Le fautif, c’est Joub. Après avoir vanté les mérites du Festival du livre de Maripasoula, en Guyane, il entraîne derrière lui dix confrères pour un voyage au long du fleuve Maroni, qui fait office de frontière avec le Suriname voisin. Aidés de leur précieuse guide, éducatrice à l’environnement, les dessinateurs partent à la rencontre des enfants dans les écoles, font halte dans les villages, découvrent les paysages... Mais aussi la vie au quotidien dans toute sa dureté.
L’exercice n’a rien d’inédit, mais ce recueil bénéficie d’une construction habile : les épisodes oscillent entre documentaire précis et tranches de vie pleines d’autodérision, et des séquences muettes viennent régulièrement aérer le propos. En passant, l’album propose des portraits de personnalités marquantes croisées durant le périple.
Maroni vient nous rappeler qu’un territoire français se niche à côté du Brésil, avec sa part de forêt amazonienne, ses langues diverses et ses croisements de population. L’évocation des violences, notamment chez les orpailleurs, et l’importance de la prostitution (côté Suriname) pondèrent la beauté des paysages. Certaines séquences éblouissent, quand d’autres émeuvent ou attristent. Un récit de voyage sincère et rempli de couleurs détrempées.
(par David TAUGIS)
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Maroni, les gens du fleuve - Collectif avec la collaboration de : Olivier Copin, Jean-Luc Cornette, Étienne Davodeau, Joub, Emmanuel Lepage, Thierry Martin, Aude Mermilliod, Nicoby, Éric Sagot, Terreur Graphique, Jean-Louis Tripp - Futuropolis