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Marché de la BD : Anatomie d’un malaise 3/3 : Les auteurs, marge d’ajustement de l’édition de bande dessinée ?

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 12 février 2022                      Lien  
L’année 2021 a été pour le marché de la bande dessinée une année d’exception avec une progression de +59% en volume et de +40% en chiffres d’affaires, une embellie essentiellement due aux mangas avec une croissance extraordinaire de +107% par rapport à 2020, occupant désormais 55% du marché de la BD en France. Le fonds a progressé de +67% par rapport à l’année d’avant. Ce qui veut dire que les éditeurs, les distributeurs et les libraires ont gagné beaucoup d’argent en 2021, la BD devenant leur 2e chiffre d’affaires après la littérature générale et devant la jeunesse. Pourtant, les auteurs francophones font grise mine, multiplient les revendications, dénonçant, comme la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, un « déséquilibre injuste et injustifiable dans les relations contractuelles entre auteurs et éditeurs. »

Alors, 2021, annus horribilis pour les auteurs ? Pas tous. Les auteurs japonais (et les éditeurs, leurs agents) doivent être contents, on suppose. Idem pour les auteurs d’Astérix et de Mortelle Adèle et une poignée de créateurs qui sont dans le Top des ventes, cumulant parfois les fonctions d’auteur et d’éditeur, comme Riad Sattouf cette année.

On parle de quels auteurs ? Des quelque 1500 à 2000 professionnels qui vivent de ce métier en France et qui élisent le Grand Prix d’Angoulême cette année et dont le documentaire de Maiana Bidegain & Joël Callède, "Sous les bulles, l’autre visage du monde de la bande dessinée" (MediaKrea) pointait il y a quelques années l’insuffisance des revenus..

Évidemment qu’une grande part d’entre eux (les débutants, les vendeurs modestes…) ont des difficultés. Ils sont dans une situation semblable à bon nombre de créateurs : peintres, écrivains, musiciens, photographes, plasticiens, dramaturges… pour la plupart des autoentrepreneurs dont la moyenne des revenus est en France, selon l’INSEE, de… 600 euros par mois.

Marché de la BD : Anatomie d'un malaise 3/3 : Les auteurs, marge d'ajustement de l'édition de bande dessinée ?
La marche des auteurs à Angoulême en 2020
Photo : Frédéric Hojlo

Comment s’en sortent-ils ? Par la pluriactivité. Bon nombre d’auteurs sont aussi enseignants, font de la publicité, sont maquettistes, storyboarders, journalistes, salariés à temps partiel dans une activité toute autre, avec de grosses disparités selon les origines sociales ou les situations géographiques. Face à un nombre aussi peu significatif, le gouvernement préfère faire la sourde oreille, orientant ses efforts vers des secteurs plus rentables électoralement.

L’autre parallèle qui mérite d’être fait, c’est que les 40 plus grandes entreprises françaises, le CAC 40, qui a atteint ce 5 janvier son record absolu, a effaçé la crise de la pandémie et au-delà, surtout dans les valeurs du luxe. Comme dans la BD, la crise profite aux très très riches, et pas à la cohorte de « petits » auteurs qui ont du mal à nouer les deux bouts.

Revendications

Quelles sont leurs revendications, dès lors ? On l’a vu. D’abord d’être entendus. Et ils l’ont été dans un Rapport Racine qui a dressé un état des lieux dans lequel les auteurs se reconnaissent. Mais le Rapport Sirinelli/Dormont qui a suivi, écrit par des techniciens du droit, a souligné à quel point un bon nombre de ces revendications n’étaient applicables sans une remise en cause de l’ensemble de l’édifice social, plusieurs d’entre elles n’étant d’ailleurs pas du ressort du Ministère de la Culture.

Depuis, celui-ci botte en touche. On a rarement eu une ministre de la culture aussi effacée qu’aujourd’hui : Aurélie Filippetti, Fleur Pellerin, François Nyssen ou Franck Riester ont tous peu ou prou rencontré des auteurs de BD, par exemple en leur accordant le hochet des décorations. Ce n’est pas le cas pour « la pharmacienne » comme on la surnomme du côté de Blois. On a refermé le dossier avec celui -piteux- de « l’année de la BD » qui a été longue comme un calvaire.

Dans une récente « lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle », le groupement des Auteurs Autrices en Action fait ce constat : «  Dans le contexte d’une baisse du lectorat de la bande dessinée francophone — baisse qui est à relativiser cependant — la tension entre ces protagonistes se fait de plus en plus aigüe. Nous nous trouvons maintenant devant une population d’autrices et d’auteurs paupérisée, sans marges de négociation face à des entreprises ayant pour but d’assurer leurs bénéfices dans un contexte concurrentiel. On peut évidemment tenter, pour traiter ce problème, de mettre l’accent sur le dialogue, mais il semble illusoire d’espérer que la bienveillance et l’éthique des maisons d’édition, des structures de diffusion et de distributions, soient seules suffisantes pour réguler cette situation structurellement déséquilibrée. »

Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Puisqu’il n’y a apparemment rien à attendre des acteurs de la chaîne du livre si l’on lit ces lignes, les AAA s’adressent par conséquent à l’État, ou plutôt à ses représentants putatifs, en exigeant :
-  Une reconnaissance des instances représentatives des auteurs de BD ;
-  Un statut spécifique aux auteurs de BD ;
-  Une limitation de la durée de cession des œuvres afin de pouvoir renégocier régulièrement les contrats ;
-  Un mécanisme de redistribution comparable au cinéma, lequel prélève une taxe sur les films importés pour la redistribuer à la production française (les éditeurs de mangas et de comics sont ici visés) et aux intermittents du spectacle dont le statut séduit les auteurs ;
-  Enfin, un accès transparent aux ventes et au compte d’exploitation de l’éditeur pour améliorer la répartition des revenus une fois le seuil de rentabilité atteint.

