Depuis lors, la cheffe de village (elle l’est devenue car personne n’a osé se présenter contre elle...) se retrouve maintenant dotée de pouvoirs extraordinaires comme celui de télé-transporter ceux qui la dérangent ou avec qui elle a des comptes à régler !
Tandis qu’elle découvre les charmes (très variés) de la capitale en compagnie de Sidonie, une jeune femme un peu paumée qu’elle sauve du suicide, la vie continue dans sa savane natale.
Mais là-bas, une mystérieuse expédition chinoise est à la recherche du « principe actif » échappé du satellite. Ce principe, dont on perçoit assez vite qu’il est à l’origine des sortilèges survenus aussi bien en Namibie qu’à Paris, semble être l’objet de bien des convoitises !
Tandis qu’arrive au village, le groupe de Parisiens, que Mamada a fait disparaitre du métro, celle-ci n’en finit pas d’user (et d’abuser !) de ses nouveaux pouvoirs pour le plus grand bonheur de sa complice Sidonie ! Si, à l’origine, leurs relations furent conflictuelles, une vraie connivence s’installe entre les deux femmes que tout sépare : l’âge, la culture, l’histoire… mais que l’humour et la provocation rapprochent.
Alors que le mystère se dissipe doucement sur les réelles intentions du groupe expédié en Namibie, Mamada n’en finit pas de découvrir les charmes de la vie parisienne.
David Ratte poursuit sa critique incisive et irrévérencieuse de notre monde occidental sans être guère plus indulgent avec les sociétés dites traditionnelles. Tout en déroulant tranquillement son intrigue, il distille au fur et à mesure, quelques indices pour justifier tout ce qui chamboule aussi bien le petit village Africain que le métro parisien.
On voit très vite qu’il en profite pour dresser quelques savoureux portraits des différents protagonistes, ne négligeant pas, au passage, certaines formules chocs. Comme celle de Mamada découvrant le métro parisien « Et ces gens qui sortent, là ? Ne me dis pas qu’ils ont l’air vivant ! » Il est vrai que la vieille femme considère le sous-sol comme le royaume des morts !
S’il prend son temps, c’est aussi pour s’attarder sur quelques célébrités du moment. Ainsi croise-t-on pêle-mêle le dirigeant d’une chaîne de grands magasins culturels, quelques parisiens branchés typiques et...hagards, des fashion victims un peu égarées et même une star de la téléréalité !
Ratte prend manifestement bien du plaisir à ces exercices de style provocateurs, au risque parfois de faire perdre au lecteur le fil de cette histoire abracadabrante mêlant critique sociale, choc des cultures, magie et fantastique.
L’auteur du Voyage des Pères réussit, une fois de plus, une subtile synthèse entre l’esprit décalé de sa célèbre saga et les ressorts comiques de [Toxic Planet->art13510] où pointaient déjà un solide humour noir associé à une peinture sans complaisance de nos sociétés humaines.
Jusqu’où nous entraîneront les pérégrinations de Mamada à la découverte du monde dit civilisé ? Cette vision originale et décapante du « bon sauvage » n’a manifestement pas fini de nous surprendre. Les dernières pages de ce second tome augurent de rebondissements toujours inattendus.
(par Patrice Gentilhomme)
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