Mike Carey présente Hellblazer T2 - Par Mike Carey - Marcelo Frusin & Collectif - Urban Comics

On le surnomme "Le Chien des enfers" ou Kua l’Ipa, ou encore la bête qu’Adam n’a jamais nommée. Cette créature a franchi l’Éden, il y a une éternité, et tente d’avilir le monde à son image. Afin de contrecarrer la bête démoniaque, Constantine réunit les meilleurs magiciens en sciences occultes, l’enjeu étant la fin du monde. Clarice Sackville, Nathan Arcane, Donatus Chalice de l’ordre fermé des Alexins, Alba, tous conviés par le maître de cérémonie, afin de conjurer les desseins machiavéliques du Chien des enfers.

À l’extérieur, parmi le monde des humains, le chaos règne. Certains se mutilent et se suicident, d’autres s’en prennent directement à leur pasteur, le tuant sur sa croix. Des épidémies, des catastrophes sans égal, des gens pris de folie, un divertissement plaisant pour la chose rescapée de l’Éden. Mais le Chien de l’enfer n’en est qu’au second stade, il n’a franchi que la seconde porte : il utilise la première porte pour pénétrer le monde des vivants, la seconde pour posséder les individus et la dernière pour dominer l’inconscient collectif de la race humaine, pour nous anéantir...

Cette seconde brique de plus de 400 pages se compose de plusieurs récits toutefois reliés et interconnectés entre eux. ("Droit dans mur" - "Salle 24" - "Chemin de Croix"...) Chaque passage scénaristique se déroule dans une ville distincte, et il est porté par le trait d’un dessinateur différent. Comme pour le premier tome, Mike Carey soigne son univers, le détaille en permanence par une foule d’informations étonnantes : protagonistes éclectiques et raffinés, ambiance survoltée évoluant sur différentes époques, majoritairement contemporaine mais également revenant sur des moments phares historiques, ainsi que véhiculée par une orientation religieuse, d’après le chapitre de la Révélation de la Bible, mêlée aux sciences occultes. En toute honnêteté, ce scénario captivant n’a point à rougir en comparaison avec les meilleures séries US sur les sciences occultes. Non seulement Mike Carey captive son public par une touche personnalisée, mais complète en outre son œuvre par un humour noir relativement efficace. Des anecdotes totalement géniales sont placées aux moments où l’on s’y attend le moins.

Pour ce qui est de la partie graphique, nous retiendrons entre autres le travail de Marcelo Frusin, déjà à l’œuvre sur l’Expédition et les X-Men. Ici, son trait est orienté dans un tout autre registre. Plus sombre, davantage porteur de mélancolie, en fusion totale avec une trame dépressive. Quant à Leonardo Manco, tout en évoluant vers le même résultat graphique que Marcelo Frusin, force est de constater son incroyable maîtrise visuelle. Il permet à la pénombre de s’éclairer et aux scènes de jour de s’assombrir. Qui plus est, rien n’est laissé au hasard, chaque détail présent est à sa place.

Pour couronner le tout, la palette de couleurs utilisée par Lee Loughidge rayonne par ses nuances rougeâtres et verdâtres et apporte un véritable plus à l’intrigue.

Glacial, macabre et réussi. Voici ce qu’est ce second tome d’Hellblazer. En attendant la suite, qui risque encore de nous en mettre plein les yeux !

©Marcelo Frusin / Urban Comics