Un équilibre pas simple à trouver

Évidemment, en face, le Syndicat National de l’Édition hurle (discrètement) à la mort. Le ministère de la culture sifflote Nabucco de Verdi en regardant ailleurs. La rencontre de ces revendications, on imagine l’argument, fragiliserait encore davantage l’édition française face à une concurrence mondialisée. Elle peut avoir un effet pervers, déjà à l’œuvre : le recrutement d’auteurs étrangers, moins chers et plus dociles, mais produits en France. Dans cette perspective, face à des éditeurs inflexibles, les auteurs deviennent la marge d’ajustement de l’activité puisque, par définition, les postes d’impression et de diffusion/distribution sont peu compressibles.

Attendons de voir ce que diront les candidats aux Présidentielles qui, comme on le sait, ont aujourd’hui des auteurs de BD accrochés à leurs basques. Ceux-ci en profiteraient pour faire du lobbying ? C’est souhaitable.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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France Marché de la BD : Faits & chiffres
 
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92 Messages :
  • Une limitation de la durée de cession des œuvres afin de pouvoir renégocier régulièrement les contrats

    Ca c’est négociable, on peut facilement obtenir une durée de 10 ans, encore faut-il le demander. Beaucoup de points sont négociables.

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    • Répondu par aussi le 12 février 2022 à  17:46 :

      De toutes façons, aujourd’hui le plus souvent les droits ne sont plus exploités 10 ans après, ce qui fait que les auteurs récupèrent leurs droits de fait.

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    • Répondu le 12 février 2022 à  18:03 :

      Cher auteur en action,
      Avez-vous déjà obtenu une durée de 10 ans maximum pour une œuvre ?

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      • Répondu par Auteur en action le 12 février 2022 à  18:17 :

        Oui, renouvelable si accord.

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        • Répondu le 12 février 2022 à  19:52 :

          Et les 10 ans sont passées et avez-vous signé chez un poids lourd de l’édition ou une petite structure ?

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          • Répondu le 13 février 2022 à  11:31 :

            Et tout dépend aussi de la nature de l’œuvre. Certaines œuvres sont plus ou moins intemporelles, d’autres sont liées à une mode ou l’actualité. Pensez-vous que le ou les livres concerné(s) par cette clause de 10 ans pourra encore intéresser de nombreux lecteurs au-delà de ces 10 années ?

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            • Répondu par Auteur en action le 13 février 2022 à  12:58 :

              Si on ne fait que des one-shots il y a peu de chance, sauf à devenir une star.

              Répondre à ce message

          • Répondu par Auteur en action le 13 février 2022 à  12:56 :

            Je n’ai pas encore le recul pour ça, mais ça m’étonnerait fort.

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            • Répondu le 13 février 2022 à  13:33 :

              C’est la limite de la « BD du réel ». Les sujets sont périssables. C’est de la presse reformatée en livres et vendue au prix fort. Le succès de ce début d’année, le livre de Janvovici et Blain, n’aura plus aucune pertinence dans deux ans. Sans parler des Bd anti-Macron que publient ces jours-ci Delcourt et Mediapart.

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  • Bravo pour cet article bien construit et synthétique !

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    • Répondu par Duc de Saint-Piastre le 12 février 2022 à  18:02 :

      "Ils sont dans une situation semblable à bon nombre de créateurs : peintres, écrivains, musiciens, photographes, plasticiens, dramaturges… pour la plupart des autoentrepreneurs dont la moyenne des revenus est en France, selon l’INSEE, de… 600 euros par mois"
      C’est bien ce que disait l’auteur l’autre jour. Il gagne 500 euros par mois en faisant de la BD à plein temps. Et personne ne voulait le croire…

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      • Répondu le 12 février 2022 à  18:15 :

        C’est une comparaison, les auteurs ne sont pas autoentrepreneurs.

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        • Répondu le 12 février 2022 à  19:01 :

          Ils sont professions libérales, ce qui ne leur garantit pas de plus hauts revenus… la preuve !

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          • Répondu le 13 février 2022 à  12:59 :

            Artiste/auteur n’est pas une profession libérale.

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            • Répondu le 14 février 2022 à  09:40 :

              Ben si. On paye nos cotisations à l’URSSAF. On est une profession libérale. Quoi d’autre selon vous ?

              Répondre à ce message

              • Répondu le 14 février 2022 à  13:00 :

                Ben non. C’est ça qui est tordu.Suffit pas de cotiser à l’URSSAF pour être une profession libérale.

                Les auteurs n’ont pas un vrai statut professionnel. C’est d’ailleurs ce qu’ils demandent depuis des années.
                Le statut d’auteur est seulement défini par le code de la propriété intellectuelle. Le droit d’auteur est un droit de propriété pas un droit du travail. Par exemple, vous pouvez être avocat (profession libérale) et à la fois auteur (droit d’auteur). Auteur n’est pas vraiment un métier, c’est un état de fait : vous publiez un texte, un livre… vous êtes auteur de quelque chose. C’est ce que vous publiez qui vous détermine comme auteur, pas l’inverse. Vous n’avez pas d’abord un diplôme d’auteur, puis vous ouvrez un cabinet pour exercer votre profession. Vous êtes auteur parce qu’un éditeur ou un producteur vous publient.

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                • Répondu le 14 février 2022 à  14:45 :

                  Je suis d’accord. Auteur est donc bien davantage encore une activité libérale que celle d’un médecin ou d’un dentiste. Avoir un métier ne se traduit pas systématiquement par un décompte d’heures de travail effectuées. Les artisans et les commerçants non plus ne sont pas payés au temps de travail effectué, pas plus que les agriculteurs. Les auteurs peuvent légitimement militer pour obtenir un autre statut plus avantageux, mais pour l’instant leur statut est celui-là : ils sont assimilés profession libérale et cotisent à l’URSSAF. Un bon moyen de faire pression serait peut-être de cesser de payer les cotisations, d’ailleurs, ça pourrait mobiliser davantage les pouvoirs publics qu’un boycott d’Angouleme. Quant à vouloir créer un vrai métier avec formation diplômante, statut légal etc ça se résumerait à créer un art « officiel », ça me semble inimaginable.

