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Métal Hurlant : la machine se remet à rêver !

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 8 juin 2023                      Lien  
En janvier 1975, au Festival d’Angoulême et dans les kiosques, la bande dessinée mondiale s’apprêtait à vivre une révolution. Lancé par un trio de créateurs issus du magazine « Pilote » créé 16 ans auparavant : Moebius, Druillet et Jean-Pierre Dionnet, le trimestriel Métal Hurlant constitua un événement qui sidéra le monde entier. Alliant deux « mauvais genre », la bande dessinée et la science-fiction, elle ouvrait pour le 9e art un champ des possibles, une forme de contre-culture.

Si cette initiative d’auteurs signait, sans que l’on en ait encore conscience, l’acte de décès d’une certaine « bande dessinée de papa », celle de ces grands illustrés pour la jeunesse héritière des feuilletons du XIXe siècle (« Spirou », « Tintin », « Pilote »…), elle initiait en revanche l’entrée de la bande dessinée dans le monde de l’art et affichait une proximité quasiment fusionnelle avec le cinéma (et plus tard le jeu vidéo) qui annonçait la BD d’aujourd’hui. Cette révolution eut des répliques aux USA (Heavy Metal), en Allemagne (Schweer Metal), en Italie, en Espagne, et une influence de la Pologne à la Turquie, du Brésil au Japon.

« Révolution » est d’abord un terme d’astronomie, il désigne un mouvement orbital qui fait revenir un corps céleste à un même point. Est-il possible que la mythique revue des années 1970-80 puisse revenir de nos jours ? C’était le pari de Vincent Bernière qui relançait en avril 2921 « la machine à rêver » . Un an plus tard, les Humanoïdes Associés reprenaient la main et nommaient un Belge de Los Angeles, Jerry Frissen, comme rédacteur en chef.

Métal Hurlant : la machine se remet à rêver !
"Marguerite" de Neyef

Le programme ? Alterner un numéro « vintage » avec les grands classiques du journal avec un numéro entièrement constitué de créations nouvelles signées des nouveaux talents de la bande dessinée internationale.

"Bas les masques" de Julien Lambert

Dans le dernier numéro paru ces jours-ci, plus de 270 pages bien tassées, l’éclectisme est de rigueur : Derf Backderf, Jim Bishop, Corbeyran Julien Lambert, Neyef croisent Elene Usdin ou Chantal Montellier, avec comme sujet les monstres.

"Innocence artificielle" de Otto Madddox (sc.) et Antoine Dodé (Des.)

Et vous savez quoi ? Il y a comme une révolution : bien que différent du magazine d’origine, il se passe quelque chose. On retrouve cette magie électrique faite d’audace et de créativité, des sujets un peu branques, des expérimentations et des associations graphiques surprenantes. Les concepteurs étoffent le rédactionnel avec le retour du « Mange-Livres » signé ici Lloyd Chery qui va devenir le Rédac chef adjoint dès le prochain numéro.

Du coup, on oublie l’alternance et on ne garde plus que la nouveauté avec, de temps à autre, quelques pages iconiques venues d’hier. L’ensemble est bluffant et l’on se prend à se dire que Métal, LE Métal… est en train de retrouver l’éclat d’avant l’éclipse. La machine s’est remise à rêver.

"Aube métallique" de Jake Thomas (sc.) et Jorg De Vos (des.)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782731658439

Couverture de Métal Hurlant 7 : Stéphane Levallois

Métal Hurlant Les Humanoïdes Associés à partir de 13 ans France
 
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2 Messages :
  • Métal Hurlant : ils ont passé la seconde
    29 juin 2023 11:34, par JIPEA

    Je trouve que c’est le meilleur des nouveaux MH. Il commence à y avoir l’esprit d’un mag, j’ai bien apprécié les petits articles. Manque des strips, des crobards qui traînent, bref, ce qui fait un mag et pas un catalogue de pages à la queue-leu-leu. On trouve de bonnes histoires, des styles intéressants, et aussi des histoires qui se terminent dans le plus pur style Métal "ah, bon c’est ça la fin ?, ok...".
    Personnellement ça commence à frémir sur l’aspect "vivant", ce que j’avais cru comprendre en discutant un peu avec eux à Angoulême...
    Tenez bon la barre ! (de métal of course, j’ai pas dit de pool dance non plus...)
    ( Je ne compare pas avec les numéros "historiques" que je n’achète pas.)

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  • De l’Or qui enchante !
    30 juin 2023 05:39, par Mercuryal

    Métal Hurlant à été, le temps qu’il a existé, le meilleur magazine de BD de la planète et sans aucun doute de la galaxie, s’il on en croit les échos qui nous reviennent de certaines régions très eloignees, très ignorées. Avec les meilleurs graphistes connus, avec les talents qui s’y sont épanouis, chaque livrée était une gourmandise indicible qu’on courait acheter toutes affaires cessante, c’était presque trop ! Même son contenu éditorial et ses chroniques et ses critiques en faisait, avec le magazine Actuel de JD Bizot, ce qu’on pouvait lire de mieux à l’époque.
    La nouvelle mouture m’a parue guindée, le ton un peu froid, loin de l’anthousiasme électrique et débridé de la "grande époque", mais je trouve aujourd’hui que le nouvel MH commence à trouver un ton, à ajuster la distance... C’est une jeune production , qui va grandir. Longue vie à Métal, et je me dépêche d’en informer les créatures étranges, fuyantes mais attentives qui attendait son retour dans le tumulte muet des nébuleuses lointaines, elle seront ravies !

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