En suivant le destin de Mary Jane Kelly, une jeune veuve galloise ayant perdu son mari dans un accident minier puis venue à Londres où elle est prise en main par un réseau de prostitution, nous sommes dans un schéma narratif bien connu.
Sauf que, sauf que… Nous suivons ici le destin de la dernière victime de Jack l’éventreur et ceci est un point de vue inédit. « … si l’affaire me fascinait, raconte Frank Le Gall dans la postface, quelque chose me chiffonnait, dans toutes ces lectures, dans tous ces livres : on y faisait grand cas de Jack l’éventreur et de son identité ; j’irai jusqu’à dire qu’il y était l’objet d’un culte malsain, qu’il en était le héros. Mais les victimes ? Elles, leurs histoires étaient à peine mentionnées… »
Voilà l’angle du livre : raconter l’histoire d’une femme dans une Angleterre victorienne où la Révolution industrielle attire les campagnards dans les grandes métropoles où dans une hiérarchie sociale pesante et étriquée, une femme n’existe pas sans un homme. Son combat, parce que pauvre, parce que femme, est perdu d’avance.
Le propos, en dépit de sa noirceur, est enluminé par le beau dessin de Damien Cuvillier (Nuit noire sur Brest, Eldorado, Les Souliers rouges…) qui décrit avec justesse et émotion les décors sordides de Whitechapel à la fin du XIXe siècle.
Un voyage en enfer qui vaut le détour.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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