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                  • Répondu par Auteur en action le 14 février 2022 à  21:11 :

                    cotisent à l’URSSAF. Un bon moyen de faire pression serait peut-être de cesser de payer les cotisations,

                    Les artistes/auteurs ne sont redevables à l’URSSAF que depuis 2019, c’est récent, et la plupart des auteurs sont précomptés, c’est-à-dire que ce sont les diffuseurs (dont éditeurs) qui versent les côtisations sociales à l’URSSAF, pas eux, donc pas moyen de faire l’impasse dessus.

                    (avant 2019 c’était l’Agessa ou la Maison des artistes qui s’en occupaient)

                    Répondre à ce message

                    • Répondu le 14 février 2022 à  22:57 :

                      Ça ne changeait rien. On est passé à l’Urssaf sans modification du taux de cotisation. Donc on avait déjà ce statut. Et le précompte ne représente qu’une faible portion du total.

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                  • Répondu par Milles Sabords le 15 février 2022 à  06:09 :

                    L’art "officiel" existe déjà. Lorsque vous avez les honneurs des meilleurs galeristes, ceux qui comptent le plus aux yeux des gouvernants, vous y êtes déjà. Ce sont souvent les mêmes artistes que l’on met en avant de musés en expos.

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                    • Répondu le 15 février 2022 à  08:46 :

                      Non l’art officiel n’existe pas. Les galeries ou les éditeurs qui mettent en avant toujours les mêmes artistes, comme vous dites, le font pour la rentabilité ou le profit, pas sur injonction des pouvoirs publics. Il existe un élitisme et un star-system comme dans toute discipline mais l’Etat n’en est pas à l’origine. Par contre il est souvent suiveur.

                      Répondre à ce message

                  • Répondu le 15 février 2022 à  06:30 :

                    Même si l’activité d’auteur est par essence libérale, ils ne sont assimilés profession libérale. Et vous en pouvez pas ne pas payer les cotisations sociales demandées. Il y a votre opinion, l’idée que vous vous faites des choses et la réalité, celle des textes de lois, du code de la propriété intellectuelle, du code du travail, du code de la sécurité sociale. Lisez les textes et vous verrez qu’auteur n’est pas une profession.

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                    • Répondu le 15 février 2022 à  08:51 :

                      C’est vous qui confondez profession et salariat. Auteur est un statut assimilé aux professions libérales. L’auteur déclare des BNC comme les autres professions libérales.

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                      • Répondu le 15 février 2022 à  11:01 :

                        Je ne confonds pas profession avec salariat. Ni "droit d’auteur" avec "honoraires".
                        Que ça vous plaise ou non. Auteur n’est pas catégorisé "profession libérale". Et BNC ne concerne pas SEULEMENT les professions libérales.
                        Renseignez-vous avant de partager vos a priori !

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                        • Répondu le 15 février 2022 à  12:35 :

                          Je n’ai jamais dit que les BNC ne concernaient que les professions libérales. Je suis artiste-auteur depuis 35 ans donc ce ne sont pas des a-prioris. Voici ce que me communique à l’instant mon comptable : « Le seul véritable statut professionnel des auteurs est leur « régime » de sécurité sociale. Il leur permet actuellement d’être affiliés par l’intermédiaire de l’URSSAF et par dérogation au régime général (Sécurité sociale, retraite) » « Les bénéfices non commerciaux (BNC) sont une catégorie d’impôt sur le revenu, applicable aux personnes qui exercent une activité professionnelle non commerciale, à titre individuel ou comme associés. ... Aucune distinction n’est faite entre le bénéfice de l’entreprise individuelle et la rémunération du professionnel. » « Le terme de profession libérale englobe l’ensemble des professions qui sont exercées par une personne, individuellement, sous sa responsabilité personnelle. Elles bénéficient de statuts et d’un régime d’impôt particulier. » C’est plus clair comme ça ?

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                          • Répondu le 15 février 2022 à  15:50 :

                            LE STATUT DE L’AUTEUR N’EST PAS "PROFESSION LIBÉRALE" MAIS "ARTISTE-AUTEUR" !!!
                            C’est quand même pas compliqué à comprendre.
                            Si un créateur ne répond pas aux conditions requises pour bénéficier du régime "artiste-auteur", il peut s’inscrire à l’URSSAF en tant que profession libérale mais ça ne veut pas dire que "artiste-auteur" est catégorisé "profession libérale". Selon son cas, un auteur peut s’inscrire à la chambre de métiers et de l’artisanat en tant qu’entreprise artisanale.
                            Un auteur devrait déclarer ses droits en BNC MAIS certains préfèrent les déclarer en traitement et salaire. Ce qui est une absurdité et rend le statut de l’auteur encore plus flou.

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                            • Répondu par Auteur le 15 février 2022 à  17:01 :

                              Ce n’est pas du tout une absurdité et c’est bien plus simple d’être précompté et de déclarer en traitement et salaire.

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                              • Répondu le 15 février 2022 à  20:26 :

                                Simpliste, oui.
                                Plus simple, non parce que ça crée des confusions. Ce qui arrangé l’État qui en veut rien régler de la situation bancale des auteurs.
                                UNE seule manière de déclarer ses droits d’auteur, une seule case à cocher : "Artiste-auteur", ce serait simple parce que ce serait a reconnaissance d’un statut spécifique.

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                    • Répondu le 15 février 2022 à  09:11 :

                      Les auteurs ont le même statut social et fiscal que les artistes-peintres, les photographes indépendants etc. Vous pouvez considérer que ce n’est pas un vrai métier, qu’être free-lance ne fait pas de vous un professionnel etc mais c’est seulement votre avis personnel.

                      Répondre à ce message

                      • Répondu le 15 février 2022 à  12:41 :

                        Les auteurs de BD et illustrateurs indépendants sont rattachés au même régime que les peintres, graphistes et photographes free-lance depuis les lois Madelin. Ce sont des indépendants soumis au même régime que les professions libérales, mais avec un taux de cotisation plus avantageux que celui des médecins, avocats, notaires etc. Ils sont assimilés professions libérales mais ils payent moins de charges.

