoire de manipulation génétique sur fond d’humanité menacée pas vraiment originale.
Mais le parcours de ces quelques 90 pages éclatantes s’avère une expérience enthousiasmante qui tranche avec la production habituelle. Ma’at s’affirme, au sens propre du terme, comme un travail remarquable. Le tome 2 nous montrera éventuellement un progrès dans la dramaturgie...
(par David TAUGIS)
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