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Manuele Fior, Fauve d’Or d’Angoulême 2011

Par Nicolas Anspach Didier Pasamonik (L’Agence BD) Thierry Lemaire le 31 janvier 2011                      Lien  
Dans une sélection frappée d'éclectisme, le jury présidé par Baru a privilégié des œuvres porteuses de sens où des bandes dessinées de grande diffusion côtoient des livres issus de labels parfois peu connus du grand public. Une façon de les soutenir en ces temps difficiles.

La cérémonie de remise des prix du Festival de la BD d’Angoulême s’est tenue hier après-midi au Théâtre d’Angoulême. Le ministre français de la culture, M. Frédéric Mitterrand avait fait le déplacement pour visiter plusieurs expositions organisées par le Festival ou par la Cité de la BD et assister à cet événement qui marque la clôture de la 38e édition du FIBD.

Nous vous avions déjà dévoilé le nom du président de la prochaine édition du Festival quelques heures avant l’annonce officielle. Le scénariste Benoît Peeters est venu chercher le fauve de cristal, symbolisant le Grand Prix à la place du lauréat, habitant le Connecticut, aux États-Unis. Il a appris la nouvelle quasi au saut du lit grâce à Thierry Tinlot, le rédacteur en chef de Fluide Glacial qui l’a appelé au téléphone en direct de la scène du théâtre. L’auteur de Maus a pu entendre la vibrante ovation du public.

Manuele Fior, Fauve d'Or d'Angoulême 2011
Thierry Tinlot appelle Art Spiegelman pour lui annoncer son élection à la dignité de Grand Prix

Le Fauve d’Or (le prix du meilleur album) a été remis à l’un des espoirs de la nouvelle bande dessinée italienne, Manuele Fior pour Cinq mille kilomètres par seconde paru aux éditions Atrabile. "Cinq mille kilomètres par seconde [est] donc un album sur les choix de la vie, sur pourquoi et comment une amie d’enfance devient la mère de vos enfants, ou une rencontre de voyage vous quitte définitivement en plein milieu d’un carrefour" écrit Morgan di Salvia dans nos pages. Déjà remarqué pour Mademoiselle Else chez Delcourt, l’artiste montre une nouvelle fois l’étendue de sa virtuosité graphique.

Le ministre de la culture Frédéric Mitterrand remet le Fauve d’or à Manuele Fior

Le prix du Public distingue également un album sensible et touchant. Julie Maroh est venue chercher son prix pour Le Bleu est une couleur chaude. La jeune femme était émue que son livre où il est question de l’homosexualité féminine ait pu connaître une telle répercussion. Les premiers désirs et sentiments d’une jeune femme pour une autre femme sont décrits de façon fine et émouvante.

Julie Maroh, Prix du public

Asterios Polyp de David Mazzuchelli a reçu un Prix spécial du Jury. Ce livre maîtrisé explore toutes les richesses de la bande dessinée, qu’elles soit graphiques ou narratives. Un album qui aurait tout aussi bien pu recevoir le Prix de l’Audace, remis aux Noceurs de Brecht Evens.
Tout aussi logiquement que le Prix spécial pour Mazzuchelli, le Prix Regards sur le monde a récompensé le Gaza 1956 de Joe Sacco qui est considéré comme l’inventeur du bédéreportage, sur ses lieux de prédilection que sont la Bosnie et la Palestine.

Elodie Durant, Prix révélation

On pourrait tout autant souligner l’évidence du Prix du Patrimoine remis à Michel Jans co-fondateur de la maison d’édition Mosquito dont nous avions longuement parlé à la fin de l’année dernière. La mémoire d’Attilio Miccheluzzi, décédé en 1990 et déjà récompensé en 1984 par l’Alfred de la meilleure bande dessinée, est ici honorée.
Quant au Prix de la série, il a couronné avec Il était une fois en France une suite d’albums unanimement saluée, tant par la critique que par le public. Le succès de la série n’a pas empêché Fabien Nury et Sylvain Vallée, les deux auteurs, d’être émus comme des débutants en montant sur scène. La présence de Jean Van Hamme pour leur remettre le trophée a d’ailleurs ajouté à l’émotion du duo.

Fabien Nury et Sylvain Vallée, prix de la série
Ulli Lust ; déjà cinq fois primée (dont un prix du meilleur album à Erlangen et le Prix Artemisia en France) remporte un Prix Révélation ex-aequo
L’exhubérant Brecht Evens, Prix de l’Audace

Coïncidence, volonté d’ouverture du Festival ou reflet du nombre croissant d’auteurs étrangers publiés en français, le palmarès 2011 a une "couleur" particulièrement internationale. Sept Français, trois Américains, deux Italiens, un Belge, un Suisse, une Autrichienne et un Japonais composent la liste des lauréat(e)s :

- Fauve d’Angoulême - Prix du Meilleur Album : Cinq mille kilomètres par seconde de Manuele Fior (Atrabile).