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                        • Répondu le 22 février 2022 à  11:39 :

                          Ils sont assimilés mais pas profession libérale. Le taux de cotisation n’est pas plus avantageux puisqu’à l’arrivée, il protège moins et retraite au rabais. Si vous voulez vraiment parler économie, il faut tout mettre à plat et tout comparer point par point. Comparer ce qui est vraiment comparable.

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                          • Répondu le 23 février 2022 à  21:48 :

                            C’est fatiguant de rabâcher les mêmes choses. Je n’ai jamais dit que les auteurs étaient professions libérales mais seulement assimilés. Notamment fiscalement. Bien entendu que les rémunérations et les retraites des auteurs n’ont rien à voir avec celles des médecins ou des notaires, sauf à être un auteur à très grand succès. Mais un auteur qui démarrerait sa carrière avec un taux de cotisations sociales identique à celui d’un médecin n’aurait aucune chance de s’en sortir.

                            Répondre à ce message

                          • Répondu le 23 février 2022 à  21:52 :

                            Il protège moins, ça ne veut rien dire. Si vous payez vos cotisations sociales, vous bénéficiez de la même couverture sociale que tout le monde et vous étes protégé comme tout le monde. Après, bien entendu, j’imagine qu’un médecin a généralement les moyens de se payer une meilleure mutuelle qu’un auteur de Bd.

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                            • Répondu le 24 février 2022 à  16:20 :

                              Pas facile pour un auteur d’être indemnisé pour un arrêt maladie. Pas les mêmes droits.

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                              • Répondu le 25 février 2022 à  11:02 :

                                Ah ça c’est vrai. Il faut faire beaucoup de paperasserie pour récupérer pas grand chose.

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        • Répondu le 12 février 2022 à  20:00 :

          Je ne comprends pas trop le problème des auteurs. Rien ne les oblige à se lancer dans ce métier qui n’en est visiblement pas un, étant donné qu’ils se font largement exploiter. Pourtant ils sont de plus en plus nombreux à vouloir l’exercer alors même que leurs revenus baissent constamment. Cherchez l’erreur..

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      • Répondu par Auteur en action le 12 février 2022 à  18:32 :

        Il gagne 500 euros par mois en faisant de la BD à plein temps. Et personne ne voulait le croire…

        Il avait fini par avouer avoir une autre source de revenu quand même.

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        • Répondu par kyle william le 13 février 2022 à  10:30 :

          Lol. Je n’ai pas « avoué ». Je ne m’en cache pas du tout. Sans ces 500 euros de loyer mensuel, je ne pourrai pas me permettre de gagner si peu dans la BD. Et même en additionnant les deux, je reste bien en dessous du Smic. C’est assez rigolo de passer pour un privilégié en gagnant si peu ! Mes parents m’ont aidé à mes débuts dans la vie mais moi je n’aurai pas les moyens de le faire pour mon fils. Je ne regrette pas d’avoir témoigné mais j’ai bien fait de le faire anonymement. C’est très mal vu d avoir l’air de se plaindre. D’ailleurs je ne me plains pas, j adore dessiner, et je préfère ça à mon métier précédent dans la pub. Mais j’étais mieux payé dans la pub, c’est sans comparaison possible.

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          • Répondu le 13 février 2022 à  10:47 :

            Cherchez l’erreur ? Si tant de jeunes gens aujourd’hui veulent être artistes, auteurs ou musiciens ou comédiens alors que objectivement ils sont assurés de très mal en vivre, c’est parce que la France reste un paradis culturel comparé au reste du monde, avec un secteur privé culturel très vaste et fructueux (même si inéquitable) et un gros paquet de subventions par ailleurs. C’est surtout parce que le modèle de l’entreprise et du lien de subordination à un employeur ne fait plus rêver personne, et que pour autant tout le monde n’a pas vocation à devenir start-uper. Les métiers artistiques sont gratifiants sur un plan personnel, ça reste un rêve d’avoir son nom sur la couverture d’un livre ou sur une affiche de concert. Cette gloire là est clairement mal rémunérée mais elle continue à susciter des vocations.

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          • Répondu par Je me demande le 13 février 2022 à  12:55 :

            Avez-vous reçu la prime énergie de 100€ kyle william ?

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            • Répondu par kyle william le 13 février 2022 à  15:20 :

              Je n’ai rien perçu pour l’instant. Il y a deux ans, j’ai refusé de dessiner un roman graphique chez un gros éditeur car le montant de l’avance était vraiment trop faible. L’éditeur m’a dit que pour être mieux payé sur ce livre, je pouvais demander de l’aide au CNL. Mais je ne comprends pas que le CNL participe au financement de livres de gros éditeurs qui ne paient pas assez. Je suis peut-être naïf mais il y a un truc qui m’échappe là.

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              • Répondu le 14 février 2022 à  13:03 :

                Oui je vous confirme que vous êtes naïf. Et ça explique sans doute une partie de vos difficultés. Ma psy me disait toujours « méfiez-vous de votre désir de pureté ».

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              • Répondu par Milles Sabords le 14 février 2022 à  14:00 :

                C’est tout simplement mercantile. Comment un éditeur, qui en plus a les moyens, peut pousser son auteur à la dépense publique ? Les aides du CNL sont prioritairement octroyer pour le financement de livre sans éditeur ou pour des structures très petites, voir, associatives. Votre gros éditeur dégage des bénéfices, il n’a donc pas à faire amortir le financement de ses livres par nos impôts.

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                • Répondu le 14 février 2022 à  14:47 :

                  Ben y en a tous les ans des bouquins de gros éditeurs ci-financés par le CNL.

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                • Répondu le 14 février 2022 à  14:48 :

                  Co-financés.

