Entre une mère autoritaire et un père qu’elle adule, Marzi nous raconte son quotidien dans la Pologne des années 80 : les files d’attentes chez le boucher, la promiscuité dans un petit appartement, les jeux et les rivalités avec les copines, les vacances chez la grand-mère Jadzia…
Pour ce troisième album, Marzena Sowa et Sylvain Savoia maintient son principe narratif : une succession d’histoires courtes avec un gaufrier de six cases, la voix off de Marzi, un dessin illustratif avec peu de dialogues. Cette série autobiographique déborde de bons sentiments. L’auteure polonaise dévoile son enfance avec innocence et intimité pudique. Lorsque les histoires sont universelles (rivalité et jalousie entre enfants, relations familiales, cueillette des champignons…), elles restent somme toute classiques. Par contre, elles prennent une saveur toute particulière dès lors qu’elles intègrent une dimension "polonaise". La vitrine du bonheur (fête du 1er mai), Grève de nuit et Rezystor sont trois récits évoquant directement le régime de Jaruzelski. Du point de vue de l’enfant, elles offrent une relecture historique, sociologique et politique inattendue. Pas de jugement, juste le souvenir de l’instant présent. Une vision pertinente et instructive. A cet instant, Marzi s’immisce dans le documentaire. C’est là, la force de cette série.
(par Laurent Boileau)
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