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Maxime Garbarini ("Saga") : « Si tout se passe bien, Saga se terminera définitivement dans six ans. »

Par Nicolas Depraeter le 1er octobre 2011                      Lien  
Rencontré lors de la Comic Con' de juillet dernier, Maxime Garbarini nous avait présenté son projet "Saga", récit de super-héros diffusé sur le Net dont l'histoire se déroulair en six saisons correspondant chacune à une époque particulière. Rencontre avec l'auteur d'un projet de qualité qui a su conquérir ses fans.

Concepteur, designer de jeux online, chargé de production chez Bronx agence (agence de communication visuelle) et auteur de comics, tu as décidé de te lancer dans l’aventure de l’auto-édition. Était-ce suite à des refus ou une volonté de garder la main mise sur le projet ?

Je n’ai pas essuyé de refus pour la simple et bonne raison que je ne suis allé chercher les éditeurs. Je souhaitais garder la main sur le processus de création et éviter ainsi d’être parfois censuré ou d’être obligé de procéder à des retouches. Je contrôle mon projet de A à Z, mais en gardant à l’esprit une ligne graphique qui m’évite de me disperser.

Tu dépose la marque Close Call Comics. Ton projet te permet de toucher le plus de lecteurs sur le Net, à moindre coût, en offrant un produit gratuit. Penses-tu qu’il est aujourd’hui impossible pour un auteur débutant de se lancer sans le Net ?

Pas du tout. Mais n’ayant pas de contact, j’ai préféré me lancer tout seul plutôt qu’attendre que l’on me repère. C’est ce que m’avait conseillé CB Sebulski, un chercheur de talent pour Marvel rencontré à Paris. J’avais envie de me faire ma propre expérience et de développer mes propres idées. Bien sûr, à l’avenir, je suis partant pour participer à quelque chose, mais je préfère arriver avec un produit déjà connu, ayant son succès.

Tes personnages ont été développés (histoires, caractéristiques) après ta rencontre avec Olivier Robert, il y a plus de dix ans. Qu’est devenu “Saga” pendant tout ce temps ?

J’ai commencé à travailler mes personnage il y a longtemps : ils vivraient dans les années 1970 et 80 car c’est la période ou j’ai découvert les comics, c’est une sorte d’hommage, ensuite l’histoire avancerait dans le temps. Pendant dix ans, j’ai mis ce projet de côté pour me concentrer sur ma vie personnelle, pour travailler sur Premier Bébé (Hachette pratique NDLR) la première bande dessinée que j’ai illustrée. Le projet Saga est réapparu il y a deux ans. J’ai décidé de revenir dessus pour ne pas avoir le regret de n’être jamais allé au bout de ce travail. J’ai alors consulté Olivier qui m’a également aidé à créer de nouveaux personnages.

Maxime Garbarini ("Saga") : « Si tout se passe bien, Saga se terminera définitivement dans six ans. »
La première saison comporte déjà une pléthore de personnages
© Close Call Comics

Une équipe actuelle de huit personnes, un artiste Marvel qui participera prochainement au projet suite a une rencontre au Lille Comics Festival... que t’apporte un travail collectif par rapport au schéma classique scénariste-dessinateur ?

L’idée est de ne pas attendre de trouver une personne en particulier pour commencer, et travailler à plusieurs permet de diminuer la peur du retard que je pourrais prendre en étant seul. En revanche j’ai effectué le lancement en solitaire (pour le design du site, la coloration, les dessins, le scénario) puis des personnes m’ont rejointes : Une collègue fan de BD et de jeux vidéo a réalisé le logo. Julien, qui a repris la coloration, a été recruté via Facebook après une rencontre en festival. Loz, qui vit aux États-Unis, m’a contacté pour la relecture anglaise et le travail des expressions après avoir découvert mon travail sur des personnages Marvel redessinés. Francois sera illustrateur sur la seconde saison, le changement graphique sera justifié par l’utilisation de personnages et d’ambiances différentes. Enfin Olivier est là depuis le début pour m’aider.

