En voilà un beau dessin noir & blanc : Lu Ming, l’auteur de Mélodie d’enfer, modèle les visages de ses personnages comme un sculpteur, leur donnant une vie et une énergie remarquable. On se situe ici du côté d’un classicisme associé à une narration nerveuse et à un concept qui devrait plaire aux amateurs de musique bien grattée comme aux fans de fantastique - si ce ne sont pas les mêmes.
L’amoralité la plus totale occupe ce premier tome : si les suicidés sont censés rester dans la « Prairie du Paradis » en attendant de connaître leur destination finale ou, mieux, de voir tirer leur numéro de réincarnation (qui se monnaie cher, apparemment), ils ne semblent avoir aucune difficulté à revenir sur Terre, aussi néfastes soient leurs desseins. Vouloir pousser un musicien au suicide pour qu’il acccompagne leurs riffs éternels n’est pas très joli, il faut l’avouer.
La noirceur est donc de règle, que ce soit au dessin ou dans le propos. Pourtant, une certaine joie de vivre règne, peut-être grâce à l’humour qui n’est jamais loin. Les déboires des trois compères en quête du dernier mousquetaire ne manquent pas de sel, il faut l’avouer.
À déguster donc en compagnie d’un bon album de rock qui déchire les oreilles.
(par François Peneaud)
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