- Fauve d’Angoulême - Prix Spécial du Jury : Asterios Polyp de David Mazzucchelli (Casterman).

- Fauve d’Angoulême - Prix de la série : Il était une fois en France T4 de Fabien Nury et Sylvain Vallée (Glénat). Le trouble destin de Joseph Joanovici continue sa carrière triomphale.

- Fauve d’Angoulême – Prix Révélation : ex-aequo La Parenthèse d’Élodie Durand (Delcourt) et Trop n’est pas assez de Ulli Lust (Editions çà et là)

- Fauve d’Angoulême – Prix Regards sur le Monde : Gaza 1956, en marge de l’histoire de Joe Sacco (Futuropolis)

- Fauve d’Angoulême – Prix de l’Audace : Les Noceurs de Brecht Evens (Acte Sud BD).

- Fauve d’Angoulême – Prix Intergénerations : Pluto de Naoki Urasawa d’après Osamu Tezuka (Kana)

- Fauve d’Angoulême – Prix du Patrimoine : Bab-el-mandeb d’Attilio Micheluzzi (Editions Mosquito).

- Fauve d’Angoulême – Prix du Public Fnac-SNCF : Le Bleu est une couleur chaude de Julie Maroh (Glénat).

- Fauve d’Angoulême – Prix Jeunesse : Les Chronokids T3 de Zep, Stan & Vince (Glénat) (voir notre article).

- Fauve d’Angoulême – Prix de la Bande Dessinée Alternative : L’Arbitraire (Volume 9)

Toute l’équipe d’Arbitraire, Prix de la bande dessinée alternative

(par Nicolas Anspach)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

(par Thierry Lemaire)

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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

✏️ Manuele Fior Le Tour du monde des festivals
 
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16 Messages :
  • Joe Sacco qui est considéré comme l’inventeur du bédéreportage

    Pour le croire, il ne faut pas avoir lu les bédéreportages de Cabu dans les années 70 dans Charlie ou Hara Kiri.

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    • Répondu le 31 janvier 2011 à  09:34 :

      ou les reportages de Jean Teulé, qui a même reçu l’alph-art 1989 (ex aequo avec Marie-Vérité de Legall) pour "Gens de France", une bande dessinée... de reportages

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    • Répondu par ishimou le 31 janvier 2011 à  11:17 :

      ça me choque aussi de lire que Joe sacco est l’inventeur du reportage dessiné, sans évoquer ceux de Cabu il y a bien longtemps. C’est ça la verticalité de la culture, des couches au-dessus d’autres couches. Relisez Mort Cinder (1974) ou l’Eternaute (1969) d’Alberto Breccia et Oesterheld, réédités chez vertige graphic et vous comprendrez qu’à l’heure actuelle on n’invente plus rien,on continue quelque chose mais souvent en moins bien. Si on a un minimum de passion, d’intérêt pour la bande dessinée, on ne peut pas se laisser duper par les soi-disant inventeurs d’aujourd’hui, il faudrait pouvoir admettre que le média est abouti et qu’il doit reprendre le chemin de l’exigence, cher à Hergé ou à Franquin.
      Quant au cirque à Angoulême c’est l’éternel retour du "tout va bien dans la BD" et quant un ministre de la culture dit que "le public est au rendez-vous" (lire l’article sur Frédéric Mitterand), on est pleinement rassuré, demain tout va aller très bien, mais demain.

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      • Répondu par Oncle Francois le 31 janvier 2011 à  18:26 :

        Bien d’accord avec Monsieur Ishimou (attention à ne pas abuser des célèbres dragées à base de fucus !°). Mais pour compléter votre liste, il faut aussi rajouter Goscinny, Hergé, Franquin, Gir et Moebius, Tardi et tant d’autres auteurs ayant principalement produit au cours du siècle dernier.

        Quelqu’un a dit que le XXIème siècle serait spirituel, je crois. Pour moi, en ce qui concerne la BD, il est juste ennuyeux. Maintenant s’il s’agit de proposer des substituts naturels et non pharmaceutiques au traitement de l’insomnie, c’est un autre problème !