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                • Répondu par Auteur le 14 février 2022 à  18:19 :

                  Surtout que les aides du CNL ne sont pas automatiques, c’est très difficile à obtenir, moi on me les a toutes refusé, et il faut publier un nouveau bouquin pour pouvoir faire une nouvelle demande, c’est très laborieux.

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                  • Répondu le 15 février 2022 à  09:23 :

                    J’ai du mal à croire à cette histoire de bouquins de gros éditeurs privés co-financés avec l’argent public du CNL. Vous avez des exemples à nous donner ? Ou un journaliste d’Actua BD pourrait-il le confirmer ?

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                    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 février 2022 à  10:47 :

                      En 2020 (derniers chiffres disponibles) aucun "grand" éditeur (Dargaud, Dupuis, Le Lombard, Glénat, Bamboo...) n’a reçu une aide du CNL. Vérifiez par vous-même :

                      https://centrenationaldulivre.fr/donnees-cles/rapport-d-activite-2020

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                      • Répondu le 16 février 2022 à  08:46 :

                        Ici : https://centrenationaldulivre.fr/donnees-cles/bilan-des-aides-2020
                        Puis page 108.
                        Aides du CNL à Jean Dytar (édité chez Delcourt), Edouard Cour (Glénat), Christophe Dabitch (Futuropolis)... Y’a aussi Casterman, Dargaud, Actes Sud, etc, etc... Ce sont des aides aux auteurs, mais qui permettent aux éditeurs de payer moins, au final. On parle de 700 000€ rien qu’en 2020.
                        Il y a de nombreuses aides à la résidence, aux maisons d’éditions indépendantes, à la traduction... Et certaines vont, directement ou non, chez de gros éditeurs. Les aides à la diffusion de bd dans d’autres langues (p208, aide à la parution en allemand et danois de titres de Riad Sattouf, ou aide à Delcourt pour la parution en suédois des carnets de cerise)

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                    • Répondu le 15 février 2022 à  10:48 :

                      Le CNL ne co-finance pas le privé. Le CNL octroie des aides aux auteurs et aux éditeurs. Les conditions sont là :

                      https://centrenationaldulivre.fr/aides

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                      • Répondu le 15 février 2022 à  13:17 :

                        Y compris à des éditeurs privés bien sûr que si. Mais je pense que le CNL évite de subventionner des auteurs signés chez de grosses maisons qui ont les moyens.

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                        • Répondu le 15 février 2022 à  20:28 :

                          Vous pensez ce que vous voulez… mais le lien vers les bilans que vous indique Didier Pasamonik n’est pas fictif.

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                          • Répondu le 16 février 2022 à  08:18 :

                            En effet et ces bilans confirment ce que je dis. Les petits éditeurs indépendants soutenus par le CNL font bien partie du secteur privé.

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                            • Répondu le 20 février 2022 à  12:24 :

                              A la lecture du bilan du CNL, il peut sembler en effet choquant d’apprendre que des bourses sont accordées à des auteurs pour les aider à réaliser des albums signés chez de gros éditeurs privés. Cela semble signifier que des fonds publics sont dépensés pour permettre à des entreprises privées de moins bien payer les personnes qui travaillent pour elles. Mais il y a en effet une forme de naïveté à découvrir cette réalité. Car elle est très courante : dans beaucoup de secteurs, pas seulement culturels, l’Etat subventionne des entreprises privés, notamment en permettant des augmentation de rémunérations pour leurs employés. Encore cette année, dans le cadre du Ségur de la Santé, le gouvernement a procédé à des augmentations de rémunération de personnels soignants employés dans des Ehpad privés à but lucratif, (dont une enquête journalistique a récemment démontré les insuffisances et les mauvais traitement à l’égard des personnes qui y résident). De façon générale, il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont l’argent public est dépensé. Contrairement à ce que voudrait croire la doxa des ultra-libéraux, l’Etat vient couramment à la rescousse du secteur privé, pas seulement lors des graves crises, et sans pour autant obtenir des entreprises autre chose que la promesse de comportements vertueux…

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                              • Répondu le 20 février 2022 à  14:08 :

                                Oui, les Ehpad privés, qui gagnent beaucoup d’argent et sont côtés en bourse, sont également en partie financés par l’État via les Agences régionales de santé. C’est aussi ce qui permet d’ailleurs à l’Etat d’exercer un minimum de contrôle sur ce qui se passe dans ces établissements. Plus généralement, certains ici semblent découvrir ce qu’on appelle l’économie mixte. Certains auteurs de BD semblent rechigner à se faire aider par l’Etat pour financer leurs albums, arguant que leurs éditeurs seuls devraient mieux les payer. C’est un beau principe, mais pas très réaliste. Les cinéastes par exemple sont plus pragmatiques : un film coûte cher et pour le monter, il faut parfois accepter de l’argent d’où qu’il vienne. Le dernier film de Stéphane Brizé, par exemple, clairement un brûlot "de gauche", très réussi par ailleurs, est financé en partie par des fonds publics (Etat, Région…) et par des entreprises privées… dont le groupe Bolloré. Le même groupe Bolloré qui est aussi bien capable de participer activement à l’éclosion d’un Zemmour que de publier un livre anti-Zemmour en co-édition avec Mourad Boudjellal. Pragmatisme là encore. De la même façon, l’Etat verse tous les ans de considérables aides à la presse, quand bien même les journaux appartiennent pour la plupart à des milliardaires…

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                              • Répondu par Auteur en action le 20 février 2022 à  15:26 :

                                « il peut sembler en effet choquant d’apprendre que des bourses sont accordées à des auteurs pour les aider à réaliser des albums signés chez de gros éditeurs privés »

                                Les bourses sont accordées sur un projet d’écriture qui, dans la majorité des cas, n’a pas encore trouvé d’éditeur, et qui parfois n’en trouvera pas. Donc, pas de corrélation.

