Dany rentre en 6e et, comme beaucoup d’adolescents lors de l’entrée au collège, elle perd une bonne partie de ses amies. Impopulaire dans sa nouvelle classe, déboussolée, triste, isolée, Dany déprime.
De surcroît, la famille doit faire face au décès d’une grand-tante. Certes, les liens avec cette personnalité un peu excentrique étaient distendus, mais ça fait beaucoup d’émotions à gérer. « La famille fera le tri » indique le testament...
Dans la vieille bâtisse de la grand-tante, Dany a un coup de cœur pour un carnet dans lequel figurent quelques croquis… Bonne pioche ! Dany va découvrir ses incroyables facultés : en dessinant le visage de son personnage préféré, le prince Neptune, la tête jaillit du carnet et prend vie ! Voilà désormais la jeune collégienne moins seule. Et surtout, Neptune n’a d’yeux que pour elle : il la conseille et la complimente. Dany songe alors à utiliser de nouveau le carnet : puisqu’elle est seule au collège, pourquoi ne pas se créer soi-même son amie idéale ? Celle qui saura la valoriser, l’apprécier, la faire rire, et la rendre populaire : ce sera Madison, « cool, drôle, futée ». Après quelques traits au crayon, la voici donc en chair et en os.
Cette bande dessinée pour adolescent(e)s aborde diverses thématiques qui prennent une dimension particulièrement importante à cet âge de la vie : l’amitié, le regard des autres, l’acceptation de soi, la réussite, la solitude, l’intégration, la confiance en soi. Si le décor est très réaliste, puisqu’on partage le quotidien de Dany dans sa famille et à l’école, les propriétés du carnet confèrent au récit une dimension fantastique où tout semble possible : pour le meilleur, quand Dany reprend confiance en elle et peut désormais confier ses sentiments, mais aussi sur d’autres registres… Car Neptune et Madison, désormais bien réels, ont aussi une volonté et des envies propres. Dany parviendra-t-elle à accepter l’autonomisation des personnages qu’elle a elle-même créés ?
L’autrice, Kristen Gudsnuk, est originaire des États-Unis, et on repère d’ailleurs très facilement certains détails propres à la société américaine (les collégiens se déplacent en « school bus »), ce qui n’entrave en rien la lecture. En revanche, en fin d’ouvrage, le récit prend une dimension ouvertement et excessivement fantastique que l’on a parfois du mal à suivre. Les personnages sont très expressifs et proche d’un style « manga ». En apparence, les couleurs donnent un aspect girly au récit, mais l’ouvrage s’adresse autant aux garçons qu’aux filles, les deux genres et leurs questionnements étant bien représentés.
(par Damien Boone)
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