Suivez la flèche. On ne sait pas ou veut aller ce grand type en imper et chapeau mou, mais il a bien l’air de mener une mission de la plus haute importance. Son allure sérieuse au possible ne fait que renforcer l’absurdité de son périple. À droite, à gauche, escaladant un mur, surfant entre des blocs étranges sur une étendue liquide, débouchant dans un désert... Mais toujours, partout, des flèches qui pointent une direction.
Comme un jeu de piste infini, de page en page le lecteur marche de concert avec notre employé au visage flou, espérant toujours trouver un but qui n’apparaît pas. Mathieu s’amuse, mais aussi sérieusement que son anti-héros. Les planches sont agencées avec élégance et cohérence, et l’exercice imposé consistant à placer des flèches à tout bout de champ apporte surprises et prouesses graphiques. L’auteur se permet même une mise en abyme avec son personnage feuilletant en fin d’album ce qui ressemble à celui que vous tenez entre les mains. Et que dire du culot consistant à placer juste après une grande page blanche à peine habillée d’un signe minuscule ?
S.E.N.S. a ceci de troublant qu’il génère autant de sérénité que d’angoisse. Le calme absolu du cheminement de l’homme en route a beau déboucher sur toujours plus de mystère, il évolue dans une blancheur épurée, dans des espaces immenses. Et même les ombres qui surgissent ne semblent pas menaçantes, mais plutôt stimulation dans la quête sans fin d’un but invisible.
Il sera assez passionnant de sonder les avis de lecteurs du monde entier à la fois sur le sens qu’ils donnent à ce volume élégant et leur interprétation de la fin, que bien évidemment, on ne dévoilera pas ici, mais qui renvoie à une dernière flèche.
Une exposition à double sens : Paris et Bruxelles
Après une exposition à l’Espace Éphémère, rue de Turenne à Paris, qui s’est achevée hier (d’une durée de trois jours, l’expo était éphémère, elle aussi... [[Pour leur défense, la galerie parisienne Huberty-Breyne est occupée par une exposition Geluck qui fait un triomphe et qui draine jusqu’à 600 visiteurs par jour, pas forcément acheteurs, mais même pas choqués par les prix des œuvres mises en vente.), c’est à Bruxelles qu’il faut suivre la flèche pour retrouver les œuvres originales de Marc-Antoine Mathieu à la Galerie Huberty-Breyne du Sablon, jusqu’au 4 janvier 2015.
Fait rare, les originaux sont vendus par séquences de 4 à 9 pages (avec parfois la possibilité d’en acheter à l’unité. Les séquences valent entre 1500 et 4000 euros environ ; les planches à l’unité tournent aux alentours de 800 euros.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par David TAUGIS)
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S.E.N.S. - Par Marc-Antoine Mathieu - Delcourt
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Exposition Marc-Antoine Mathieu
DU 27 novembre 2014 au 4 janvier 2015
Galerie Huberty Breyne 8A rue de Bodenbroeck
Place du Grand Sablon– 1000 Bruxelles.
Vernissage de l’exposition le jeudi 27 novembre à partir de 18h30 en présence de l’artiste.
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