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                                • Répondu le 20 février 2022 à  17:03 :

                                  Dans la majorité des cas, mais pas toujours. Le CNL aide à la création. De fait il subventionne des projets qui sortent ensuite chez des éditeurs qui parfois ont largement les moyens de vivre sans subvention. Mais comme le rappelait l’intervenant plus haut, des tas d’individus, entreprises, évènements ou projets déjà "à l’aise" perçoivent des subventions. La question de la façon dont ont redistribue nos impôts est délicate. Bien sûr qu’il y a des anomalies ou des trop-perçus. C’est bientôt les élections, si vous votez pour certains candidats, vous pouvez être certains que la part d’argent public destinée à la culture sera encore drastiquement réduite. C’est le moment de lire les programmes.

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                                  • Répondu le 21 février 2022 à  07:28 :

                                    Les programmes sont rarement appliqués et les promesses rarement tenues. Le choix du ministre de la Culture influe aussi sur les orientations. Des rapports sont commandés pou mettre le doigt sur les problèmes, ça parle, ça discute mais ces problèmes ne sont jamais réglés. Au contraire, ils empirent. L’URSSAF des artistes-auteurs devait leur simplifier la vie et régler les manquements de l’AGESSA. Résultat, c’est pire.

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  • On ne peut pas être artiste ET fonctionnaire : il faut choisir ! d’ailleurs il y a maintenant une couverture sociale pour les artistes de BD (heureusement) ; et puis n’oublions pas que les droits d’auteur sont des revenus nets : il n’est pas correct de comparer leur montant avec celui des éditeurs, des producteurs, des distributeurs, etc., qui ne sont que des marges brutes !

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    • Répondu par Joseph Béhé le 14 février 2022 à  14:27 :

      Les droits d’auteur ne sont PAS des revenus net.
      mil faut en effet soustraire les cotisations sociales, les frais d’atelier (location, chauffage électrique internet, matériels…) il faut soustraire 33% au minimum…

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      • Répondu le 15 février 2022 à  06:46 :

        33% pas pour tout le monde. Tout dépend. Ça peut être plus ou moins. Si vous êtes en BNC, il ne faut pas non plus soustraire trop parce que votre cotisation retraite est calculée sur votre bénéfice. En fait, plus vous essayez de payer moins d’impôt et plus vous tirez votre cotisation retraite vers le bas.
        Déclarer ses droits d’auteur en "traitement et salaires" est une absurdité. C’est une erreur historique d’avoir obtenu ce droit parce qu’au lieu de clarifier le statut d’auteur, ça l’a embrouillé. La confusion qui arrange l’État est de confondre dans un même revenu le travail et la propriété alors que ce devrait être deux choses distinctes. Un revenu pour le travail à produire et le bénéfice du travail produit. Une avance correspond seulement au bénéfice estimé du travail produit mais l’état taxe cette avance comme un revenu du travail. C’est injuste. Si vous ne rendez pas un ouvrage, vous rendez votre avance à l’éditeur mais l’État en vous rembourse pas les cotisations versées.
        Pas claire cette affaire !
        Les revenus des auteurs sont tout sauf "nets" !

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    • Répondu par Auteur en action le 14 février 2022 à  21:17 :

      il y a maintenant une couverture sociale pour les artistes de BD

      Comment ça maintenant ? C’est ancien la sécurité sociale pour les artistes, La Maison des artistes (La MdA) date de 1952 et l’AGESSA (Association pour la gestion de la sécurité sociale des auteurs) de 1978.

      Et on peut parfaitement être artiste et fonctionnaire, ce sont deux statuts compatibles que partagent nombres de profs de musique, d’arts plastiques, de français.

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      • Répondu le 16 février 2022 à  07:49 :

        Tout le monde semble découvrir le problème, mais le statut d’auteur à toujours été une marge d’ajustement. La lente mais inéluctable dégradation des relations auteurs(trices)-éditeurs avait déjà commencé vers 2003, lorsque les premières stagnations sur les ventes sont apparues. On ne parle pas assez souvent d’un autre phénomène, le non respect par les éditeurs de certaines clauses des contrats d’édition, avec l’excuse des impondérables liés au bon fonctionnement d’une entreprise. Nos syndicats nous défendent mal, ou pas du tout, et les éditeurs profitent de la situation car ils savent qu’un auteur n’a pas les moyens soit de se payer un avocat, soit de s’engager dans une longue procédure. Faire un procès à son éditeur, même à raison, vous pénalise, plus personne ne veut vous signer. D’années en années, mon prix de planche descend, au point que je vais arrêter le métier. Il y a trop de coups à prendre pour une rentabilité ridicule.

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        • Répondu par Auteur en action le 16 février 2022 à  12:34 :

          D’années en années, mon prix de planche descend,

          C’est à vous de ne pas l’accepter, négociez et si ça ne vous convient pas, ne signez pas ce contrat. Il ne faut pas vous plaindre, si vous même vous ne vous respectez pas comment voulez-vous que l’éditeur vous respecte ?

          Et il n’y a toujours pas de syndicat professionnel des artistes/auteurs reconnu comme tel par les autorités, c’est un point important que soulevait le rapport Racine, honteusement enterré par le ministère de la culture.

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          • Répondu le 16 février 2022 à  19:13 :

            Soyez un peu sérieux, vous savez très bien que ça ne marche plus comme ça depuis très longtemps. Même ceux qui sont connus ou qui vendent pas trop mal, se plaignent de cette baisse du prix de planche. Si vous refusez les prix que vous imposent les éditeurs, il n’y a pas de contrat, et comme il y a dix personnes qui attendent derrière la porte et qui sont prêtes à tous les sacrifices pour signer, vous êtes fini. Je ne sais pas sur quel planète vous vivez, mais pas sur la mienne en tout cas.

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            • Répondu par Auteur en action le 20 février 2022 à  22:59 :

              Je ne sais pas sur quel planète vous vivez

              Sur une planète où planète est du féminin.
              Il faut mieux ne pas signer le contrat que travailler à contre-coeur et en s’appauvrissant. Si votre projet de livre vaut le coup, vous trouverez un éditeur, et plus vous obtiendrez plus l’éditeur s’appliquera à vendre votre livre, c’est ainsi. Ca fonctionne toujours ainsi, mais certains, comme vous, tirent une balle dans le pied de la profession entière en se faisant tondre la laine sur le dos. Sans auteurs pas de livres.

