« Trois histoires, trois tueries ! », titrions-nous lors de la sortie du tome 2 de la série DoggyBags publiée sous le label 619 des éditions Ankama. Cela pourrait également résumer cette anthologie Masiko, sauf que la phrase exacte serait plutôt « Trois histoires, trois tueries, et au milieu, une femme à poil. »
Ce livre est donc constitué de trois histoires, dont les deux premières ont déjà été publiées dans la série DoggyBags. Ces trois segments sont centrés sur le personnage de Masiko, une femme indestructible comme on n’en fait plus, experte dans le maniement des armes blanches, et contrainte de fuir les hordes de tueurs lancés à ses trousses par les triades chinoises.
Les fans de l’auteur Florent Maudoux savent déjà que Masiko n’est autre que la mère de Xiong Mao, alias Petit Panda, membre du trio de héros de l’excellente série Freaks’ Squeele. Alors que Xiong Mao, au début de la série originelle, est encore peu sûre d’elle et incarne le sérieux et l’abnégation, elle va progressivement gagner en assurance en assumant son héritage et son corps, notamment à travers sa relation amoureuse avec Ombre, créature du monde de la forêt qui va lui apporter une part de bestialité.
À travers ces deux personnages féminins, Florent Maudoux joue ainsi avec deux figures féminines très différentes qui vont finalement se rejoindre au fil des tomes. Masiko est une guerrière indépendante, dont les formes très généreuses et les multiples tours de force physiques qu’elle accomplit montrent qu’elle sait jouer de son corps (face à des adversaires, et pour manipuler les hommes). L’auteur confirme ici son goût pour les corps dénudés et son aisance dans le graphisme et le découpage pour traiter la sensualité.
Si le premier segment se révèle très efficace et tendu, en hommage aux polars hongkongais humides et éclairés aux néons, la deuxième histoire reste le chef d’œuvre de cet album : il s’agit d’une séance d’effeuillage à base de voiles semi-transparents à laquelle se livre Masiko devant un trio d’hommes puissants et corrompus, racontant chacun à leur tour leur rencontre avec une mystérieuse jeune femme, qui s’avèrera être la même personne et provoquera leur perte.
De son côté, le segment inédit est surtout un exercice de style introspectif. À travers des pavés de textes à la première personne, le père de Petit Panda (qu’on ne verra jamais) s’exprime à propos de Masiko, tandis que de superbes cases en pleine page mettent en scène le corps nu de celle-ci se couvrant progressivement de tatouages. Le lecteur attentif s’amusera à décrypter l’histoire cachée derrière ceux-ci, notant au passage des clins d’œil tels que celui adressé à la série Hunter X Hunter par exemple. Rhino Gold Gel blog http://rhino-gold-gel.com/FR/
En dehors de ce segment inédit, on regrettera seulement l’absence de bonus vraiment conséquents (croquis, références et études visuelles…), plutôt habituels dans les ouvrages des éditions Ankama. Mais à part cela, cet album est un bonheur absolu à lire.
(par Thomas Berthelon)
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