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Mafalda, 50 ans en mode intégral

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 28 décembre 2013                      Lien  
En 2014, Mafalda fêtera les 50 ans de sa création. Ce sera l'occasion pour son créateur Quino de recevoir des hommages aussi bien au 40e FIBD d'Angoulême en janvier qu'au Salon du Livre de Paris (où l'Argentine est le pays invité) au printemps. Les éditions Glénat en profitent pour republier l'intégrale de ses strips.

Or donc, le 29 septembre 1964, dans l’hebdomadaire Primera Plana de Buenos Aires, apparaît pour la première fois une petite fille courtaude aux cheveux noirs envahissants, un peu naïve, mais au bon sens décidément incisif, en particulier quand il s’agit d’éradiquer la soupe du menu : "La soupe est à l’enfance ce que le communisme est à la démocratie", dit-elle.

Mais ce n’est vraiment que quelques mois plus tard, dans le quotidien El Mundo le 15 mars 1965, que la success story commence vraiment. Sa bande est reprise par de nombreux quotidiens de province et sa proximité avec l’actualité va en faire un commentateur éclairé de l’actualité, tout en n’ayant pas trop l’air d’y toucher : la politique est un gros mot, en particulier depuis l’arrivée de la dictature en Argentine... Nous ne sommes pas loin du modèle Peanuts, ni des futurs Calvin & Hobbes, dans ces saynètes philosophiques qui rebondissent sur l’état du monde qui, à cette époque de Guerre du Viêt-Nam, "a mal à l’Asie".

Mafalda, 50 ans en mode intégral
(c) Glénat

On y trouve un humour enclin à la déconstruction post-moderne : Mafalda suggère le vocable de "dilettante" à la place de "sous-développé", et aux thèmes de plus en plus contemporains comme l’écologie, la remise en cause de la course aux armements, l’équilibre entre les grandes puissances et ce qu’on appelait alors "le Tiers-Monde"...

Comme le remarque très bien Umberto Eco, auteur de la préface de cet ouvrage, Mafalda est plus anticonformiste que contestataire. Elle est "l’anti-Charlie Brown" du simple fait qu’elle est argentine. La seule chose dont on est sûr en matière de politique, c’est qu’elle n’est pas contente : "En Mafalda, analyse Eco, se reflètent les tendances d’une jeunesse inquiète sous la fore paradoxale d’une réprobation infantile, d’un eczéma psychologique de réaction aux mass media, d’une urticaire morale provoquée par la logique des blocs, d’un asthme intellectuel causé par le champignon atomique..."

(c) Glénat

Quel dommage que Quino ait décidé d’arrêter les aventures de son héroïne dix ans après sa création pour ne se consacrer qu’au dessin d’humour : elle nous aurait régalé par ses remarques malignes sur l’usage de FaceBook, Twitter, YouTube ou WhatsApp...

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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5 Messages :
  • Mafalda n’est ni Derrida ni Garfield
    28 décembre 2013 19:01, par Simon

    On y trouve un humour enclin à la déconstruction post-moderne

    Vous confondez le postmodernisme en art (l’ironie de Mafalda) avec celui de la philosophie (la déconstruction de Derrida). Mafalda n’est pas Derrida, et c’est tant mieux.

    Quel dommage que Quino ait décidé d’arrêter les aventures de son héroïne dix ans après sa création pour ne se consacrer qu’au dessin d’humour

    Autre opinion : quel bonheur que Quino ait eu la force de l’arrêter avant qu’elle ne s’encroûte et ne s’institutionnalise, qu’elle ne se mette à radoter et tourner en rond pendant quarante ans de plus, comme la fin de Peanuts (dont les francophones monolingues découvrent maintenant à peine les deux premières décennies).

    Avec la même sagesse, Watterson a cessé Calvin & Hobbes, et Trondheim Lapinot.

    elle nous aurait régalé par ses remarques malignes sur l’usage de FaceBook, Twitter, YouTube ou WhatsApp...