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              • Répondu le 21 février 2022 à  07:25 :

                Les éditeurs s’en fichent que votre projet vaut le coup ou non. Ils ont des tonnes de propositions et toute l’immensité du net pour trouver de la matière à publier. Ils n’ont que l’embarras du choix. Par conséquent, si vous négociez quoi que ce soit, c’est foutu, pas de contrat. J’ai eu la chance de travailler sur différents albums et dans des styles très variés. Lorsque je faisais du franco-belge, le prix de planche devenait dérisoire pour la qualité d’exécution demandée. Maintenant que je fais du roman-graphique, le forfait accordé pour un 200 pages couleur frôle l’arnaque, et les éditeurs me répondent : "si vous n’en voulez pas, il y a plein de petits jeunes qui seront content de ce que l’on propose". Il faut légiférer pour de meilleures conditions financières et ne pas prendre en otage les auteurs, entre perdre un contrat ou "bosser à l’oeil". La matière grise ça se paie. Donc, les conseils "faut négocier", votre attitude "tire une balle dans le pied" de la profession, c’est sur une autre planète. Faut arrêter d’être mou face aux éditeurs, qui ne comprennent que le rapport de force. C’est pour ça que je quitte le métier, qui n’en est plus un depuis longtemps.

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                • Répondu par Kyle William le 21 février 2022 à  09:41 :

                  Pour renégocier son prix de page à la hausse, il faut avoir eu un minimum de succès avec l’album précédent. Sinon, en effet, les éditeurs s’en fichent complètement. C’est un rapport de force dans une économie de marché. Même si vous êtes un auteur de génie, si vous ne vendez pas beaucoup, vous ne pesez rien. Ni commercialement, ni artistiquement puisque même dans ce domaine, le critère d’évaluation devient le seul succès commercial. On est beaucoup maintenant à s’être fixé un tarif à la planche en dessous duquel on refusera de descendre. Pour ne pas "casser" le métier, mais surtout parce que ce n’est tout simplement pas possible de réaliser un bon livre dans ces conditions. Une fois que les éditeurs nous proposeront de descendre en dessous de ce seuil, et c’est déjà le cas pour certains, on quittera le métier en effet. Et ça ne fera pas grand bruit…

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                • Répondu par Auteur en action le 21 février 2022 à  12:39 :

                  Faut arrêter d’être mou face aux éditeurs

                  En acceptant ces conditions, c’est vous qui êtes mou. Le rapport de force existe, les éditeurs ont besoin d’auteurs, c’est à vous d’être à la hauteur et de respecter votre travail. Le travail artistique a une valeur financière, les éditeurs le savent mais les auteurs en doutent j’ai l’impression. Faites vous respecter et on vous respectera.

                  (on peut tout obtenir par la négociation, c’est un bras de fer)

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                  • Répondu le 21 février 2022 à  15:44 :

                    "On peut tout obtenir par la négociation". Ben non, le principe même d’une négociation, c’est de céder du terrain afin d’obtenir que l’adversaire en cède aussi. Encore faut-il avoir des arguments. Si le tome 1 de votre série a perdu de l’argent, et le le tome 2 encore plus, il n’y a rien à négocier, vous prenez la porte et puis c’est tout.

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                  • Répondu le 21 février 2022 à  15:46 :

                    Les éditeurs ont besoin d’auteurs ? Mais il y en a à la pelle des auteurs ! On est déjà beaucoup trop. Et les éditeurs en trouvent toujours des plus jeunes prêts à travailler pour moins cher. Vous parlez de rapport de force, mais le rapport de force est clairement en faveur des éditeurs. Pour l’instant, car comme toute bulle, celle de la surproduction finira par éclater.

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                    • Répondu le 21 février 2022 à  16:51 :

                      Les éditeurs ont besoin d’auteurs ? Mais il y en a à la pelle des auteurs !

                      Des bons auteurs il n’y en a pas à la pelle, le problème c’est peut-être que vous n’êtes pas assez bon pour intéresser les éditeurs. Si les auteurs étaient interchangeables pourquoi les éditeurs débauchent-ils ceux de leurs concurrents ? Il y a plein de bons auteurs qui obtiennent de bonnes conditions.

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                      • Répondu le 21 février 2022 à  18:01 :

                        C’est toujours une histoire de chiffres de ventes, car il y a aussi des auteurs mauvais qui intéresse les éditeurs parce qu’ils sont visibles dans les médias, ou qu’ils ont une grosse communauté web et des followers en pagaille. Être "bon" ou "pas bon" n’a plus de sens dans un marché devenu avide de rentabilité à très court terme.

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                      • Répondu le 21 février 2022 à  19:44 :

                        Je suis d’accord avec vous sur ce point. De bons auteurs il y en a très peu. J’en connais personnellement un ou deux et qui vivent dans une certaine précarité, pour le moins. Dans le contexte de production telle que la pratique les éditeurs aujourd’hui, il ne s’agit pas de trouver de bons auteurs, mais des auteurs rapides et peu gourmands. Vous pensez qu’on publierait 5000 bd par an si on ne faisait travailler que les bons auteurs ?

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                      • Répondu le 21 février 2022 à  20:24 :

                        Si on suit le raisonnement de certains, un bon auteur c’est quelqu’un qui vend beaucoup d’albums…

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                        • Répondu le 22 février 2022 à  07:59 :

                          Le problème n’est pas bon ou mauvais auteur. C’est le temps décide de ce qui reste. Un livre peut avoir énormément de succès à sa sortie parce qu’il correspond à l’actualité, à des idées à la mode mais ne plus intéresser personne dix ans plus tard. En revanche, un livre peut avoir peu de succès à sa sortie mais se vendre encore plus de dix ans plus tard. Le problème, ce sont ces livres qui sont bâclés ou inachevés parce qu’ils n’ont pas été correctement accompagnés par les éditeurs et qui encombrent le marché seulement pour nourrir la machine à cash qui est la politique des retours.
                          Sérieusement, il y a des maisons d’édition qui publient tellement d’ouvrages que les directeurs littéraires ne peuvent pas travailler sainement. Cela porte préjudice aux ouvrages donc à leurs auteurs.
                          Si j’ai un conseil à vous donner, choisissez un éditeur qui a les reins solides mais qui publie peu. Et si cet éditeur ne veut pas de votre projet. Changez d’activité ou attendez que la situation s’améliore. Ça ne sert à rien de publier pour publier. Pire, ça détruit le marché et ne fait le bonheur que des "publieurs" cyniques qui ne sont là que pour l’argent.

