2134 : les humains, dans de nombreux pays démocratiques, ont placé les I.A. (Intelligences Artificielles) au pouvoir pour qu’elles assurent la survie de l’humanité qui s’estime incapable de solutionner les problèmes écologiques, démographiques, sociaux… Une partie de l’humanité refuse ce choix de gestion globale numérique et se réfugie dans des zones dites analogiques où les I.A. n’ont pas de pouvoir d’ingérence…
La première surprise est scénaristique. Depuis 12 ans, Fred Duval écrit de la science-fiction cyberpunk basée sur une prospective à court terme, les années 2050. Pour cette nouvelle série, le scénariste fait un petit saut temporel (les années 2130) et change ses habitudes d’écriture en créant plusieurs personnages autour d’un sujet principal (les I.A.) au lieu d’un héros et d’une quête. Le récit s’articule comme un roman, par chapitres axés à chaque fois sur un des personnages. Le monde et ses enjeux est alors présentés par différents points de vue, les I.A. faisant le lien entre les personnages. Duval délaisse les scènes d’action au profit d’une tension s’exerçant sur chaque personnage. Il décrit une société totalitaire tombée "volontairement" sous le joug de la dictature la plus insidieuse qui, à terme, pourrait devenir une menace pour la survie de l’espèce humaine. La réduction des libertés individuelles ne s’est pas faite en un jour mais par accumulation de petites mesures "pour le bien de tous"…
La deuxième surprise est graphique. Il n’est pas habituel dans les séries signées Duval d’y retrouver un dessin aussi influencé par le manga. Philippe Okagi (Les Guerriers du silence chez Delcourt) a travaillé dans le cinéma en tant que story-boarder et designer puis dans le dessin animé. Le dessinateur aime manifestement la mécanique car il nous gratifie d’une multitude d’engins, de robots et de décors.
Série B s’enrichit donc d’une nouvelle série au sujet fort référentiel. Le Règne digital incite à s’embarquer dans l’aventure.
(par Laurent Boileau)
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