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Magnéto : Le Testament – Par Greg Pak & Carmine Di Giandomenico – Panini Comics

Par Romuald LEFEBVRE le 26 mai 2014                      Lien  
Bien avant de devenir le célèbre terroriste mutant craint et haï par le monde entier, Magnéto était un adolescent du nom de Max Eisenhardt. Ce recueil revient sur ce chapitre de sa vie où, jeune Juif allemand, il va être la victime de la barbarie nazie.

Magnéto est le premier adversaire qu’ont rencontré les X-Men en 1963 et il est devenu, au fil des décennies, leur antagoniste le plus récurrent. Mais pas seulement : au gré des événements, l’ami de Charles Xavier est aussi devenu tour à tour un allié, un professeur voire un anti-héros dans l’univers des X-Men.

C’est au détour du début des années 1980 que Chris Claremont fait émerger une idée qui a radicalement changé le personnage. Bien que récurrent, Magnéto faisait surtout jusque là figure d’épouvantail pour les jeunes X-Men, voire de modèle de ce qui ne fallait pas faire : utiliser ses pouvoirs pour dominer les hommes. Et si les multiples actions du terroriste mutant cachaient une lourde causalité ?

Peu après La Saga du Phénix noir où Jean Grey se sacrifia pour éviter la perte de l’humanité à cause de son pouvoir, Scott Summers tombe en profonde dépression et quitte les X-Men pour faire le point. Lors de ses pérégrinations, il tombe par hasard sur un autre mutant qui s’est retiré depuis quelques temps : son ennemi Magnéto. Sans animosité apparente, Magnéto explique à son jeune interlocuteur qu’il comprend ce sentiment de perte d’un être cher : il lui confie qu’il a dû survivre avec ce sentiment depuis la Shoah.

Magnéto : Le Testament – Par Greg Pak & Carmine Di Giandomenico – Panini Comics
Le couple qui donnera naissance à la Sorcière rouge et à Vif-Argent s’est rencontré à une bien triste époque : Magda est tzigane, Max est juif.
© Marvel - Panini Comics

À une époque où l’on fait peu référence à la mémoire de ces terribles événements, Claremont donne au personnage de Magnéto une motivation sans équivalent dans cet univers : comment croire à la bonté des hommes lorsque l’on a subi de leur part les pires atrocités ?

Le jeune Max, victime d’un racisme nauséabond promu par les nazis à l’école.
© Marvel - Panini Comics

Bien que par la suite, de nombreux flashbacks dans les différentes séries X-Men ont creusé les questions liées à ce passé, le scénariste Greg Pak a saisi l’occasion à la fin des années 2000 de créer un passé canonique pour Magnéto. Son histoire raconte notamment les moments où le personnage était sous le joug de la barbarie nazie.

Né Max Eisenhardt dans une famille juive allemande des années 1920, le héros de ce recueil va être frappé de plein fouet par l’Histoire. Les humiliations racistes à l’école, le lynchage public des membres de sa famille et la promulgation des lois de Nuremberg en 1935, puis la destruction de l’horlogerie familiale dans la Nuit de Cristal de 1938,... le jeune Max va être le sujet de la plupart des maux qui frappent la communauté juive allemande de cette époque.

Max et sa famille ont le malheur de rencontrer durant leur fuite en Pologne un détachement des Einsatzgruppen, les S.S. acteurs de la "Shoah par balles".
© Marvel - Panini Comics

Le récit de Grek Pak se veut dès le départ didactique et sensible. Tous les événements rapportés sont appuyés par des indications historiques précises qui permettent au lecteur le moins informé de comprendre les enjeux de l’époque. La majorité du récit étant centrée sur le ressenti du jeune Max devant cette violence qui le dépasse, on ne peut qu’être en empathie avec le personnage, ce qui souligne pour le lecteur le caractère barbare du régime qui l’oppresse.

Le calvaire de Max emmène l’adolescent au camp d’extermination d’Auschwitz.
© Marvel - Panini Comics

Autant prévenir : Magnéto : Le Testament n’est pas une histoire de super-héros qui jouent de leurs pouvoirs dans un cadre inapproprié. À l’inverse de ce que vous avez peut-être pu voir dans les scènes d’introduction des films X-Men ou X-Men : First Class, on ne voit pas dans ce recueil le jeune Max détruire l’une des portes d’entrée du camp d’extermination d’Auschwitz grâce à son pouvoir magnétique. Le jeune Max n’a pas conscience ici de ses pouvoirs et l’unique moment où ceux-ci le sauvent alors qu’il en est inconscient, la dramaturgie et la tristesse qu’inspire la scène relativise grandement le caractère fantastique de cette révélation.

Max découvre la terrible vérité en travaillant dans un Sonderkommando.
© Marvel - Panini Comics

Magnéto : Le Testament est un récit à part dans l’univers des X-Men ou de Marvel en général : il ne s’agit clairement pas d’un récit de super-héros, mais de l’histoire fictive d’un personnage qui vient illustrer un épisode terrible de l’Histoire.

Greg Pak et Carmine Di Giandomenico ont bien réfléchi à leur sujet et l’on ne retrouve ainsi pas de dérapages vis-à-vis de la mémoire de cet événement. Même si le caractère fictif du personnage principal enlève un caractère émotionnel très fort comparé à Maus d’Art Spiegelman, il n’en demeure pas moins que Magnéto : Le Testament reste une belle lecture, didactique de surcroît.

(par Romuald LEFEBVRE)

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