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        • Répondu par ishimou le 31 janvier 2011 à  21:55 :

          Vous revenez du festival d’Angoulême et vous avez le moral dans les talons ? Vous avez la furieuse envie de raconter votre vie dans un roman graphique, par exemple le jour ou vous avez oublié de descendre la poubelle ? Vous vous demandez si ça vaut la peine de rester intègre ?
          Je vous propose une cure de santé, regardez ce petit film de 12 minutes sur Alberto Breccia ça fait du bien.
          http://www.galeriemartel.com/videos/videos_a_breccia/videos_a_breccia.html

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        • Répondu par wandrille le 1er février 2011 à  11:20 :

          Non, mais ça, c’est bien évident, c’était mieux avant.

          D’ailleurs c’est pareil partout, depuis Mozart, y a rien de bien, en musique classique et les Beatles, hein ? Qui fait des trucs pareils dans le Rock ?

          Et puis, franchement, la peinture, depuis Lascaux, y a plus un mec qui vaut... Bansky n’est qu’un piètre continuateur.

          Ah autrefois, oui, on savait, maintenant, c’est la décadence, c’est nul, tout est nul, mais nous, nous, on sait.

          Avant c’est bien, maintenant, c’est nul, demain, ce sera pire.

          Et d’ailleurs, comme on est des vrais personnes engagées dans la critique de fond, on ne va rien faire du tout. Ah si, on va continuer de dire que c’était mieux avant, parce que le vrai courage, il est là.

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          • Répondu par ishimou le 1er février 2011 à  12:20 :

            Un des groupes (pour moi) les plus épatant que j’ai écouté ces 15 dernières années est Radiohead, précipitez vous sur les albums, amnésiac et hail to the thief.
            Ce groupe n’a pas la notoriété de Mozart ni celle des Beatles.
            C’est peut-être une chance pour moi, soit je suis moderne et mon âme est digne d’être sauvée, ou alors une autre hypothèse,
            ce groupe fait aussi bien que ce qui se faisait de meilleur avant.

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            • Répondu le 1er février 2011 à  23:08 :

              Pincemi a fait des petits ?...

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              • Répondu par Oncle Francois le 2 février 2011 à  00:44 :

                Je n’ai jamais prétendu détenir l’unicité de la bonne parole, mais en discutant avec de nombreux amateurs de BD, je me rends compte que la grande majorité silencieuse partage mes opinions : trop d’enthousiasme pour l’actualité du jour, aucune connaissance sérieuse du passé, l’alibi artistique permet de masquer les carences du dessin et les scénarios indigents se font passer pour de jolies peintures de la quotidienneté. Le problème, c’est que peu de gens osent s’exprimer avec ma sincérité sur le net, ce qui fait que ce genre de point de vue y est sous-représenté. Dés que l’on ose dire que l’on apprécie les Grands Maitres du passé, on se fait traiter de passéiste ringard ou de vieux réac. Et oui ! Je salue donc Monsieur Ishimou, même si je trouve qu’il a mal choisi son pseudonime !

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  • Manuele Fior, Fauve d’Or d’Angoulême 2011
    31 janvier 2011 06:50, par Frenchoïd

    Je débarque sans doute, mais je ne vois plus de Prix du scénario, de Prix Lob ou de Prix Goscinny...?

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  • "Une histoire évoquant une rupture amoureuse où une mère de famille est amenée à quitter la cellule familiale."

    Ah bon ?

    On n’a pas dû lire le même livre, alors...

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  • Manuele Fior, Fauve d’Or d’Angoulême 2011
    31 janvier 2011 09:38, par Phil C

    Vous avez raison, c’était une sélection éclectique. Quand au palmarès (hormis "il était une fois en France") c’est au contraire le plus monogenre de l’histoire de festival. Reprenez-vous chers jurés du FIBD car on se croirait au Césars du cinéma français des années 90 !

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    • Répondu par Wallace le 1er février 2011 à  22:17 :

      monogenre ? quel rapport entre Trop n’est pas assez et Pluto ? entre 5000 km par seconde et Gaza 1956 ? entre Les Noceurs et Asterios Polyp ?

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  • Hum, ce palmarés me donne l’envie d’acheter
    1er février 2011 17:42, par Oncle Francois

    un livre que j’avais raté lors de sa parution : Les Chronokids T3 de Zep, Stan & Vince. Je vais quand même commencer par le premier, histoire de lire les albums dans l’ordre !

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    • Répondu le 2 février 2011 à  18:46 :

      Hum, ce palmarés me donne l’envie de vomir ! J’ai lu Cinq mille kilomètres par seconde, quel ennui, du mauvais Gipi, mal dessiné, mal raconté. Si le jury trouve que c’est le meilleur album de l’année, ils n’ont rien dû lire.

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