    Vous confondez avec Garfield. De nos jours, Mafalda nous parlerait plutôt des effets du réchauffement global, de la surveillance électronique tout aussi globale, des printemps arabes et des hivers islamistes, des Occupy et des Indignés, du retour des lois anti-avortement et des dictatures, etc.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 29 décembre 2013 à  01:47 :

      Vous confondez le postmodernisme en art (l’ironie de Mafalda) avec celui de la philosophie (la déconstruction de Derrida). Mafalda n’est pas Derrida, et c’est tant mieux.

      Quelle science infuse ! Connaître son Derrida et son Mafalda sur le bout des doigts, voilà qui est divertissant. Et vous dites n’importe quoi évidemment : comme si la déconstruction et le postmodernisme étaient intangibles... Propos de fat.

      Autre opinion

      Eh, oui, ça se voit, les opinions des autres vous dérangent.

       : quel bonheur que Quino ait eu la force de l’arrêter avant qu’elle ne s’encroûte et ne s’institutionnalise, qu’elle ne se mette à radoter et tourner en rond pendant quarante ans de plus, comme la fin de Peanuts (dont les francophones monolingues découvrent maintenant à peine les deux premières décennies).

      Et vous n’imaginez pas qu’il aurait pu faire l’un et l’autre, fournir un gag à Mafalda de temps à autre. Vous êtes non seulement primaire quand vous parlez d’art et de philosophie, mais aussi binaire, incapable d’envisager plus de deux hypothèses.

      Avec la même sagesse, Watterson a cessé Calvin & Hobbes, et Trondheim Lapinot.

      Point de sagesse chez Trondheim (on rêve !). Il n’a arrêté Lapinot que pour faire parler les sots. Ça a réussi, apparemment.

      Vous confondez avec Garfield.

      C’est ça, ducon, je confonds Garfield et Mafalda, Duchamp et Derrida.

      De nos jours, Mafalda nous parlerait plutôt des effets du réchauffement global, de la surveillance électronique tout aussi globale, des printemps arabes et des hivers islamistes, des Occupy et des Indignés, du retour des lois anti-avortement et des dictatures, etc.

      Vous fantasmez, vous vous prenez carrément pour Quino. Vous allez bientôt lui dicter ce qu’il a à dire. Or, Quino a des qualités qui vous manquent apparemment : il est modeste et drôle.

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  • Coucou
    28 décembre 2013 20:57, par Auray

    Bel article je me demandais si Monsieur Quino sera au salon du livre, en tout cas, bonne chance à ceux qui veulent un dessin^^ Par contre j’aurais bien voulu savoir ce que cette intégrale avait de plus par rapport aux nombreuses autres livres d’auparavant...

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 29 décembre 2013 à  01:54 :

      Le volume comprend quelques textes d’introduction (dont une courte bio assez drôle de Quino par lui-même et le fameux textes d’Umberto Eco, de même qu’une dédicace de Gabriel Garcia Marquès), des gags inédits de ses débuts, des courtes introductions de chapitre sur certaines thématiques par des spécialistes (souvent italiens) et, parfois, sous les gags, des petites notes explicatives apportant un contexte à un gag qui ne serait pas compréhensible au lecteur francophone et/ou plus jeune n’ayant pas connu les enjeux politiques qui y seraient évoqués.
      Important aussi : tout l’ouvrage est en noir et blanc.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Vincent GAUTHIER le 29 décembre 2013 à  20:01 :

        Malheureusement on ne peut pas dire que Glénat ce soit réellement creusé pour cette intégrale. La bio d’introduction s’arrête en 1999 année où fut publié je cite "le livre que vous avez entre les mains". De plus une petite relecture des traductions aurait pu éviter des bourdes grossières telles que "Comme l’ont dit Ortega et Gasset...". Bref un travail éditorial qui ne rend pas forcément le meilleur des hommages à ce grand homme de la BD qu’est Quino et à Mafalda, personnage emblématique.

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