Un loser, ce Jack "Meadowlark" Johnson. Qu’il s’agisse de son boulot de gardien de prison ou sa situation de père séparé, rien de bien folichon. Alors forcément, Jack magouille un peu, et se fait des ennemis. Et le jour du grand règlement de compte, il doit accueillir son fils Cooper au boulot, le gamin s’étant fait virer de l’école. Commence une course-poursuite dans la campagne du Texas, durant laquelle père et fils vont devoir coopérer pour espérer s’en sortir.
Épais one-shot emballé en road movie sanglant, Meadowlark réunit le dessinateur Greg Ruth et rien moins que Ethan Hawke, acteur et réalisateur américain, qui signe son premier scénario de comic book (me semble-t-il).
Le récit, assez classique au départ, avec ses seconds rôles taillés au cutter et ses dialogues tranchants comme des couteaux de boucher, dérive assez vite vers un rituel de transmission entre père et fils. Soudés face à l’adversité, apprivoisant la violence et la peur, Jack et Cooper apprennent à se connaître entre deux affrontements, et le fiston trouvera au bout du chemin sa propre voie, une forme d’apaisement dans la douleur, et un apprentissage vers la liberté.
Construit avec maestria en planches qui dépassent rarement les trois cases, Meadowlark s’appuie sur un rythme infatigable, et sur le dessin virtuose de Ruth, fort de ses cadrages magistraux. Rigoureux dans sa forme, efficace dans l’action, l’album parvient à se démarquer grâce à ce duo père-fils sur la corde raide. De quoi s’extirper des clichés comics pour toucher les amateurs de romans graphiques.
Traduit de l’anglais par Jim Browsky
(par David TAUGIS)
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Meadowlark. Par Ethan Hawke (scénario) et Greg Ruth (dessin). Éditions Robinson. Sortie le 25 août 2021. 19 x 25 cm. 256 pages couleur. 22 €.
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