Le genre a beau frôler l’embouteillage, l’autobiographie d’auteurs et autrices de BD a encore de beaux jours devant elle. Pour Nicoby, le quotidien balance entre vie familiale foisonnante et travail. Toujours des projets en tête, des rencontres en pagaille, des rêves d’ado (comme créer un Tif et Tondu inédit), des salons, et autour de ce tourbillon social, beaucoup d’admiration qui parfois débouchent sur un échange dans le monde réel.
Si cet album choisit un rythme de saisons, le contenu restitue essentiellement un quotidien d’auteur, en l’occurrence ni très connu ni très riche, mais qui travaille beaucoup. On retient surtout du récit l’humilité de Nicoby, et des épisodes qui donnent un joyeux tonus à l’ensemble : la rencontre avec Patrice Leconte, le déjeuner avec Gotlib et sa "petite" pizza qui rappelle tant un insecte symbolique... L’équilibre avec les moments intimes -sa femme est très présente, avec son bon sens et son recul- est d’autant plus assuré que les couleurs (avec Philippe Ory à la rescousse) permettent de changer d’ambiance avec une sobriété de bon aloi. Vient alors l’épisode final, consacré à la mère de Nicoby, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Poignante et drôle à la fois, nimbée de tendresse impuissante, la narration apporte alors une touche dramatique qui remet tout en perspective.
Dans cet ensemble graphique où les passions de l’auteur soignent tous les maux ou presque, on se promène avec plaisir, avec de jolis détours : quelques pages de nus en attente d’expo, des dessins de vieilles voitures, des photos de famille redessinées. On pourrait presque dire après les dernières pages : enchanté, bon courage et bonne continuation, comme à un créateur qui viendrait de vous ouvrir son carton à dessins.
(par David TAUGIS)
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