Avec un rythme de parution sur le net d’une page par semaine et une histoire multipliant les protagonistes, impossible de ne pas faire le lien avec "les autres gens". Aujourd’hui plébiscité pour son originalité, la série est éditée chez Dupuis à raison d’un tome regroupant un mois complet de parution. La finalité de saga est-elle l’édition papier ou restera t-elle complétement gratuite et uniquement sur le web ?

J’ai envie de proposer le recueil de chaque saison (entre 50 et 64 pages) sur papier car tout le monde ne lit pas sur le Net. Il y aurait du contenu exclusif : des crayonnés, des études de personnages, des détails sur la conception de l’histoire..., ce qui serait un plus pour les fans connaissant déjà l’histoire. Si tout se passe bien, Saga se terminera définitivement dans six ans.

On découvre ici les 6 époques qui formeront le récit complet de Saga
© Close Call Comics

Avec une seule page par semaine, on pense à des comic strips ayant un début et une fin par page. Or ici l’histoire se déroule en continu. N’y a t-il pas un risque de ne pas réussir à accrocher et/ou fidéliser des lecteurs désireux d’avoir plus de contenu ?

Pour le moment nous avons des lecteurs assez fidèles, 1000 visites par mois environ mais la fréquentation est variable selon le contenu. Je ne puis toujours tenir exactement le rythme de parution en raison de ma vie personnelle, mais les fans sont compréhensifs car ils savent que le contenu est gratuit et perçoivent vraiment que c’est une BD sur le Net et non un blog BD. En plus, je fournis un calendrier de l’avent lors des fêtes ! Nous ne tenons pas compte des chiffres pour ne pas déprimer, par exemple certains attendent un mois de parution avant de découvrir l’histoire afin d’éviter la frustration d’une seule page par semaine, mais nous voulons tenir le rythme et ne pas prendre de retard. Nous apportons toujours de nouvelles idées, comme le tag par personnage qui permet de ne lire qu’une seule histoire, des nouvelles qui développeront les personnages, des publications de Fan-Arts. On écoute nos lecteurs : si un perso plait beaucoup et provoque de fortes réactions, on sait que ça peut faire plaisir aux fans de le faire réapparaitre sans que cela change grandement l’histoire.

Le récit de Saga parle des destins croisés de plusieurs personnes de différentes origines et sur différentes époques, sur la thématique des super-pouvoirs. Pourquoi être sorti du cadre habituel d’un scénario se déroulant aux États-Unis pour traiter de ce sujet ?

La base du récit est l’Europe de la Seconde Guerre mondiale, dans des villes fictives ou non. Je trouve qu’il est mieux de commencer ailleurs qu’aux États-Unis, où se déroulera la suite de l’intrigue pour avoir une histoire plus poignante et plus tragique de cette époque. L’idée ne vient pas de la série "Les Sentinelles", on pense à des histoires qu’on a lu étant gamin : Captain America, Liberty Belle... mais mes persos ne sont pas là pour gagner la guerre. Ils ne vont pas influer sur son déroulement mais veulent juste y survivre. Le thème change avec les différentes saisons (arme atomique, racisme) mais le déroulement restera linéaire sur les époques, avec des histoires parallèles. J’ai en tête un spin-off mais je souhaite tout concentrer dans le même univers. Quel que soit le déroulement du récit je souhaite garder quatre règles : Pas de voyage dans le temps, pas de magie, pas d’extra-terrestre, ni de résurrection. Les personnages ne mourront pas tous de vieillesse mais par pur plaisir ou par nécessité de les faire mourir. Le principe est de toujours avancer, il y a une idée de passage de relais et je place des indices, des pièces du puzzle qui reviendront par la suite sur le devant de la scène.

L’action se passe dans de nombreux lieux de l’Europe
© Close Call Comics

Pour conclure, peut tu nous donner un mot inédit sur l’avenir proche de Saga ?

Un des ennemis principaux de la saison 1 est déjà apparu dans l’une des 28 planches sur 50 que comptera la première saison. Le trouver ne sera pas forcément évident car j’aime jouer avec les attentes, glisser des fausses pistes pour surprendre le lecteur

(par Nicolas Depraeter)

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