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Maître de l’horreur, le cinéaste George A. Romero se remet aux comics

Par Romuald LEFEBVRE le 12 septembre 2014                      Lien  
À une époque où les récits de zombies ont le vent en poupe du côté des Comics, un spécialiste du sujet s'engage à son tour afin d'apporter sa pierre à l'édifice : George A. Romero. Au programme de sa vision du sujet : des humains toujours aussi troubles, des zombies de plus en plus intelligents... et des vampires ?

Il est évident que la carrière cinématographique de George A. Romero lui donne une légitimité certaine dès qu’il s’agit d’écrire un scénario relatif à un monde en proie à des vagues agressives de zombies. En effet, La Nuit des morts-vivants (1968) et son succès populaire ont permis de définitivement ancrer les zombies dans le paysage du cinéma américain, de même que ses suites spirituelles réalisées par lui-même ont permis d’ancrer son univers horrifique dans la culture populaire.

Dix ans après une première collaboration avec DC Comics adaptant dans une mini-série La Nuit des Morts-Vivants en 2004 [1], George A. Romero revient aux comics. Empire of the Dead est une collaboration entre le cinéaste et l’éditeur Marvel qui a pour but de développer l’univers du réalisateur grâce au neuvième art. Les fans du réalisateur ne seront ainsi pas pris au dépourvus, retrouvant un contexte similaire à celui des films correspondants.

Néanmoins, les néophytes ne seront pas non plus laissés sur le bord de la route avec cette lecture : tout ou presque est expliqué avec minutie par le récit et l’on intègre ainsi bien vite les codes de cet univers.

Maître de l'horreur, le cinéaste George A. Romero se remet aux comics
Penny et Paul dissertent de la condition des morts-vivants, mais pas que...
© Marvel - Panini Comics

Nous sommes donc projetés dans ce premier album dans une ville de New York post-apocalyptique où les hommes cohabitent désormais avec les morts-vivants, qu’ils traitent constamment de « schlingueurs » (le thème du racisme développé par le réalisateur dans ses films n’est jamais très loin). Les hommes sont parvenus à développer des stratégies pour domestiquer les zombies, ou du moins les moins violents ou les moins affamés d’entre eux.

Cette domestication permet aux hommes les plus étranges excès, comme celui en ce temps de crise, de revenir à des divertissements violents et sanglants comme des combats à mort entre zombies dans une arène. Sous la plume de George A. Romero et le dessin de Alex Maleev, le quartier de Manhattan se transforme ainsi en copie de la Rome antique avec ses nouveaux bâtiments !

Sous le magnifique trait d’Alex Maleev, Central Park prend des airs antiques marqués.
© Marvel - Panini Comics

L’intrigue du récit se concentre principalement autour de deux personnages : Penny Jones, une jeune pédiatre que l’on a spécialisé dans le comportement des zombies (parce que l’on estime qu’ils ont les réflexes d’enfant en bas âge), et Paul Barnum, un louche touche-à-tout qui organise les combats de l’arène en chassant de nouveaux champions dans les rues et qui possède de forts liens avec le maire de New York.

Xavier, une femme des SWAT devenue zombie, témoigne de sentiments rares pour sa condition.
© Marvel - Panini Comics

Penny a une idée surprenante, voire saugrenue pour ceux qui la côtoient : les zombies peuvent faire preuve de sentiments et d’actes d’intelligence par rémanence ou souvenir de leur ancien être. Ainsi, elle se met dans l’idée de trouver le plus intelligent des zombies et d’en faire un être socialisé qui ne cherche pas à nuire aux humains. Elle pense ainsi à terme mettre un coup d’arrêt à la menace potentielle que peuvent représenter les zombies pour les humains.

Sur cette intrigue efficace et surprenante autour du duo Penny/Paul, George A. Romero vient greffer une autre piste, originale pour son univers mais plus classique dans son traitement : intégrer des vampires dans cet univers en proies aux morts-vivants. Après tout, les vampires de cet album se considèrent comme la première espèce de morts-vivants et ils voient d’un bon œil l’occasion qui leur est donnée...

Le leader des vampires en action.
© Marvel - Panini Comics

Les vampires continuent de cacher leurs activités nocturnes aux yeux des hommes pour ne pas être éradiqués, mais ils ont désormais conquis les plus hautes sphères de la société et l’organisent à New York pour détourner le regard des humains. De plus, les zombies sont de bien agréables alliés inconscients : quand les vampires font une victime, ils la laissent à demi-morte dans la rue pour que les zombies s’en repaissent et fassent ainsi disparaître son corps.

Dans l’ensemble, la lecture de ce premier album est agréable, mais on reste clairement sur notre faim : une grande partie du propos est dédiée à la contextualisation de cet univers (personnages, environnements, motivations) et les intrigues ont peu progressé par rapport à leur situation initiale. Les travaux du personnage de Penny pour domestiquer un mort-vivant plus intelligent que ses congénère se révèle une intrigue efficace et même surprenante. En revanche, le développement autour des vampires manque pour l’instant d’une véritable originalité.

Zanzibar, le champion des arènes qui témoigne de la piètre condition des zombies.
© Marvel - Panini Comics

L’une des principales attractions de cet album demeure quand même le magnifique travail d’Alex Maleev qui délivre comme à son habitude de sublimes planches qui viennent parfaitement mettre en valeur le récit de George A. Romero.

Empire of the Dead est une lecture à tenter pour les amateurs du genre et pour les fans de la filmographie de George A. Romero. Toutefois, ce premier tome est principalement marqué par une entrée en matière de l’intrigue, moins par son développement. Un prochain tome nous dira si cette intrigue est à la hauteur de nos espérances, comme le laisse espérer la conclusion de ce recueil.

(par Romuald LEFEBVRE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

- Commander Empire of the Dead, Tome 1 – Par George A. Romero & Alex Maleev sur Amazon ou à la FNAC

[1Toe Tags #1-6 ("The Death of Death"), DC Comics), 2004–2005.

 
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