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                        • Répondu le 22 février 2022 à  08:27 :

                          Bien sûr que quelqu’un qui vend très bien est considéré comme un "bon auteur" et ça n’a rien à voir avec la technique ou le talent. Vous semblez découvrir que les éditeurs sont des entreprises comme les autres et que nous sommes dans un système capitaliste...

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                          • Répondu le 22 février 2022 à  11:33 :

                            C’est parce qu’on est dans un système capitaliste que les auteurs doivent s’organiser et se défendre, collectivement ou individuellement pour être considérés et payés comme des professionnels et non plus comme une variable d’ajustement. Pour ça, il faut commencer par sortir de la naïveté.

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                            • Répondu le 22 février 2022 à  13:15 :

                              S’organiser autour d’un leader qui tirera les couvertures à lui comme dans Animal Farm.
                              Bien sûr que c’est un système capitaliste. Mais ce n’est pas les auteurs les uns avec les autres comme à l’usine mais des indépendants en concurrence. Sortez aussi de votre naïveté ! La solidarité entre auteurs, entre personnes autocentrés avec des égos surdimensionnés, je n’y crois pas une seule seconde.

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                            • Répondu le 22 février 2022 à  13:39 :

                              Pour "sortir de la naïveté", il faut aussi des moyens administratifs et juridiques efficaces. S’il n’y a pas de volonté politique pour équilibrer le rapport de force entre le lobbie de l’édition et les gens qui lui fournissent la matière première, il n’y aura pas d’avancées durables et constructives dans la BD.

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                              • Répondu le 22 février 2022 à  17:04 :

                                Y aura pas d’avancées politiques. Les auteurs de Bd sont trop nombreux pour tous en vivre, mais pas assez nombreux pour peser. On ne fait pas des lois pour 5000 personnes. Il faudrait commencer par faire une jonction avec les autres auteurs : les romanciers, les auteurs jeunesse, toutes les professions de l’écrit. Il faudrait déjà se parler pour peser collectivement.

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                                • Répondu par Auteur en action le 22 février 2022 à  17:49 :

                                  Il faudrait commencer par faire une jonction avec les autres auteurs : les romanciers, les auteurs jeunesse, toutes les professions de l’écrit. Il faudrait déjà se parler pour peser collectivement.

                                  Si vous vous intéressiez au sujet, vous sauriez que c’est déjà le cas.

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                                  • Répondu le 22 février 2022 à  18:09 :

                                    Ben non justement y’a aucune action en commun. Le AAA ne rassemble que des auteurs et autrices de BD.

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                                    • Répondu par Auteur en action le 22 février 2022 à  23:12 :

                                      Je vous parle de la Ligue des Auteurs Professionnels.

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                                      • Répondu le 24 février 2022 à  13:59 :

                                        Très bien. Elle a fait sa fusion avec le SNAC BD. Mais on attend toujours celle avec le AAA. Il faut se rassembler pour peser !

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                        • Répondu par Xav le 22 février 2022 à  13:08 :

                          Non un bon auteur n’est pas quelqu’un qui vend beaucoup d’albums, c’est quelqu’un qui fait de bons albums. Il y a beaucoup de bons auteurs qui continuent d’être publiés régulièrement sans être de gros vendeurs (M A Mathieu, Andreas, De Thuin, Bézian, Dodier...)

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                          • Répondu le 22 février 2022 à  18:12 :

                            Ces gens-là ne sont pas tous de gros vendeurs mais pas des tout petits non plus, et certains d’entre eux ont de plus en plus de mal à publier.

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                          • Répondu le 22 février 2022 à  18:14 :

                            Vous citez des auteurs qui sont dans le métier depuis la fin des années 80, début 90, des époques révolues ou tout était encore possible. Des auteurs installés, avec un lectorat fidèle. Depuis, on est passé à plus de 5000 titres par an et des ventes qui peinent à dépasser les 3000 exemplaires par titres. On est dans l’époque du jetable, on vend ou on dégage !

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                            • Répondu le 23 février 2022 à  07:33 :

                              Tous les éditeurs n’ont pas la même attitude non plus. Il y en a qui publient beaucoup trop de titres mais pas tous. De la même manière qu’il y a des auteurs qui publient beaucoup trop livres bâclés mais pas tous. Il faut nuancer. Ce n’est pas d’un côté les méchants éditeurs et de l’autre, les gentils auteurs. C’est un peu plus compliqué, un peu moins manichéen.

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                              • Répondu le 23 février 2022 à  13:59 :

                                On ne parle pas de cas particuliers mais de généralités, et dans l’ensemble, ce sont les éditeurs qui sont le plus à blâmer de la situation actuelle. Ce sont eux les maîtres du jeu.

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                                • Répondu le 23 février 2022 à  21:59 :

                                  Exact. Je pense qu’il faut en finir avec les éditeurs. On peut se passer d’eux. Le temps des grands découvreurs de talent est révolu. Les temps des éditeurs qui faisaient vraiment de l’édition aussi. Ce ne sont plus que des publieurs. Ce n’est pas la même chose. On peut se passer d’eux. Et on va le faire.

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                                  • Répondu le 24 février 2022 à  15:04 :

                                    Je pense au contraire que plus qu’auparavant, un auteur a besoin de construire avec un éditeur. Mais cela veut aussi de repenser leur relation.

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PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
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